Levaseux02 a écrit:ghozze a écrit:fafa a écrit:Salut à toi aussi.
Effectivement, comme notre passion est essentiellement subjective et qu'une série de mesure (type 0-100km/h) n'aurait pas grand intérêt, les journalistes devraient se recentrer sur autre chose.
Une revue hifi qui ne proposerait que des abaques de mesures en tous genres serait une revue complètement SUBJECTIVE, car la finalité de la hifi ne consiste pas à lire des mesures, mais à écouter de la musique ou autres sons... C'est donc l'écoute qui est OBJECTIVE, pas les mesures... Comparer à l'écoute toujours les mêmes enregistrements à partir de toujours les mêmes critères (séparation de timbres proches, par ex.) est très significatif et par-là même rigoureux...
Les meilleures revues hifi ne sont pas des revues hifi proprement dites, mais musicales : le Monde la musique, Diapason, etc., et lorsqu'on parcourt les forums d'audio(idio)philie, on s'aperçoit très vite que ces revues, parce qu'elles vont droit au but — l'écoute — sont très... écoutées, et qu'elles donnent le ton, si j'ose dire...
C'est très bien ainsi...
Bonjour,
Pour avoir réalisé durant cinq années les mesures pour PAV et HiFi Vidéo (je suis Philippe Daussin), ainsi que de nombreuses écoutes, je voudrais signaler que CE SONT LES MESURES QUI SONT OBJECTIVES, puisque, comme ce qualificatif l'indique, elles sont liées à l'OBJET, en l'occurrence, le matériel.
Quant aux impressions d’écoute, elles sont bien SUBJECTIVES, puisqu’elles dépendent de la personne (le SUJET), mais aussi de l’ensemble de la chaîne de restitution et de la pièce où se pratique l'écoute, sans oublier la qualité technique et artistique de la "galette" que l’on a mis dans le lecteur de CD. Tous ces éléments (y compris l’auditeur) sont donc autant de variables dont les multiples combinaisons risquent de conduire à autant d’impressions auditives différentes.
Bien entendu, les mesures ne peuvent expliquer le rendu musical d'un élément HiFi, mais au moins, personne ne peut les contester. La puissance efficace d'un amplificateur, et pas une donnée fantaisiste genre 2 x 200 Watts musicaux ou PPO, faite selon les règles sur charge de 8 ohms ou de 4 ohms dans un laboratoire est une réalité physique, tout comme la courbe de réponse d'une enceinte relevée avec un logiciel de mesures acoustiques, comme WINCLIO que nous utilisions.
En revanche, tout un chacun est susceptible d'aimer ou pas le rendu sonore de tel ou tel élément, et c’est là qu’on entre dans le débat (et souvent, la chamaillerie) des "goûts et des couleurs".
Il est cependant incontestable que de se fixer une rigueur dans la procédure d’écoute est primordial, plus encore quand on fait du journalisme et que l'on cherche à rendre compte le plus objectivement possible de ses impressions.
Pour notre part, nous avions, à PAV, notre "chaîne de référence", installée dans notre auditorium dont l’acoustique nous était habituelle et dont seul l’élément à tester était changé. Et comme nous écoutions des CD que nous connaissions très bien (dont les CD de test de PAV), tout changement dans les impressions sonores détectées par nos oreilles était forcément du fait de l’élément qui avait été changé.
Mais on ne saurait cependant nier que l’individu lui-même n’entend pas forcément toujours de la même manière (il suffit d’avoir un bon rhume qui bouche les oreilles ou tout simplement d’avoir mal dormi pour être moins réceptif !).
Par ailleurs, nous nous sommes souvent demandé, avec Pierre Stemmelin, comment nous aurions pu faire évoluer nos protocoles de mesures audio afin de voir si celles-ci pouvaient expliquer le comportement "sonore" des appareils, si tant est que cela soit possible.
Nos connaissances techniques étant ce qu’elles sont (pas des nullos mais pas des super stars, sinon nous aurions été au labo de recherche d’un grand constructeur à gagner beaucoup plus que dans la presse et, accessoirement, à moins nous faire tirer dessus sur les forums !) et notre temps étant à partager entre toutes nos activités de "journalisme", nous n’avons jamais pu concrétiser cette envie d’essayer de corréler mesures et écoute, mais, je le répète, est-ce possible ?
Que dirait-on d'une revue d'appareils ménagers qui fournirait quantité de renseignements électriques et électroniques sur un lave-linge, sans jamais parler de ses performances de lavage ?
Que les mesures électriques d'un appareil hifi soient objectives dans leur protocole n'implique pas que ces mêmes mesures renseignent objectivement en situation sur la qualité sonore (et non plus seulement électrique) de cet appareil : sa finalité, rappelons-le. Au reste, vous le précisez : « Bien entendu, les mesures ne peuvent expliquer le rendu musical d'un élément HiFi, mais au moins, personne ne peut les contester »... Ces mesures toutes incontestables et objectives qu'elles soient (et elles le sont) se prêtent donc, par leurs insuffisances, à moult interprétations subjectives dès lors qu'on les ramène à l'objet (finalité) de tout appareil hifi : la reproduction d'un enregistrement de musique le plus fidèlement possible...
Une revue dite de hifi qui ne fournirait que des renseignements électriques (mesures les plus sophistiquées à l'appui) sur un appareil hifi serait une revue dont l'objet serait l'électricité (ou l'électronique), et non pas la hifi. L'électronique est effectivement ce à quoi se cantonnaient les revues hifi autrefois (Hifi-Stéréo, par ex.). Rien de plus et très insuffisant.
L'écoute est donc le seul moyen plus ou moins objectif à la disposition de tout être humain pour juger d'un matériel justement destiné à être écouté (et pas seulement mesuré). L'écoute s'appuyant sur un protocole rigoureux afin de la rendre la moins subjective possible, ce que vous précisez ici : « Il est cependant incontestable que de se fixer une rigueur dans la procédure d’écoute est primordial, plus encore quand on fait du journalisme et que l'on cherche à rendre compte le plus objectivement possible de ses impressions. »...
Pour autant, utiliser un protocole d'écoute le plus rigoureux, donc le plus objectif possible (ou le moins subjectif possible), c'est justement chercher à se dégager autant que possible de ses propres « goûts » — ou conditionnements esthétiques et symboliques... sans jamais y parvenir complètement car c'est tout bonnement impossible, et même pas souhaitable : une oreille étant paradoxalement d'autant plus « performante » qu'elle est « cultivée » (savante et... subjective)...
Je vous cite encore : « nous n’avons jamais pu concrétiser cette envie d’essayer de corréler mesures et écoute, mais, je le répète, est-ce possible ? »... Je ne saurais dire si c'est possible ou non dans l'état actuel des techniques de mesures. Par contre, je pense que l'écoute « savante » (« objective ») à partir d'un protocole rigoureux est suffisamment opératoire en l'espèce...