rachma67 a écrit:haskil a écrit:rachma67 a écrit:haskil a écrit:
Attention néanmoins à cette fameuse D 960 de Schubert par Richter. C'est une interprétation très particulière qui ose un tempo lentissime dans le premier mouvement, certes malgré Molto moderato (de mémoire), mais néanmoins considéré comme vraiment trop lent. Certes Richter habite cette lenteur, mais c'est une interprétation qui peut vraiment dérouter, voire être rejetée totalement, particulièrement pour une premlère approche de l'oeuvre, voire de la musique de Schubert, comme cela semble être ton cas.
Certes. Le terme "attention" me semble ceci dit un peu inapproprié, en tout cas trop fort. L'interprétation de Richter est sans esbrouffe ni épate, et tellement inspirée...Doit-on s'interdire de conseiller de tels moments d'émotion sous prétexte qu'ils dérogeraient à une certaine orthodoxie ( je te cite : "interprétation très particulière", "néanmoins considéré comme...", etc) ? Si on suivait cette logique, il nous faudrait alors aussi éviter de conseiller Glenn Gould à une personne désireuse de découvrir l'oeuvre pour clavier de Bach.
A titre tout à fait personnel, j'aime bcp Brendel dans Schubert: je trouve que c'est bien senti, admirablement interprété, etc. Rien à redire en fait.
Mais quand j'écoute Richter jouer Schubert, je n'analyse plus, je pars en voyage...
Je pense au contraire que le mot attention est approprié pour une interpretation aussi différente de toutes les autres dans le premier mouvement.
Je pense que quand on est le seul artiste au monde à adopter un tempo dans un mouvement de sonate (alors qu´il prend des tempos identiques a ceux de ses confreres dans les autres), il n´est pas certain qu´ai raison... contre les autres.
Et l´orthoxie n´est pas le fruit vert de l´académisme). A aucun moment, je ne dis que Richter n´est pas inspiré, qu´il se livre à de l´esbrouffe ou veut èpater. Je dis en quoi son interpretation est particuliere et presente un visage de l´oeuvre qu´il est seul à presenter parmi des dizaines et des dizaines d´interpretation de cette sonate.
Tu parles de logique. Il n´y en a pas. Chaque oeuvre est un cas. D´ailleurs Richter n´a pas eu d´option aussi radicales dans ses autres interpretations des sonates de Schubert qu´il a enregistreées. Par exemple Reliquie (Philips enregistree a Dresde avec Le Voyage d´Hiver et Schreier), op. 120, D. 958, etc. etc.
Ainsi Gould : Partitas, Suites anglaises, Goldberg : ok. Clavier bien tempéré et Inventions et sinfonies, nettement moins.
A signaler que l´enregistrement de Fredicol est absolument remarquable ! C´est une mqgnifique version... tres bien enregistree en plus
Alain
PS. J´apprecie enormement la 960 de Richter, mais peut etre moins aujourd´hui qu´il y a 30 ans ou j´en etais toque.
Tu me sembles être trop fin mélomane (sans malice de ma part, ta culture musicale est vraiment impressionnante) pour te lancer dans des débats - par essence aporétiques - sur le fait de savoir qui a raison ou tort en matière de production artistique... Ma remarque ne vaut pas en général ("il existe un bon et un mauvais goût et on discute des goûts avec fondement" disait en substance La Bruyère), mais pour notre cas précis où il s'agit d'évoquer des interprétations exceptionnelles, des pianistes extra--ordinaires.
Sinon, concernant ton PS, je suis encore dans une période de ma vie où j'en suis toqué, donc j'en profite encore un peu
Je répondais en l'occurence à ton propos sur l'orthodoxie tel que je l'ai compris.... il me parait aussi contestable que l'idée selon laquelle le savoir limiterait les capacités d'improvisation ou d'invention d'un musicien qui ne sait pas lire la musique... l'orthodoxie n'est pas un défaut, n'est pas un manque. Le rejet de cette orthodoxie n'est pas un plus. L'originalité n'est pas un plus.
Il s'agit bien, pour un mélomane débutant à qui l'on conseille une interprétation d'une oeuvre de lui conseiller une interprétation qui soit le plus conforme possible à ce que cette oeuvre représente dans la conscience des musiciens qui l'enregistrent depuis la fin des années 1920 en l'occurence. Et dans ce champs là d'Arrau à Serkin, en passant par Schnabel, Erdmann, Kempff, Haskil, Brendel, Badura-Skoda, Lewis, Pollini, Perahia, Cassard et tant d'autres encore, il y a matière à trouver interprétations très dissemblables, mais conformes à l'idée que musiciens et mélomanes se font de cette sonate depuis bien longtemps.
Quel est donc le visage de la sonate D 960, en l'occurence de son premier mouvement ? Celui que lui donnent une quarantaine de pianistes, plus ou moins inspirés et convaincants mais adoptant une allure, un tempo qui fait que ce mouvement avance de telle façon qu'on ne soit pas surpris comme quand on l'écoute joué par Richter qui le joue beaucoup, mais alors beaucoup, plus lentement au point que l'oeuvre prend un visage très différent ?
Il ne s'agit pas tant de dire qui a raison ou pas, encore qu'à certains égards on le pourrait... tout en admirant, aimant à la folie cette erreur, mais qui peut par le particularisme qu'il introduit, seul au monde ou quasi (un Suisse a fait un peu la même chose en moins bien!), dans sa lecture d'un mouvement d'une sonate de Schubert, faire prendre SA si bémol de Schubert pour LA si bémol de Schubert aux oreilles de quelqu'un qui l'entendrait pour la première fois et ne connaîtrait que cela.
Il se peut parfaitement que Schubert revenant sur terre dise : RIchter est le seul qui m'ait compris et qu'il dise que tous les autres se sont trompés... Mais outre le fait qu'il faudra que Schubert se demande pourquoi il a été mal compris par tous les autres et seulement compris par Richter, il lui faudra alors faire un sacré travail pour convaincre les pianistes de prendre le tempo de Richter dans ce premier mouvement.
Alain