maikol a écrit: Je n'ai pas dit que le montage n'existait pas avant le CD! Mais dans une mesure très largement moindre!
Non pas moindre du tout. J'ai vu de mes yeux vus des bandes bourrées de collants. Et pas qu'un peu.
Et il existe une interview du tout début des années 1960... ou Grumiaux dit que la technique tue la musique et il cite le cas d'un pianiste qui aurait enregistré des études de Chopin mains séparées et qu'on aurait ensuite recopiées les deux prises... et de violonistes qui trichent... début des années 1960 et il en existe des dizaines comme ça. Et même avant dans le temps. (l'histoire de l'interprétation est ma spécialité professionnelle...).
En europe cela me semble ne concerner que les années 70 et début 80.
Epoque du microsillon et de l'analogique. Decca était très en avance sur les Etats Unis pour ce qui est du multipiste appliqué à la musique classique. En 1958, déjà Decca enregistrait en multimicros... la musique classique... Etats-Unis qui ont été assez rétrograde finalement dans ce domaine avec la musique classique : ils pratiquaient une relative économie de moyens technique. Et se sont mis au multipiste à la façon européenne qu'assez tard. Les disques CBS des années 1960-1970 sonnent sont loin d'avoir été enregistrés avec la débauche de moyens de Decca, par exemple si fier de ses consoles 36 pistes faites maison et de ses disques enregistrés avec une forêt de micros ! Et même en rerecording...
Tu connais beaucoup de disques classiques aujourd'hui qui ne sont pas fait avec un "banc de montage" (comme tu dis) numérique???
Ai-je dit le contraire ? Non ! Et pour cause... Ce que je dis, c'est que le montage numérique coute plus cher que le montage analogique. C'est tout. Alors les petites maisons de disques qui sont majoritaires dans la production de nos jours font un peu la tête quand il faut en faire beaucoup... car elles font souvent appel à des pool techniques externes qui coutent cher l'heure de montage...
Le montage d'un disque se fait généralement en 2-3 jours, souvent par le preneur de son/monteur, le directeur artistique (le chef par exemple) ne venant alors que pour les finitions.
Le preneur de son suit le plan de montage que lui donne le directeur artistique. Le directeur artistique fait seul le plan de montage ou avec le musicien. De toute façon ce dernier doit le valider au bout du compte. Certains délèguent tout. Pas tous. J'ai fait pas mal de plan de montages. Et je vais te dire, les musiciens préfèrent toujours des grandes plages et détestent le note à note : sauf les manchots qui sont contraints d'y recourir. Et s'il y en a, evidemment, ils ne sont pas la majorité. Loin de là... Ils sont très très minoritaires : les disques faits de collants sont mauvais pour la réputation des musiciens qui reccourent à cet artifice. On invente même parfois ce défaut pour nuire à certains...
Si tout le monde n'abuse pas du montage, la grande majorité des disques passent par la case montage, et toujours dans une station informatique !
Merci, je sais. Même les live new Look... Mais il est faux d'affirmer que c'est davantage le cas de nos jours : on ne monte pas plus aujourd'hui qu'il y a 40 ans. Et d'ailleurs quand tu affirmes que le montage est devenu exessif, tu te contredis avec l'affirmation suivante : quand tu affirmes que la maitrise technique des jeunes a grimpé en fléche... si elle a grimpé en flêche ils ont moins besoin d'être montés...
Les disques d'orchestre de nos jours sont faits "deux fois" plus vite qu'avant, avec moins de prises et moins de montages qu'il y a 30 ans ou 40 ans par exemple... aujourd'hui : on répète dans le studio et on enregistre dans la foulée... Walter Legge serait fou de rage...
[b]
Dans la série je te prends au mot, qu'appelles tu "chose floue"?
Un jeu flou, c'est un jeu qui manque de maitrise technique, dans lequel les traits sont savonnés, par exemple. Tu peux retirer les fausses notes faites par un pianiste ou par un violoniste... s'il manque de maitrise... ce manque de maitrise s'entendra toujours... tu peux retirer mes fausses notes : je ne produirais pas un disque parfait pour autant...
Evidemment que les disques ne sont pas parfaits (encore heureux!), mais on ne peut plus se permettre de laisser traîner des pains qu'auparavant on aurait laissé!
Des fausses notes, des fautes de lectures, des passages pas nets du tout, des arrangements de texte, il y en a encore dans les disques et beaucoup même... comme on enregistre toujours des artistes à la maitrise très perfectible...
Réécoute de vieux enregistrements, y compris de maîtres, et vois le niveau d'exigence sur la justesse par exemple!
Jessye Norman a fait sa carrière, et quelle carrière !, en chantant trop bas... Personne n'a jamais entendu Henryk Szeryng ne pas jouer juste en revanche... et pas souvent entendu Milstein ou Heifetz jouer faux...
Les anciens enregistrements de vieux maitres sont comme ceux des vieux maitres jouant aujourd'hui : pas toujours bien parfaits du point de vue impeccabilité technique, mais à âge égal : un Lipatti, par exemple, un Horowitz jeune, un Cziffra, un Barère, une Novaes, un Friedeman ont dix fois plus de maitrise que bien des pianistes enregistrés au même âge qu'eux de nos jours... Et pourtant de nos jours, il y a aussi de magnifiques jeunes artistes pas du tout chiant, pas du tout froids, pas du tout obsédés par la propreté parfaite de leur jeu. Ils savent que c'est illusoire.
Les disques modernes sont généralement bien plus rigoureux sur la justesse, quitte à ce que, comme on l'entend parfois : "Y en a pas une à côté, mais qu'est ce qu'on s'emm....!!!"
Ce n'est pas juste. C'est une vue de l'esprit. Il y aujourd'hui des artistes absolument passionnants. Et hier de nombreux disques emmerdants.
Mon plus ancien disque remonte à 1886...
Alain