Etant de formation scientifique, plutôt rationnel en audio et hifi, je souhaite m'intéresser aux limites de mon approche plutôt "objectiviste".
Proposition de définition : L'objectivisme s'intéresse à l'objet, privilégie la réalité en écartant la part subjective, produit de l'esprit.
Il est accompagné d'une
intellection par des raisonnements rationnels s'appuyant sur les sciences, qu'elle soient exactes, humaines ou sociales.
L'objectivisme en audio veut appliquer cela à l'enregistrement et à la reproduction de la musique.
Il s'agit par exemple d'effectuer des test ABX.
L'objectivisme occulte volontairement la partie irrationnelle et subjective qui fait pourtant partie intégrante de l'auditeur et de la musique.
Les comportements caractéristiques sont, par exemple : 1. expliquer qu'un produit est trop cher en rapport à son cout de conception, fabrication et de distribution
2. critiquer le marketing et la communication
3. accuser les vendeurs d'arnaqueurs
4. se moquer et appeler "idiophile" les acheteurs
5. se placer en sauveur de victime qui manqueraient de bon sens et de connaissances scientifiques
6. ne jurer que par le test ABX pour déterminer l'audibilité d'une technique
7. faire ces choix sur des chiffres et des écoutes ABX uniquement
8. refuser de prendre en compte la part d'irrationnel et de subjectif pourtant partie intégrante de la musique et de l'auditeur
9. complexifier à outrance l'audio par des explications scientifiques rendant les choix impossibles
10. tirer une légitimié des sciences sans vouloir en débattre
...
Je pense que réduire les prises de décisions en audio à quelque chose de rationnel, c'est réduire les différentes formes d'intelligence à une seule.
Ce que nous pouvons faire : Questionner les limites de l'approche objectiviste et du raisonnement scientifique en audio et hifi.
Mettre en avant l'importance du subjectif en audio et discuter des limites des sciences sur les sujets sensibles : les sens, la multimodalité des sens, les neurosciences, la neuro-psychologie, la psycho acoustique, ...
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Analogie entre l'ouïe et le gout : L'audiophile serait un chef cuisinier gourmet en audio.
Il ne torture pas les patates à l'oscilloscope.
Il réunit des gouteurs les yeux bandés autour d'une table pour leur faire gouter plusieurs sortes de patates et il prendra l'élue pour son plat.
Joël Robuchon pratique ainsi.
Le cuisinier goute, l'audiophile écoute. Les deux font appel à leurs sens.
Il n'est pas dit qu'un audiophile ait l'oreille égale au goût de Joël.
=> Je veux dire que la musique reste une histoire de sens et que la science ne peut pas tout mesurer.
L'approche rationnelle par les sciences : Les approches scientifiques ne sont que des modélisations.
Une théorie peut se vérifier "toujours" à l'observation, jusqu'à ce qu'une autre vienne l'invalider.
C'est une des premières idées exprimées dans le livre de S.Hawking "A Briefer History Of Time".
La lumière répond aussi bien aux lois physique s'appliquant aux particules qu'a celles s'appliquant aux ondes.
La lumière, le son, l'electricité, la gravité, les champs magnétiques, la matière ...
=> L'écoute humaine pourrait donc révéler des phénomènes non modélisés.
Une petite histoire :
Galilée et Platon sont au bord de l'océan. Il y a un petit point au loin sur l'horizon.
Galilée dit qu'il voit le mât. Platon dit qu'il voir la bateau. Qui a la meilleure vue ?
Platon explique que le point est forcément le bateau entier puisque la Terre est plate.
Galilée doit prouver que la Terre est ronde ...
=> Donc, pour rejoindre les différentes approches en audio, les audiophiles, idiophiles, objectivistes, subjectivistes, bonnes oreilles,moins bonnes oreilles,... et éviter un débat non constructif et sans fin, la seule avancée possible est d'établir une théorie qui vérifie toujours les phénomènes observés (inversion sur sens des câbles et autres).
A vos calculettes ...
Moins de théorie, plus de pragmatisme, l'ABX :Quelles sont les conditions d'observations du phénomène ?
Quelles sont celles d'un test ABX ?
Doit on tenir compte de la multimodalité des sens ?
Les processus neuronnaux (Berthoz, Meredith & Stein) qui amènent à un raisonnement et à une prise de décision sont d'une complexité qui va au delà de l'influence d'un seul sens.
Le test en aveugle n'y peut rien.Les thèses sur la multimodalité des sens montrent que personne ne supprime l'influence de l'inconscient et de la psychologie (situation de test) sur les perceptions sensorielles.
Par exemple, j'écoute ma chaine les yeux fermés, la qualité ne baisse pas, mais je sais ce que j'écoute et en ai une représentation mentale claire.
Neurologiquement, Il est établi que voir une pomme par exemple et imaginer une pomme provoque l'activation des mêmes zones du cerveau.
Quelqu'un qui participe à un test ABX dans des conditions confortables, a l'excuse d'être en situation de test.
Il peut dire qu'autrement il entend parfaitement les différences.
Ce n'est pas forcément de mauvaise foie, il est victime de ses sens, de la multimodalité des sens.
Ecouter sans plus savoir ce qu'on écoute, ce n'est plus écouter.
L'ABX lui même introduit un biais de par sa situation.
Un ABX ne peux empêcher ton cerveau de fonctionner "globalement".
Le probléme de l'ABX en supprimant la connaissance de l'éléctronnique induit que tu vas devoir interpréter des données manquantes en te basant sur ta mémoire pour pouvoir comparer et tenter de reconstituer/estimer l'identité/qualité de l'électronnique écoutée.
Il faut être simplement curieux et ne rien avoir à défendre pour participer à un test ABX.
Je pense qu'il faut l'aborder comme un moment d'échange et de convivialité,
comme un jeu sur la concentration auditive et l'écoute analytique, rien de plus.
Pour faire un achat sans se tromper :Je propose d'écouter et d'imaginer ce qui ira le mieux chez moi, ou mieux, le vendeur ou un ami me prête le matos pour un essai à la maison.
L'idée est de s'approcher le plus proche possible des conditions d'utilisation pour comparer les produits.
L'imagination serait plus fiable que l'approche rationnelle, car c'est elle qui fonctionnera par la suite lors de l'utilisation du système.
Pas de prise de tête scientifique.