Alors, quelques écoutes de piano (seul). A de rares exceptions près, toutes les prises de son dont je vais parler ici sont de très grande qualité et procureront un plaisir énorme (si on aime le piano), tant par la prise de son que l'interprétation. J'ai vraiment passé de grands moment à écouter tous ces morceaux. Ce qui est intéressant c'est que deux prises de son peuvent avoir la même note pour des raisons assez différentes.
Sonates pour piano de Beethoven (Vol. 2) - Paul Lewis : > 4.9 : J'en ai déjà parlé quelques posts auparavant. Cette prise de son est nettement au dessus de toutes les autres : une ampleur et des timbres extraordinaires. Il ne faut pas avoir peur de monter le volume. Le volume 3 a plus de réverb, est un peu plus flou (4.7). Le vol. 4 a les même défauts (relativement au vol. 2), en pire. Je lui mettrai 4.6 : ça veut dire qu'il reste très bon, mais pas excellentissime. Le volume 2 est vraiment parfait (je n'ai pas encore pu écouter le vol. 1). Donc :
merci Haskil.
La sonate n°21 "Waldstein" par exemple, ou la "Hammerklavier" sont parfaites pour se faire une idée de la prise de son de ce disque. J'aime pouvoir "visualiser" les notes de piano quand elles s'enfoncent (mais je n'aime pas entendre le bruit des ongles, ni des bruits exagérés de marteau). Là c'est parfait. Aucun défaut ne vient troubler l'écoute. C'est Beethoven, Paul Lewis et nous, et rien d'autre.
Beethoven - Sonate 32 par Tor Espen Aspaas chez 2L : 4.9. J'avais
téléchargé ce mouvement de la sonate 32 jouée par Tor Espen Aspaas en 24/192 sur le site de
2L (un label norvégien). Je l'ai donc écouté (en 24/192 mais ça ne change pas grand chose je pense - à vérifier à l'occasion quand même !). Alors, une grande claque : les graves sont maîtrisés de manière hallucinante. Les timbres sont plus que parfaits. Pourquoi pas 5 alors ? A cause du manque d'aération. C'est dommage (et j'ai l'impression que c'est un des défauts des prises de son 2L). On se sent un peu claustrophobe.
Mais le poids de ces graves !!
J'ai comparé avec la version de Lewis (vol. 4 malheureusement), et la prise de son du Lewis ne fait pas le poids.
Cette version a donc des défauts que le Lewis vol. 2 n'a pas, et des qualités que le Lewis vol. 2 n'a pas non plus. Après à chacun de choisir ce qu'il accepte sacrifier (tout est relatif !) : l'aération (2L) ou les timbres (Lewis).
Mode d'emploi des fichiers 2L pour ceux qui veulent les écouter sur un CD : une fois le fichier flac
2L téléchargé, vous pouvez le convertir en wav avec le
FLAC frontend, et ensuite downsampler en 16/44.1 avec
r8brain, et puis le graver sur un CD pour pouvoir l'écouter. Profitez-en pour télécharger d'autres extraits et vous faire un CD "2L". Si vous écoutez en stéréo, ne prenez pas les versions 5.1 ! Quand le 24/192 n'est pas disponible, je prends le wav DXD 24/352.8, et je le transforme en 24/192 avec r8brain (parce que même si je dis qu'il n'y a probablement pas de différence, je suis superstitieux
)
chris.24 a écrit:Et un dernier que j'ai pioché dans la liste de Thierry :
Chopin "Ballades - Third Sonata" par Nikolai Demidenko -> 4,8Je vous mets le lien où les deux éditions cohabitent... J'ai pu avoir celle que Thierry recommande sur son site, de 1993. Visiblement une réédition de ce disque est paru et c'est sur cette réédition que Thierry à apposé son commentaire sur amazon, tandis qu'il met la première édition sur son site...
Je vais devoir réétalonner mes disques de piano parce que je crois que mon 5 pour les Variations sur un thème de Chopin est peut-être sur-coté...
Il faut avouer aussi que ce qui n'est pas évident c'est qu'on juge à la fois la prise de son et le piano ! Car chaque marque doit avoir son stype de sonorité, et même au sein d'une même marque je suppose que selon les modèles cela doit différé un peu... Tout ça pour dire que le son est différent de celui du disque cité avec Boris Berezovsky...
J'ai écouté l'édition de 1993 aussi :
Chopin "Ballades - Third Sonata" par Nikolai Demidenko -> 4.6 Une prise de son spectaculaire et impressionnante, mais pas exempte de défaut, hélas. Le son est trop doux dans les pianissimo. En fait la prise de son est un peu lointaine d'une part, avec parfois un manque d'ampleur dans les graves, plus un problème de timbres dans les médium aigus qui font qu'on est gêné. Ces défauts sont exacerbés sur les ballades où on n'a presque que des pianissimo (piano evanescent) et des forte (dénaturation des timbres dans le médium-aigu). La prise de son de la sonate est plus réussie, à cause de la partition, mais dès que l'on a des pianissimo ou des forte on retrouve ces problèmes.
Les qualité maintenant : la largeur et surtout la dynamique. Sur la sonate notamment on a une grande ampleur, une belle lisibilité. Le piano a une grande largeur (un peu trop en fait). On n'arrive pas à "visualiser" les mains ou les doigts du pianiste (à cause de la prise de son "lointaine"). La largeur fait parfois croire à une belle aération mais en fait pas du tout, c'est large et ça manque d'aération, ce qui finalement n'est pas si agréable que ça.
Dans les nuances "normales" (ni pianissimo ni forte), la prise de son est exceptionnelle, mais dans la continuité de l'écoute il y a un je ne sais quoi d'artificiel qui fait passer de 4.7 à 4.6 pour moi. Pourtant dans certains passages de la sonate (dans le final après 3'25 par exemple, on est à 4.8 grâce aux graves).
repères :
- voile sur les forte : dans la ballade n°3, après 3'20 et après 6'10
- saturation ou dureté sur les forte : ballade n°3, à 6'24, 7'14 et 7'35
- forte qui passent bien : ballade n°1 après 4'50 et ballade n°4 après 4'30 (même si là ça ne passe pas à 100%, on est juste sur la corde)
- pb avec les pianissimo : ballade n°4 à 5'30 et dans tous les pianissimo : on a une impression d'éloignement, comme si le piano s'évanouissait, nous échappait.
D'une manière générale (prise de son et interprétation) la ballade n°1 passe beaucoup mieux que la n°4 à mon avis. Il faut dire que ça fait 10 ans que je n'écoute ces ballades que par Vlado Perlemuter (découvert lors d'une écoute comparative de la tribune de France Musique en 1998). Je n'ai pas décroché de Perlemuter depuis pour ces ballades. Alors bien sûr je les ai écoutées ce soir aussi. J'ai commencé par Demindenko, et pour tout dire je n'ai pas pu aller au bout de la ballade n°4, j'avais envie de le secouer : il joue lentement, pourquoi pas, mais en plus avec ces pianissimo du bout des doigts insaisissables, au bout de 5 minutes j'ai craqué et j'ai mis Vlado Perlemuter ! Bien sûr la prise de son du Perlemuter n'est pas au standard de ce topic (enr. 1974), et pourtant... Après quelques secondes pour accepter la différence de sonorité avec ce qu'on vient de quitter, on est très bien dans cette prise de son. Bon, d'accord, les forte ne passent pas du tout non plus, mais peu importe, on est emporté. C'est cette version que j'écoutais, c'est celle là que je continuerai d'écouter. Sur la Ballade n°1 c'est pareil, il y a plus de tendresse (je ne sais pas comment dire autrement), plus de vie, plus de naturel et plus d'évidence dans le jeu de Perlemuter. D'ailleurs le fait que la prise de son soit plus aérée donne aussi plus de naturel.
Avec Nicolas Demidenko j'entends Nicolas Demindenko interpréter Chopin (plutôt bien), mais je vois trop les nuances qu'il interprète, je vois trop la partition; alors qu'avec Vlado Perlemuter, c'est comme si c'était Chopin qui jouait.
Je repasse à Nicolas Demidenko pour la Sonate n°3. On a certes encore des problèmes pour les pianissimo ("insaisissables", non pas au niveau du volume mais au niveau de l'absence d'incarnation de ces notes, comme évanescentes, jouées par un fantôme) et pour les forte; mais comme il y a moins de
pp et de
ff et plus de nuances "normales", ça passe bien.
Encore une fois je mets Vlado Perlemuter (pour le finale) et là je suis à nouveau sous le charme de VP (en plus la prise de son, toujours de 1974 mais à Wyastone Leys cette fois, est bien meilleure que pour les ballades).
Pour revenir à Demidenko, si on laisse de côté l'interprétation, la note de 4.6 ne veut pas dire que l'on a une prise de son moyenne, mais une prise de son exceptionnelle par certains côtés (ampleur, précision) et avec des défauts de l'autres (pianissimos, timbres dans les aigus forte).
Argerich & Rabinovitch : Strauss: Sinfonica Domestica; Ravel: La Valse; Dukas: L'Apprenti Sorcier (Teldec 1996) : 4.7le meilleur des Argerich/Rabinovitch/Berezovsky que j'ai écouté. Les timbres sont mieux maîtrisés que sur le Nicolas Demidenko même si on peut noter des défauts similaures dans les forte. Mais d'une manière générale le réalisme est meilleur, la prise de son est plus agréable.
Un poil en dessous :
Rabinovitch : Beeethoven, variations Diabelli (Teldec 1996) : 4.6Et :
Argerich - Rabinovitch : Rachmaninov, suites pour deux pianos (Teldec 1992) : 4.6(un peu en dessous à cause du son un peu trop marqué vers les aigus (c'est en partie à cause de la partition qui est comme ça), un son un peu dur et manquant de rondeur.
Dans un genre de piano complètement différent :
François-René Duchable - Chopin Eteudes Op. 25 et 10 (Erato 1981) : 4.7On quitte le Steinway pour le Bosendorfer. Ce n'est pas une prise de son tape à l'oeil, mais avec un naturel assez rare (attention, il faut beaucoup, beaucoup monter le volume - alors certes il y a un peu de souffle). On voit les doigts du pianiste !! C'est très intéressant. Et puis le son du piano est très différent, plus humble. Je trouve cet enregistrement très intéressant. Du point de vue du réalisme pur il a 5.
Superbe !
Là encore, c'est à Haskil qu'il faut dire merci (
ici et
là).
Mes coups de coeur pour la prise de son pour ces écoutes : Paul Lewis tout en haut, et François-René Duchable. Mes coups de coeur pour l'interprétation : Paul Lewis, François-René Duchable et... Vlado Perlemuter !
A suivre pour demain : Sodergren, Gilels, Trpceski, Tharaud, Nojima, etc...