davidsto a écrit:MacGyver a écrit: est-ce que tu vois apparaître les carrés de droite ainsi que l'ombre du logo THX qui est plus noire que le niveau de noir du fond de l'image ?
C'est ça que je comprends pas : comment il peut y avoir un noir plus noir que noir ?!!!
Parceque les transferts télécinémas ne se font pas toujours dans les normes et encore moins en TV.
Par conséquent, en video on a prévu de décaler les valeurs limites pour permettre des dépassements occasionnels.
En video, la quantification se fait sur 8 bits ce qui nous donne 2^8 = 256 niveaux de 0 à 255.
Ca c'est la dynamique absolue, il est impossible de descendre en dessous de zero ou de monter plus haut que 255, ce qui veut dire que si dans la conversion analogique>digitale qui se produit en sortie de capteur CCD du TC ou de la caméra, il y a un signal suffisament hors norme qui pourrait donner une valeur plus petite que le seuil de réglage du convertisseur (sa référence 0), ce signal sera ramené à la plus petite valeur quantifiable par le convertisseur, c-a-d 0. cette valeur sera donc écrasée. Même chose pour les blancs.
Pour tenir compte de cela, la norme spécifie donc des marges de sécurité en prévoyant de mettre le niveau de référence du noir à la valeur 16 et le blanc maximum à la valeur 235.
De cette manière, il y a une marge de sécurité de 16 pas pour le noir et un peu plus (20) pour le blanc car c'est surtout de ce côté que les pointes hors norme sont les plus fréquentes.
Cela gaspille un peu de dynamique, mais permet de tenir compte de toutes les erreurs accumulées sur la chaîne de transmission.
La mire THX, qui est une version ludique de la mire dite "pluge", que nous professionnels utilisont courament pour calibrer un sytème (et que l'on retrouve sous sa forme conventionelle dans DVE par exemple) est constituée de niveaux volontairement hors norme. Les carrés les plus à droite de la rangée du haut, ainsi que l'ombre du logo descendent en dessous du niveau de référence du noir à 16 et ces carrés vont donc progressivement jusqu'au niveau 0.
Cela permet de facilement ajuster le diffuseur en "éteignant" juste le carré (ou l'ombre du logo) qui se trouve juste en dessous du niveau 16. En fait il faut que l'on ne puisse plus distinguer l'ombre du logo du niveau du fond de l'image qui est lui au niveau de référence 16.
Ca c'est la calibration pour les cas normaux.
Maintenant supposons qu'un film ait été mal encodé car le TC était règlé un peu bas.
Dans ce cas, il suffira de temporairement rehausser légèrement la luminosité du projo (ou plus correctement, son niveau de noir) pour récupérer toutes les informations des ombres qui autrement seraient irrémédiablement bouchées.
Cela n'est possible que parce que ces niveaux existent grâce à la fameuse marge de sécurité entre 16 et 0.
Parallèlement, dans le monde informatique, le standard est calé sur 0-255, pour la bonne et simple raison que l'image est purement synthétique et maîtrisée. La carte graphique génére un noir à 0 et le blanc absolu à 255, il n'y a aucun dépassement à craindre puisque c'est de la pure synthèse numérique, sans aucun processus analogique qui pourrait introduire des dépassement par mauvais calibrage de convertisseur. Par conséquent, quand la norme DVI à été dévellopée, les niveaux ont été établis en utilisant toute la dynamique à disposition, donc 0-255 et en RGB puisque c'est le mode de fonctionnement naturel d'une carte graphique et d'un écran.
Lorsque le standard HDMI à été dévellopé, il a été basé sur le DVI, en lui rajoutant le mode YCBCr, typique de la transmission video et en reprenant la quantification bornée 16-235, tout en conservant le mode RGB informatique (0-255) pour maintenir la complète rétro-compatibilité.
Le problème est que les premiers écrans video à entrée numérique ont utilisé ce qu'il y avait à disposition à l'époque, le DVI informatique avec ses niveaux calibrés 0-255.
Si on connecte aujourd'hui un lecteur à sortie HDMI qui sort en 16-235 sur un de ces écrans, celui-ci s'attend a un signal calibré noir à 0 et blanc à 255, son niveau de noir à l'écran correspond normalement à un niveau d'entrée 0 et le blanc max à 255, or on lui envoie une image dont le noir est à 16 et le blanc max à 235. Le résultat est une image fade et délavée, si on ne compense pas les réglages par défaut. C'est normal, le noir est trop lumineux puisqu'il est à 16, on à l'impression qu'il y a un voile blancheâtre sur l'image et l'image est fade puisque les blanc maximums n'atteignent que 235 alors que la pleine luminosité de l'écran n'est atteinte qu'avec 255.
En théorie, on peut rattraper tout ça par une correction des régalges de niveau de noir et de contraste de l'écran, mais c'est très chiant parce que beaucoup d'écrans n'ont pas de mémoire par source et doivent alors être constament recalibrés en fonction que l'on utilise l'entrée DVI ou une peritel.
Pour cette raison, certains constructeurs de lecteurs à sortie HDMI facilitent les choses en prévoyant, outre la compatibilité en mode RGB (obligatoire, elle pour raison de rétro-compatibilité DVI), le mode dit "enhanced" qui veut dire "amélioré" non pas dans un sens de qualité comme certains semblent l'interprèter éronnément (en fait c'est même le contraire, qualitativement parlant), mais dans un sens de "compatibilité améliorée" avec ces anciens écrans.
Cela consiste à corriger le mapping de quantification en "zoomant" en quelques sorte sur les valeurs. L'espace entre 16 et 235 est étiré pour être ramené à un range de 0 à 255 de manière à ce que le niveau de noir video à 16 devienne 0 pour le diffuseur et le blanc max à 235 devienne 255 pour récupérer le contraste maximum.
Ca a l'avantage d'éviter de devoir constament changer les régalges de son diffuseur, mais il y a évidement deux inconvénients majeurs à ce "chipotage".
Le premier, c'est que toutes les marges de sécurité sont supprimées, donc dans le cas expliqué plus haut du TC mal fait, il sera imposible de visualiser les noirs plus noirs que noirs. La sensibilité aux blancs brûlés sera dramatiquement augmentée. Encore que sur ce point, certains constructeurs se contentent d'étendre le range vers le bas et laissent le niveau de blanc à 235 pour éviter cela, ce qui est probablement le meilleur compromis.
Le deuxième inconvénient est que ce remapping crée une requantification des niveaux, on casse donc là tout l'avantage du numérique qui permet de véhiculer un signal non altéré de la source à la destination. Comme les 8 bits d'espace de quantification ne sont déjà pas vraiment suffisants au départ, effectuer une interpolation de niveau avec forcément filtrage à la clé en aval ne va pas améliorer les choses. On peut vite se retrouver avec des artéfacts visibles sous forme de solarisation dans les niveaux proches du noir. Ces solarisations sont dues aux arrondis de calculs.
Moralité, le mode enhanced n'est là que pour une raison de rétro-compatibilité et doit être évité si il n'est pas nécéssaire.
Il ne faut d'ailleurs pas le confondre avec les modes "deep color" du HDMI 1.3, ni avec les modes d'échantillonages 4:4:4, 4:2:2 et 4:2:0 dur YCbCr, ni avec les modes 10 bits disponibles sur certaines configurations.
Le mode "enhanced" dont nous parlons ici (en référence au Denon et à d'autres sources) n'ayant rien à voir avec ces modes spéciaux.
Voilà, c'est long, mais j'espère que ça aide un peu à comprendre.
Yves.