lau1967 a écrit:Le cinéma d'Eastwood a beau s'inscrire dans un courant issu du classicisme développé par des réalisateurs comme Ford, Mann, Hawks ou Dieterle (qui eux constituent des références bien plus que Mc Laglen qui n'a jamais développé une oeuvre) il a suivi sa propre voie et montré combien il pouvait être éloigné de ce que l'on appelle l'académisme.
McLaglen a développé une oeuvre dont la singularité n'a rien à envier à celle de Clint Eastwood, sinon que le succès critique n'a jamais été vraiment au rendez-vous. Et je ne peux te suivre dans ton argumentation concernant Clint Eastwood dont le cinéma ne tient en rien de Ford, Mann ou Hawks dont les films sont la démonstration d'une morale. En ce sens, les seuls fils spirituels du cinéma que tu cites sont à chercher plutôt chez Michael Cimino et Terrence Malick.
lau1967 a écrit:La structure éclatée de Bird, le surréalisme de L'homme des hautes plaines, la chorégraphie et la rigueur de Pale rider pour ne citer qu'eux, montrent un réalisateur sous influence, c'est vrai et il l'a toujours reconnu. Cependant, je crois qu'il ne faut pas confondre l'humilité et la simplicité de l'homme avec de l'académisme, un cinéma déliquescent qui ne ferait que reprendre sans ajouter: un cinéma mort.
Sauf que tu te trompes d'époque. Tout ce que tu écris sur les films de Clint Eastwood serait juste si le cinéma d'Eastwood était situé dans les années 50 (et encore là déjà, on avait Fuller, Aldrich et compagnie).
lau1967 a écrit:Pour moi, rien que sa volonté de ne pas éclairer les films comme tant d'autres films hollywoodiens, romp avec une tradition. Ce qu'il a commencé avec Bruce Surtees et poursuivi avec d'autres chef-opérateur est moderne dans le sens où le jeu avec l'ombre et la lumière a cassé une certaine esthétique studio et a permis à ses films de devenir crépusculaire.
Oui il est moderne dans le sens où il a fait comme tout le monde en même temps que tout le monde (les années 60 où tout le monde est sorti des studios) et la nouvelle vague des cinéastes américains (Spielberg, Kaufman, Schatzberg, Altman). De Boorman à Schatzberg, on trouve nombre de cinéastes de cette période qui font un travail plus "moderne" sur la lumière que celui à l'oeuvre dans les films de Eastwood.
Et pour ne pas paraître trop irrespectueux, je ne dirai rien du fait que tous les enjeux esthétiques des premiers films d'Eastwood sont contenus dans les films de Don Siegel. Le travail d'Eastwood avec Bruce Surtees ? C'est la copie de celui réalisé par le même chef-opérateur avec Siegel...
lau1967 a écrit:Je pourrais continuer longtemps encore mais je crois que déjà cela devient ennuyeux. Je tiens cependant à dire à Polonsky que je n'ai voulu en aucun cas lui manquer de respect. En revanche j'ai trouvé sa prose irrespectueuse... D'ailleurs rien que le choix du pseudo me plaît tellement ce cinéaste a traversé une période critique de l'histoire américaine.
Pas de problème. Même si nous restons en désaccord sur Eastwood, parce que je ne vois pas de raison objective de le valoriser plus que pas mal d'autres cinéastes de la même période tels que Milius ou encore Harold Becker par exemple, cinéaste qui a réalisé quelques films remarquables comme "Mélodie pour un meurtre" ou "Taps". Ou bien encore je m'étonne que l'on accorde plus d'intérêt à des films aussi oubliables que les polars d'Eastwood quand le cinéma américain a produit sur la même période des joyaux comme "The Big Easy" (Jim McBride) ou "Cutter's Way" (Ivan Passer).
Et comme je crains que nous ne soyons encore plus en désaccord si jamais on venait à parler des films de Michael Mann, mieux vaut que je te dise en conclusion que je n'ai pas d'animosité à l'encontre des films d'Eastwood et que j'en apprécie certains. Ce n'est pas un mauvais cinéaste.
Cordialement,