Sélection de disques
Pas facile de sélectionner quelques plages dans une discothèque, en fait.
J'ai essayé de choisir à la fois des choses que je connais vraiment bien (pour les avoir écoutées des dizaines de fois), sur des 33t en parfait état ou presque (copiés pour être ensuite écoutés souvent sans usure: c'est le sport favori des 33-touristes de ma génération, et de celle d'avant, je crois), et en même temps des plages présentant à chaque fois certaines particularités, voire, certaines difficultés à l'écoute:
1/
Jojo de Brel tiré des Marquises (Barclay, 1997, 96010 — Face B/4)
2/
Ev'ry time we say goodbye de cole Porter par Coltrane, dans The Paris Concert (1979, repressage PabloLive DJC 781 (23008 217), Face B/3)
3/
Across the Universe des Beatles dans Rarities (1980, LP EMI/Pathé Marconi PM2C062 07 148, Face A/1)
4/
Cupidon s'en fout de Brassens dans les Nouvelles Chansons de 1976 (Philips 9101 092, Face B/1)
5/
Mon bistrot préféré De Renaud dans Boucan d'enfer (LP Ceci-Cela/Virgin 72438 123611-6, Face D/4)
6/
Guardian Angel dans Friday Night In San Francisco - Live de Al Di Meola, John Maclaughlin, Paco De Lucia ( 1981, Friday Night In San Francisco - Live, LP Philips/Phonogram 6302 137 Face B/3)
7/
Yuyo Verde par le Cuarteto Cedron (1980, Chansons traditionnelles d’Argentine, LP Polydor 2473 110 face A/1)
8/ le début du premier mouvement du quatuor “de ma vie" (Q.1 en mi m.) de Smetana par les Talich (1984, LP Calliope CAL 1690, Face A/1)
9/ le début de
Verklärte Nacht par Boulez et l'ensemble InterContemporain (Schoenberg, 1985, La nuit transfigurée, Ensemble Intercontemporain P. Boulez, CBS Masterworks Records Digitals IM 39566 Face B/1)
10/ le
Choral du Veilleur "Wachet auf" de Bach (BWV645) par Odile Pierre, enregistré sur 45t (RCA RC 8108 de 1977) — ben oui, j'aime bien ça!
J'ai enregistré tous ces extraits en 24/96 sur le DD de mon Alesis. A la comparaison sur mon système, entre le 33t passé sur mon ensemble habituel et le report en 24/96, je ne parviens pas à faire la différence (en 16/44,1, si). De toute façon, je rappelle qu'il ne s'agit que d'une sorte d'“aide mémoire” car je connais bien ces morceaux pour les avoir très souvent écoutés (et aussi pour avoir fait des comparaisons 33t/CD et parfois 33t/CD/sacd etc avec eux).
une ou deux impressions d'écoute
J'ai d'abord branché la platine, vérifié qu'elle était bien montée, qu'il n'y avait pas de buzz (branchement du fil de masse). Mis le potard à fond avec +10db sur chaque canaux histoire de voir si ça bourdonne (silence radio!). Installé la dalle de granite ronde sur laquelle j'ai posé d'abord un plateau en bois — puis mon "bac à sable" maison. La transmission des vibration est stoppée nette: c'est un très gros plus par rapport à mon TD — qui explique le recul du bruit et la transparence accrue, sans doute au moins en partie (il faut vraiment agir sur la table pour entendre quelque chose). N.B. J'ai décidé de faire mes écoutes en 2.0 et non en 2.1.
Un ou deux inconvénients seulement: l'antiskating me paraît fort approximatif (il se règle pour l'essentiel à l'oreille sur un signal mono — j'ai ça sur des 33t… mais à la plage lisse, ça reste peu convainquant); l'abaissement du bras, au début est un peu "brutal" et il faut "doser". Enfin, le moteur doit être centré dans l'échancrure pour n'être pas en contact avec la table:
actionner l'interrupteur, voire la simple tension de la courroie peut suffire à la déplacer et il faut vérifier régulièrement (pourtant ses pieds posés bien à plat sur le vois devrait l'éviter: ça n'est pas le cas — si c'était à moi, je le collerais à la "crotte de Schtroumph"…
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).
Bon détail que tout cela.
A la première écoute, je me dis qu'il n'y a pas une "différence extrême" qui saute aux oreilles et exige séance tenante de changer de matériel (en un sens: ouf!). Il y a toute une série de petites différences, de petits plus sur certains détails — le tout cumulé donnant, à mon goût, une écoute plus classieuse et plus naturelle. Un ou deux étages au dessus, très nettement (à la condition, peut-être que le reste suive). Et ça ne s'entend pas seulement au casque: j'ai d'abord entendu ces différences sur mes enceintes — puis à nouveau, et plus nettement, au casque (AKG K1000 branché sur l'ampli Apertura rc50).
C'est d'abord aigu,…
Premier morceau: les Beatles. D'abord en 24/96 histoire de me remettre les choses en mémoire. A très fort niveau: les oiseaux artificiels du début cassent un peu les oreilles. L'oiseau part du centre droit — puis la voix est bien centrée. Quelques sifflantes ou "i" par ci par là sont un peu appuyés.
Du moins, c'est ce que je me dis
après avoir réécouté le même morceau sur le TT-15 sans changer de volume.
Il y a, avec la Shure une sorte de "luminosité" — légère mais nette — dans l'aigu qui disparaît ici. Rien de bien neuf pour moi: sauf qu'ici l'aigu ne disparaît pas avec la luminosité contrairement à ce que j'ai pu entendre ailleurs. Les oiseaux sifflent, mais pas les sifflantes - ni le "i" ni les "s" ni les "r" ni ici ni dans Jojo de Brel.
Au reste je me dis tout à coup que c'est très exactement cette luminosité à la fois flatteuse et exempte de vulgarité que j'ai retrouvée, en un sens, d'abord sur l'association Rega Planet/Atoll, puis sur Cyrus, puis sur NuForce. Et c'ets la disparition de cette luminosité sans perte dans l'aigu — quand ça monte haut en restant élégant et plein de naturel — que je me suis mis peu à peu à aimer ces dernières années à travers: l'écoute au casque (K1000, Beyer), certains amplis (Goldmund, et, j'ai la faiblesse de la croire: Apertura), et même certains lecteurs (drive Cyrus Xt, drive Goldmund Easyline, Goldmund srdv……).
Bref, ça monte aussi haut, mais sans coloration ni froideur. J'ai retrouvé le même type de différence sur les autres morceaux: la seconde guitare derrière Brassens sonne à la fois cristalline et douce, l'orgue de Bach monte haut avec un son d'orgue qui ne devient pas perçant (et pourtant ce 45t n'est pas facile!), la guitare qui accompagne Renaud sonne plus clair et sans agressivité. Les traits du premier violon dans le quatuor de Smetana sont à la fois moins "déchirant" mais en restant tout autant incisifs: sans monte très haut sans accrocher et je retrouve des impressions que j'ai d'habitude au concert (vous savez: quand la musique commence sans qu'on sache très bien si c'est vrai ou non) — et plus encore sur le tout début de Schoenberg.
Bref: c'est là un gain décisif qui me renforce dans l'idée de changer mon système 33t — sans me laisser frustré par celui-ci pourtant! Après l'avoir rebranché, j'entends bien ces détails qui me parlent, mais j'entends aussi les autres détails qui ne me parlent pas et font de la musique (:lol:).
… après c'est transparent et plus net,…
Une deuxième chose que je remarque, une fois la première impression dépassée: c'est le gain en transparence.
Impression très nette sur Jojo de Brel: d'habitude j'entends sa respiration un peu râlante très bien…… au casque! Là je mets un moment à réaliser que je l'entends sur les enceintes sans avoir besoin de pousser le volume (4db d'écart au potentiomètre de mon préampli pour l'entendre à peu près identiquement sur le report 24/96.
De même dans le morceau de Coltrane (les applaudissements restent tout aussi métalliques et "son de micro" et continuent de "pomper" mais cassent moins les oreilles) les instruments sont plus nets, mieux localisés et d'ailleurs l'image change un peu de forme.
C'est plus large: je n'ai plus l'impression d'écouter de la mono (une image certes stéréo mais occupant le tiers central de l'espace entre les deux enceintes): ça vient de s'ouvrir entre les deux et les instruments se découplent les uns des autres. Idem, l'oiseau dans Across the Universe part de plus loin sur la droite et traverse la pièce un peu plus haut, la deuxième guitare de Joël est plus à droite et en arrière de tonton Georges, la guitare qui acompagne Brel est toujours centrée, mais un peu derrière et les arpèges se détachent peut-être un peu mieux. Les guitares de Friday Night in San Francisco sont plus écartées et plus lisibles, mieux localisées. Au casque c'est encore plus évident.
La lisibilité du placement des instruments est encore exemplaire sur le morceau du Q. Cedron: ça et la voix bien timbrée, c'est vraiment très très beau. Un beau bandonéon langoureux et nostalgique.
et finalement, c'est plus ample et plus dynamique
Last but not least, le placement des instruments du quatuor de Smetana comme celui de ceux de l'octuor conduit par Boulez sont plus faciles à "voir": ça ne demande pas un effort de concentration, alors que d'habitude si. Ce que je trouve souvent gênant pour l'écoute détendu d'un quatuor ou de la musique de chambre. Ça et la mise en phase des HP d'une enceinte qui font se désolidariser l'aigu et le grave — y compris en mono — dès que le violon passe à la troisième position, ça me dérange vraiment. Là, on suit sans avoir besoin de faire des efforts.
Et même, dans Smetana — alors que c'est un enregistrement typique de chez Callioppe!
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— l'alto et le violoncelle sont nettement distincts en tessiture comme en localisation.
Le grave n'est pas en retrait: la basse sur Renaud comme le registre grave de l'orgue ou les premières notes du violoncelle (quatuor) ou de la contrebasse (Coltrane) sont plus lisibles. Ça ne flonflonne absolument pas (vous savez: la "corde à linge tendue sur la lessiveuse"…
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) et ça descend très bas en restant très net, sans effet brouillon.
Il me semble que la dynamique est meilleure — sans pouvoir en être sûr: je crois bien que les frappés de cordes à la guitare sont plus marqués. Ça plus la transparence accrue et le meilleur étagement en largeur comme en profondeur de l'image stéréo donne une impression très réaliste: même l'orgue me fait un effet de naturel et de réalité tellement c'est "aéré", comme on dit (pour désigner par là le fait que, dans une salle d'église, le volume d'air et l'acoustique s'entendent).
Bref: rien d'«extrême» mais des tas de petits plus qui, additionnés, donnent directement une impression de "c'est un peu mieux mais je ne vois pas pourquoi" et qui se comprennent à l'analyse. A quoi bon analyser? Ben justement: c'est le gage que rien ou presque ne viendra ensuite me brouiller l'écoute lorsque j'écouterai de la musique sans plus analyser. Ce que j'ai fait ensuite ne me repassant quelques 33t tels quels (les Marquises, un Beaucarne, une face de Hendrix et la Francofête avec Leclerc).
Cdlt
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