>Emmanuel: il serait très intéressant de savoir à partir de quelles valeurs d'échantillonnage et de quantification, on considère (sur un plan strictement technique) que la résolution est assez grande pour ne plus distinguer la copie numérique d'un original analogique.
Concernant l'échantillonnage, je commence par une réponse naïve :
Dans ce domaine la "pratique" est très simple : tu prends ton signal analogique, tu regardes son spectre, tu décides à partir de quelle fréquence fc il n'y plus d'info pertinentes (donc là il y a un choix à faire : ou est le bruit ? ou est l'info ?
), tu filtres tout ce qu'il y a après (sinon repliement de spectre à l'échantillonnage) et tu échantillonnes à au moins 2x fc. D'après la théorie, on est alors capable de reconstruire toute l'info fréquentielle présente avant fc.
Donc la réponse à ta question est : tout dépend du contenu fréquentiel du signal à échantillonner (ie où se situe la limite fréquentielle de l'info utile à acquérir).
Ca c'est la théorie. Ca se gâte dès qu'il faut l'implémenter :
on peut alors montrer qu'il y a plein de pb potentiels qui vont perturber cette belle pratique/théorie (car les électroniques des ADC et des DAC sont loin d'être parfaites) qui font qu'il faut rafiner tout ça. Par exemple, il faut tjrs rajouter du filtrage pdt la reconstruction, et ce filtrage dépend de la techno utilisée dans le DAC. A cela, s'ajoute généralement de la réjection de bruit de reconstruction en dehors de la bande audio, etc. Seul un électronicien connaissant parfaitement les technologies (et leurs limites) employées dans les ADC et les DAC pourrait faire une réponse argumentée (ce n'est pas mon cas).
Concernant la quantification, le bruit présent sur l'étage de sortie analogique va imposer la limite utile. 118 à 120 dB (A) de dynamique sont les maxi rencontrés aujourd'hui sur le matériel de prestige. Ca fait guère plus de 20 bit utiles. Donc avec 24 bits, on est (très) large. De toute façon, pendant l'enregistrement, le bruit de la chaine d'acquisition depuis le micro va faire qu'on aura à mon avis guère plus de 18 bits utiles pour le signal. Pour le vérifier, c'est simple : il suffit d'enregistrer du silence et de regarder l'amplitude RMS du signal qu'on obtient
. Philippe je serai curieux de connaître le résultat à Passavant. Le mythe du 24 bits va perdre qq plumes...
En guise de résumé, tout ce que je peux dire, c'est que les converto HdG d'aujourd'hui sont de petites merveilles incluant un traitement du signal très élaboré qui repousse très loin les limites des compromis à faire. Ce sont des dispositifs fiables lorsqu'ils sont bien mis en oeuvre (et dont les limites en termes de distorsion sont connues).
>L'écoute sera indispensable pour vérifier le raisonnement technique mais il me semble indispensable de connaître aussi ce dernier car il a probablement fait l'objet de tests d'écoute approfondis. Les scientifiques ne cont pas nécessairement des gens qui ne raisonnent que par le chiffre. En général, ils vérifient.
Dès qu'on met l'humain dans la boucle, la première question qu'il faut se poser est : quelle est la fréquence max qu'on "entend" afin de fixer la fréquence d'échantillonnage. Vous savez tous comme moi que la réponse n'est pas simple. Les IRM du cerveau ont montré que le cerveau réagissait à des sons non audibles (mais ou diable sont les capteurs sur notre corps capables de réagir à ces fréquences ?
). Ceci a de plus été corroboré par des écoutes en double aveugle (il y a des publies là dessus).
Reste que même en imaginant qu'on soit un jour capable de dire ce que vaut fc pour un humain(fe=2xfc), il faut ensuite garantir que la chaine d'acquisition (micro, etc.) puis de restitution (enceintes, etc.) soit capable de manipuler CORRECTEMENT toutes ces fréquences. Et là désolé, déjà que ds le spectre 20-20kHz, c'est pas gagné sur bcp d'install, au dessus de 20 kHz, c'est encore plus dur... Et en plus, ça peut saloper la partie 20-20 kHz (distorsion d'intermodulation)...
Donc peut être que le mieux est encore de rester raisonnable : un système capable de rendre fidèlement "uniquement" la partie 20-20 kHz est déjà EXTRAORDINAIRE à l'écoute. Et tout CD bien enregistré écouté sur ce système donnera une illusion déjà particulièrement convainquante du contenu fréquentiel et temporel du signal.
Par contre, ce CD donnera une image spatiale qui souffira généralement de beaucoup de défauts...
C'est pourquoi, selon moi, le défi de la HiFi aujourd'hui se situe beaucoup plus dans le problème de la reproduction de la dimension spatiale du son que de la dimension temporelle et fréquentielle (dont la maitrise commence à être particulièrement aboutie par certains fabriquants) . Comment faire pour qu'un son "image" correctement à 360° pour qu'on ait réellement l'impression d'y être ? Soyons critiques envers nous même : Est-ce qu'en fermant les yeux, on a REELLEMENT l'enveloppe sonore naturelle qu'on vit en permanence dans notre expérience quotidienne ? La réponse me semble évidente... C'est pourquoi, je suis personnellement très intéressé (et curieux) de tout le travail fait par Philippe en multicanal.
Je préfèrerai nettement à titre personnel un système multicanal 44.1 kHz qui image correctement à un système stéréo 96 kHz qui image mal.
Pour terminer sur la quantification et la perception humaine, il me semble que PIO a rapporté des tests en ABX qui montrent que faire la différence entre 16 bits et 15 bits est extrêment difficile... Je n'ai guère plus de données.
@+
Emmanuel