» 03 Déc 2005 18:05
Voici mon court test du Marantz DV9600.
C'est le premier lecteur du marché à proposer une résolution de 1080p et une partie audio de qualité audiophile. Si le pari est tenu, on peut parler d'un lecteur de référence, qui fera date.
J'ai comparé ce lecteur haut de gamme à la référence du moment : le Denon DVDA1XV.
La première partie de mon test concerne l'écoute Hifi.
Les deux machines sont branchées en analogique sur le préampli Sherwood P965, qui alimente l'ampli A965 et les Dynaudio Contour S3.4. Les lecteurs sont reliés par un câble Oehlbach 13112, un câble qui assure une excellente présence dans le grave, et ils sont branchés au secteur avec des Nordost Shiva, notre référence.
Le Denon est sur direct all off. C'est le mode qui coupe tous les circuits vidéo, pour n'alimenter que la partie audio. Le résultat est très sérieusement meilleur que les autre modes, comme s'il s'agissait d'un autre machine.
Spring/ Anthony Williams – Love Song
Sur Blue Note
La qualité de cet enregistrement est impressionnante, et elle permet de mettre à dure épreuve un équipement stéréo : la médiocrité ne lui convient pas du tout, et la moindre faiblesse dans la transparence et le sens analytique, ou à l'inverse, la trop grande froideur d'analyse, sont impardonnables.
Une première écoute des deux machines en guise de mise en bouche me permet de situer la scène, ce à quoi je dois m'attendre.
DV9600
Le message a plus de respiration qu'avec le Denon. L'image stéréo est plus légère et mieux aérée. La trompette, à gauche, a comme un voile en moins. Même à droite, le piano et la batterie sont plus présents.
DVDA1XV
Bizarrement, après ce que je viens de ressentir, et de décrire, la cymbale tient mieux la note que sur le Marantz. Le morceau est plus immergé ce qui donne à la fois une impression très relaxante, très "easy listening", très blues, mais pas assez décortiquée.
On voit bien là des différences de philosophie entre deux marques développées dans les mêmes labos.
Si on néglige le prix, je donne un léger avantage à la Marantz sur cette écoute, bien que le Denon ne soit jamais à la rue, et même si on peut préférer le Denon pour sa signature sonore si différente.
Si on met le prix en perspective, alors là…. C'est à se poser des questions !
Francis Cabrel – Hors Saison
Hors saison.
Ce morceau, extrêmement bien gravé, confirme l'écoute du Blue Note : la voix est plus aérée avec le Marantz, et plus intégrée avec le Denon, avec une impression globale plus précise et plus juste sur le Marantz.
Mon test en vidéo se fait sur un projecteur de milieu de gamme, un surdoué, le Mitsubishi HC3000. Ce projecteur est l'un des meilleurs projecteurs DLP de l'année, mais si on tient compte de son prix, alors c'est sans la moindre hésitation LE projecteur de l'année. Plutôt que de tester sur des poids lourds comme le Yamaha DPX1200, j'ai préféré voir ce que l'image donnerait sur le Mitsubishi, dont le niveau de qualité justifie tout à fait l'investissement d'un lecteur haut de gamme.
Je commence par le Marantz DV9600, ma curiosité de voir une image haute définition étant trop forte !
Faite moi penser à demander à Marantz comment ils suggèrent qu'on utilise leurs menus de réglages. Ceux-ci prennent toute la surface de l'écran, et ils cachent les mires qui permettent de faire les réglages. Astucieux, comme concept !
Au début du chapitre 8 de Gladiator, sa femme et son fils le regardent partir, ils sont au milieu d'un champ de blé. Je passe de 720p à 1080p, sur le Marantz, avec la touche placée… sur le lecteur (et la TC alors ? Marantz a pensé qu'il y avait trop de boutons et qui ne servent à rien, donc ils ont fait l'impasse sur ceux qu'on aimerait trouver sous le doigt ?). Le Mitsubishi est un projecteur 1280x768. Donc en théorie, il n'est pas au niveau de la résolution 1080p. Cependant, et cela est confirmé depuis des années, l'image d'une source à la résolution supérieure à celle du projecteur donne une meilleure image que celle provenant d'une source égale. Ne me demandez pas pourquoi, je ne suis pas un ingénieur, et je n'en sais rien. Je constate, comme la plupart d'entre vous, le résultat, avec joie.
Mais revenons à notre champ de blé. Je ne vais pas vous dire qu'en 1080p je peux compter chaque grain de blé, car vous ne me croiriez pas et vous me demanderiez combien il y en a. Mais pour toute la partie qui se trouver à la droite de la femme et de son enfant (à leur gauche, c'est flou par la mise au point de la scène et pas par le projecteur), le détail est notablement précis, tant qu'on ne compare pas à l'image provenant du 720p du Marantz ou de celui du Denon. Car là, en 720p, et bien tout paraît tout flou !
Au passage, les réglages de contraste et de noir ne sont pas les mêmes quand on passe du 720p au 1080p, sur le DV9600, cela se remarque immédiatement.
La fluidité, sachant que le lecteur aurait à faire le grand écart entre la résolution native des DVD, 576 lignes, et celle de son scaleur, 1080p, me faisait peur. Le HC3000 est une réussite en matière de fluidité et de fourmillements, mais aussi de solarisation et autres défauts dus à un mauvais traitement logiciel des images. Dégrader ses meilleurs atouts me déplairait totalement.
Et bien ma peur était injustifiée car l'image, bien à l'opposé d'être dégradée, coule au contraire d'une façon extrêmement fluide et lisse, sans le moindre à-coup. Le bruit vidéo, qui fait comme des milliers de petits fourmillements sur les ciels bleus et les grandes zones sans changement de couleur, est quasiment parfait aussi, et j'ai beau cherché, je ne trouve pas (disons presque pas, pour être tout à fait en ligne avec ce qui est sous mes yeux) la moindre trace de fourmillements ou de défauts, sur ce film qui en est normalement bourré. Excellent. Il n'y a pas non plus la plus petite trace de pâtés de couleurs, de solarisation, et de dégradés ratés et de chroma bug. Quand à la profondeur de champ, ce qu'on nomme souvent l'effet 3D (bien que ce terme soit plus récent, je le trouve, en fait, plus sympathique et plus parlant que le terme venant du monde de la photo) elle est la plus belle que j'ai eu l'occasion de voir sur ce film, à part sur le projecteur Fujitsu LPF-D711 (20.000€ tout de même) avec un PCDVD comme source.
Sur le film La Communauté de l'Anneau, version longue, quelques passages m'ont permis pendant des années de torturer les capacités des projecteurs et lecteurs du marché. Le lent traveling quand Gandall arrive chez Bilbon est un bon exemple. Je l'ai regardé, décortiqué deux mille fois, et je n'ai jamais réussi à le reproduire à la perfection, je n'ai jamais vu une fluidité totale. Là, pour la première fois donc, l'image se fait sans cassures, sans saccades, comme sur une image argentique, comme au cinéma.
Et pour moi, la pire scène de l'histoire du DVD, la montée des escaliers ou Bilbon, rendu invisible, vient de quitter la fête, au chapitre 6. Ces escaliers, quel que soit le lecteur, tremblent terriblement, et saccadent comme aucune autre scène connue de moi. J'ai hâte de voir ce que le Marantz sait faire en la matière, et je suis tout surpris du résultat ! Pour la première fois, la scène est presque totalement fluide, et si je n'avais pas remarqué des centaines de fois à quel point elle est bourrée de défauts de transfert, je serais passé devant sans même remarquer ces défauts. Remarquable. A coté, le Denon fait pâle figure, car il n'est absolument pas capable de gérer ces défauts.
Pour terminer avec ce film, je ne peux résister à la première scène du film, quand Frodon est assis sous son arbre. Une scène fameuse, souvent prise en exemple. Quelle claque ! Quel piqué d'image, et la profondeur des plans, et les détails, et les couleurs, et la douceur qui se dégage de ce plan. C'est absolument magnifique, et les limites de la définition d'une très belle image sont réellement repoussées loin ! Jamais ce chapitre du film n'a été reproduit avec autant de beauté et de finesse. A coté, le Denon me fait l'impression d'un appareil antique !
Pour évaluer l'effet 3D et la fluidité, rien de mieux que Star wars épisode 3, le chapitre 3.
La fluidité du Marantz en 1080p est splendide. Les moments de mouvements rapides des vaisseaux nous font pénétrer dans le film, au cœur des mouvements, comme jamais. C'est très impressionnant. Je ne vous parle même pas de la finesse du 1080p, qui est remarquable, et qui dévoile des détails jusque là totalement flous et invisibles sur le DVDA1XV, car le grand choc avec le Marantz, c'est cette fluidité sans aucun défaut, et cet effet 3D qui nous fait plonger au milieu de l'action. Les différentes plans visuels, premiers plans, arrières plans, prennent un relief qu'on ne connaissait pas, et croyez moi, je connais bien ce film !
Franchement, je dois avouer que je suis très bluffé par ce lecteur (et au passage, par le potentiel du HC3000). J'ai eu l'occasion, depuis ce test, de voir les images du nouveau haut de gamme de Pioneer et de Sony, respectivement DV989 et DVPNS9100, et même s'ils affichent quelques points intéressants (hélas pas en audio), ils sont d'emblée éliminés coté image, par l'avancée technique du Marantz, par le scaleur en 1080p dont la différence de rendu est plus qu'injuste pour les autres lecteurs du marché – tous les lecteurs.