» 12 Oct 2005 12:21
"quid de l'interêt pour la musique en général et pas seulement la haute fidélité... "
Pour moi, la recherche de la reproduction la plus fidèle possible est le moteur qui m'anime depuis le départ mais cette démarche est loin de pouvoir être universelle car elle se heurte à quelques impossibilités majeures.
Je suis de ceux qui considèrent qu'un système haute-fidélité n'est pas un système spécifiquement musical. Il reproduira majoritairement de la musique mais il doit être également fidèle si on lui demande de reproduire une conversation, le bruit d'une rivière ou un marteau-piqueur. L'émotion musicale procurée par le marteau-piqueur ne m'a jamais atteint mais il s'agit d'un son comme un autre qu'il faut savoir également reproduire avec vérité.
En fait, j'assimile totalement fidélité et vérité. Je fais donc partie de ceux qui rejettent l'idée que la subjectivité ait un rôle à jouer quand on aborde la question de la fidélité au sens strict du terme. C'est mon approche personnelle, héritée d'un assez long passé et je veux bien admettre qu'elle soit un peu passée de mode. Cependant, je n'ai aucune envie d'en changer car je me sens parfaitement bien dans cette philosophie un peu janséniste.
Si la notion de stricte fidélité peut représenter une forme d'idéal ou d'objectif difficile à atteindre mais clairement énoncé, s'appliquant aux sons réels (un piano, une voix, un marteau-piqueur...), ceci ne signifie plus rien lorsque le contenu de l'enregistrement est totalement fabriqué par des êtres humains écoutant sur des haut-parleurs. Là, il est difficile de dire ce que l'on doit entendre et chacun a le droit de faire ce qu'il veut puisque la référence n'existe pas. On peut dire qu'il y a une vérité par personne tant qu'il ne sera pas possible d'affirmer que telle reproduction correspond à la vérité. Il est même possible d'obtenir des résultats meilleurs (subjectivement et seulement pour certains) que dans le studio. Ceci est d'autant plus réalisable que les studios de rock travaillent encore beaucoup avec des Yamaha NS10 et qu'il n'est pas difficile de faire mieux. Au fond, la fidélité du rock, si on cherchait à en trouver une, serait quelque chose de très proche de l'écoute dans le studio de mastering, l'étape finale du disque. Mais là encore, est-ce ce que l'on cherche ? L'avis de ceux qui ont fait la musique serait utile (je parle des gens qui font la musique, pas des autres) car ils sont sensés avoir participé à toutes les étapes de la production.
Par le (très lointain) passé, les studios n'avaient qu'un seul type d'écoute, imposé par le classique et la grande variété (avec orchestres complets ou instruments naturels). Le rock a d'abord été enregistré là-dessus et ce n'est que plus tard, avec l'explosion des radios dites libres, qu'il a fallu surcompresser pour profiter au mieux d'émetteurs qui étaient bridés en puissance. Le commerce et la pub ont une part de responsabilité car mieux vallait porter le plus loin possible, quelle que soit l'incidence sur la qualité sonore. Je me souviens du surcroît incroyable de qualité que l'on optenanit quand on écoutait les disques pop et rock des années 60 et tout début 70 sur des chaînes haute-fidélité qui faisaient merveille en classique. Les Beatles et beaucoup de disques de cette époque (dans les masterings d'origine) sur des quilles Elipson ou des Cabasse.
Pour résumer mon opinion, puisque c'est cela qu'on me demande: la haute-fidélité s'applique aux sons naturels qui ont donc une existence légale car on peut comparer la copie à l'original. Le reste est du domaine de l'audiophilie (qui aime le son) et chacun peut développer une approche personnelle de la reproduction de sons créées de toute pièce. Ce n'est pas moins bien, c'est juste différent mais on n'a pas vraiment d'autre choix.
Que faire dans le cas qui nous est soumis ici ? Je crois que rien ne s'oppose à l'achat d'enceintes fidèles ou estimées comme telles. La compensation nécessaire dans les basses pour écouter du rock de façon Live serait fournie par le caisson. Après, s'il faut écouter un disque très naturel (ce n'est pas impossible malgré tout), il suffira d'éteindre le caisson pour revenir sur des bases fidèles.