Philippe Muller écrit : Si nous nous étions limité à la mesure, nous aurions vraisemblablement choisi un parquet de chêne en faisant confiance aux valeurs indiquées sur les bouquins. Mais chaque bois est différent. Un luthier ne prend pas un épicéa au hasard. Il sonne chaque tronc pour en déterminer le caractère et choisit ceux qui lui font bonne impression.
Et cela ne se fait que pendant une très courte période de l'année pendant laquelle l'arbre est choisi sur pied en tapant sur son tronc puis coupé. Quand je dis très courte, c'est quelques jours dans une année...
Sinon pour le son :
Quand le Carneggie Hall de New York a été restauré : le plancher a été refait à l'identique et les mesures ont bien montré que l'acoustique était restée identique. Et elle l'était pour tout le monde, y compris à l'oreille.
Et voilà que Vladimir Horowitz vient y donner un récital de piano. Il déclare alors que le son a changé, que la salle ne répond plus comme avant...
Tout le monde se fiche de lui : "il a plus de 80 ans, il est gâteux et évidemment à cet âge là on n'entend plus aussi bien"...
Puis, à l'occasion de travaux électriques on est contraint d'aller sous la scène... où l'on découvre que les entrepreneurs, plutôt que d'évacuer les gravats, les avaient en partie bourrés sous le plancher dans le vide entre le sol en béton et lui...
Si dans la salle pour le public donc, si pour les musiciens d'un grand orchestre assis sur leur chaise le son était resté identique, il ne l'était pas resté pour de vieilles oreilles de 80 ans, seul à produire sa sonorité en écoutant le retour de salle et les vibrations qui remontaient du plancher de la scène...
Ce fut un triomphe de plus pour Horowitz...
Alain