J'ai décidé de commenter longuement ces quelques moments parce qu'il se rapporte à 3 objets audio remarquables allant du sublime le Lavardin IT à l'exceptionnel la platine 723 Christian Blérard et les plaques de contreplaqués. La 723CB étant tout juste sorti des cartons et ayant que quelques heures d'écoute, il conviendra de garder une grande prudence sur les appréciations que je rapporterai qui sont les premières impressions d'écoute sur une platine ayant subi une livraison postale le jour même... De ces trois objets audios exceptionnels, il me reste à l'heure d'aujourd'hui un seul... je vous laisse deviner lequel, le moins coûteux et le non moins incroyable .....
.... contreplaqué.
J'ai décidé aussi de poster pour montrer combien il me semble important d'accepter sans détour la critique (constructive) et l'appréciation que d'autres personnes peuvent apporter du fait de leur propre expérience.
L'autoproclamation et l'autosatisfaction étant quelque chose que je répugne et ayant posté quelques threads dont certains pourront reprocher le caractère enthousiaste, il m'apparaissait honnête de convier des témoins à apprécier ce qui a été l'origine de mon trouble et de mon boulversement : l'amplificateur Lavardin IT.
Débutons par le commencement.
Mon ami Devas a été le premier jeudi 1er mai. Etant d'obédience haut rendement et préamplication selfMade à tube et ampli 300B, son expérience de tweaker, concepteur, son avis et ses goûts musicaux m'ont toujours été d'une aide très précieuse. Inutile de lui compter fleurette sur la rapidité des D700, son appréciation délicieuse sur mes enceintes m'a toujours amusé. Pour lui les D700 c'est un peu comme le porridge cela peut être un peu lourd et indigeste et ce n'est pas ce qu'il y a de plus rapide à ingérer. Je me suis toujours attaché à essayer de lui montrer que le porridge ne collait pas tant que cela au fond de l'écuelle. La venue récente du Lavardin IT que lesAiles m'avait prêté en était une occasion d'autant plus qu'indépendamment de toute association je jugeais cet amplificateur comme un produit absolument unique. Inutile également de lui présenter un système anémié, son choix de disques d'électroniques et de style en tout genre auront tôt fait de faire écrouler votre système. Inutile enfin de vouloir essayer d'émousser ses qualités de perception sensoriel où d'influencer son appréciation à coup de bière, l'homme est un breton et à cet égard, sa tenue est à l'image de la tenue du 25 de mes D700 dans le grave. Il pousse même le vice à amener lui même la bière pour calmer d'entrée de jeu les tentatives de lobbying et d'influence insidieuse que son hôte serait tenter d'opérer.
Ayant écouté récemment à deux reprises mon système, Devas était l'homme de la situation, celui qui pourrait décoreller l'apport du Lavardin IT en lieu et place du SimAudio Moon I3 à mise en oeuvre identique et à référence d'écoute stable : la suite vous pouvez la lire en premier message de ce post : http://www.homecinema-fr.com/forum/viewtopic.php?t=29780943&start=0.
Le lendemain, la journée s'annonçait chargée et très instructive. A 11H30, le téléphone sonne. Mon ami PhilDeBrest répond favorablement à mon invitation à écouter le Lavardin IT. Audiophile de longue date, aguerri à l'écoute au casque STAX possesseur d'un merveilleux Sansui AU 999 (et du tuner) et de nombreux systèmes et enceintes Triangles et Cabasse retravaillées et métamorphosées, son appréciation et son extrême exigence sur des critères de clarté et de définition dans le haut du spectre est toujours l'occasion de débat et d'échanges passionnés.
L'écoute fut de courte durée en raison du RDV suivant fixé vers 14H00. Elle fut faite essentiellement sur la symphonie pastorale (version ?). Le couperet tombe de la part de Phil. C'est pas bon, bouché dans le médium aigu bref une écoute à l'anglaise. Il faut dire aussi que son appréciation était celle de l'ensemble du système plus que celle de l'ampli. Cependant, il convient en comparaison directe avec le SimAudio que le Lavardin IT a l'air excellent mais les reproches formulés sur le résultat d'écoute dans son ensemble semblent rédhibitoires à une appréciation des seules qualités de l'amplificateur indépendamment du reste du système. Les débats se font animés mais restent courtois et l'unanimité se fait sur l'acceptation de la différence de critères d'écoute, d'exigence et de perception des timbres d'un individu à l'autre. Cependant sur les écoutes, je commence à mettre le doigt sur un défaut d'équilibre mais le temps court et la discussion ne me permette pas d'identifier clairement le problème. Nous nous quittons mais la trouble est déjà présent dans mon esprit.
En père indigne, il me reste quelques minutes pour résoudre le problème du repas de mes filles. Pour elles, leur père est idiopathe et elles l'ont compris depuis belle lurette et observe avec une extraordinaire acuité le bal des audiophiles de passage à la maison. La grande a même la malice de venir me porter en dérision lors d'écoute. Un sourire béatifié qui m'est adressé, un bisou fait avec emphase, quelques jeu de hanche autour des enceintes et là voilà repartit à ses occupation.
14H30 le RDV est de taille. Pierre (Peter77) est de passage en Bretagne et je me devais de le rencontrer et de lui proposer de venir écouter mon système. Pierre est un tannoyiste de longue date et est en partie responsable de mon achat des enceintes Tannoy D700. Pierre qui plus est, est "tubiste" pratique l'usage de la galette noir (pas celle au blé) et a écouté de nombreux systèmes et de nombreuses associations. Son point de vue allait être fort instructif.
Première rencontre : l'homme est éminemment sympathique, affable alliant discrétion, courtoisie avec cette petite lueur d'espièglerie et de passion que l'on croit deviner au fond de ses yeux. L'homme est également doué d'une forme d'optimisme retenue et de ce petit côté positif qui fait que l'on se sent immédiatement bien confiant et détendu à ses côté. Bref, j'ai l'impression que cela aurait pu être un ami de longue date que je retrouve après quelques années.
Quelques mots échangés avec ses parents charmants et l'occasion d'apprendre de l'avis même de sa maman que Pierre a une bonne oreille. Bref, j'étais prévenu et je n'allais pas m'en tirer aussi simplement...
De retour à la maison, les premières écoutes démarrent sur le Moon I3. Je ne pense pas trahir le message (http://www.homecinema-fr.com/forum/viewtopic.php?t=29780943&postdays=0&postorder=asc&start=15) et la pensée de Pierre en rapportant que la première remarque de Pierre fût relative à la douceur du message global. Les écoutes se poursuivent sur différents disques. Au fond de moi, je ne peux que constater l'étendu des performances d'écoute entre les deux amplificateurs et admettre que quelque chose d'irrémédiable s'est produit mais je ne dis mot. Le deuxième couperet tombe comme un coup de grâce sur mes dernières certitudes d'audiophile en déliquescence. L'image flotte, la profondeur est centimétrique, le son colle aux enceintes à l'image du porridge dans une assiette. Si vous lisez le message de Pierre, vous constaterez avec quelle sens de la mesure avec quelques qualités visant à tirer l'aspect positif de toutes choses, Pierre a mis en avant globalement les aspects positifs plutôt que les défauts de l'installation. C'est en cela que Pierre a été remarquable. Je lui avais demandé de tout dire et il l'a fait sans détour mais avec un sens de la pondération et de l'encouragement tout à fait évidents . Quand il l'écoute Pierre ne dit mot. Quelques mouvements de tête ou battement de pieds trahissent parfois quelques ressentis mais son écoute, ses exigences et son appréciation sont sûres, tranchées et sans détour bref Pierre a entendu suffisamment de Tannoy et a travaillé suffisamment leur mise en oeuvre pour savoir ce que l'on peut exiger de ces enceintes.
Je me propose de déplacer les enceintes suivants les recommandations idéales qu'il formule. Il ne souhaite pas perturber mes repères. J'insiste et nous voilà parti à déplacer les D700. Nous diminuons l'écartement des D700 et les orientons plus parallèles. La profondeur reprend une échelle métrique, l'image commence à se décoller des enceintes mais je retrouve un ressenti de la dissymétrie de la pièce (petite déséquilibre sur la droite). Nous jugeons qu'il est temps d'aborder l'écoute du Lavardin IT.
Immédiatement je retrouve mon constat le Lavardin IT n'est pas un amplificateur au sens commun : l'impression d'une richesse et d'une nuance inouïe, le voile tombe (la couverture devrais-je dire) devant les enceintes. On n'écoute plus les mêmes morceaux. La musique naît dans son infinie nuance tonale et dynamique et dans sa richesse et son naturel. L'impression que l'enregistrement n'est pas amplifié par un amplificateur mais qu'il est simplement reproduit à l'état brut sans aucune altération. Le comparaison est sévère et sans appel non pas que le Moon I3 soit un mauvais ampli (il est tout sauf cela relativement au reste de la production dans cette gamme de prix) mais tout simplement que le Lavardin IT hisse le niveau de reproduction à un niveau jamais que je n'ai jamais écouté à ce jour. Des enregistrements confirment l'incroyable contrôle de l'amplificateur sur les enceintes la basse électrique de Sonny Thomson dans Domimonk (Minneapolis) n'a jamais eu une telle rapidité et tenue une tel slam. Les fulgurances dynamiques de Joe Zawinul dans world Tour confine à l'exceptionnelle.
Entre temps mon frère, lesAiles, arrive. Audiophile/mélomane de moins longue date mais son parcours et son approche de la Hifi sont à l'image de son approche de la vie. Rompu à la pratique de certains arts (martiaux), l'honnêteté, l'exigence envers soi-même et l'humilité concurrent à une approche de la HiFi faite d'exigence du résultat et de recherche d'absence de la tricherie : la reproduction doit être la plus fidèle et comme dans les arts martiaux la musique est astreinte à cette vérité de l'instant et du timing. Sa sensibilité à ces critères font qu'il a une acuité différente et un ressenti presque plus intuitif.
Comme si le coup de grâce n'avait pas suffit, lesAiles, à peine arrivé, note un déséquilibre tonal général du système et une gêne. Il ne me reste plus qu'à aller chercher la cognée dans le garage et faire du bois de chauffe avec mes D700 pour l'hiver prochain...
Conformément Pierre souligne un petit effet darkside. La contre Basse de Ray Brown de You look good to me d'Oscar Peterson est maigre, le toucher des marteaux du piano de Peterson manque d'attaque et de brillance métallique et la montée dynamique est atténué. Les éléments en présence semblent irréprochable mais le résultat n'est pas là. Et la modulation ? Je décide de changer passant de l'argent pur à mes câbles litz. Bingo c'est nettement mieux. Pourquoi que Bibi a de l'argent ? Est-il sourd ? En fait j'ai fait ce choix sur mon ancienne platine et l'adoucissement de l'argent et le dégraissement léger agissait par compensation. Et la compensation, y-a pas bon du tout.
La contre basse prend alors son volume, la scène s'élargit , le piano gagne en visibilité les cymbales retrouvent de l'éclat et de l'attaque, le jeux des musiciens reprend vie. Je trouve en mon fort intérieur un peu trop d'opulence sur la contrebasse et une persistance des résonances de caisse peu naturelle et exagérée et l'on ne retrouve pas le caractère évanescent de certaines résonance de contrebasse.
Le tiercé gagnant... Qui est qui ?
La croupe du tiercé gagnant...
Bref l'après midi se finit sur d'autres écoute avec un sentiment globalement positif mais peut être un petit goût d'inachevé.
La nuit est courte l'arrivée du Lavardin IT a bouleversé tous mes repères. Je ne comprend plus rien à mon système.
Réveil matinal et conseil de famille à deux sur le ton de chuchotements. Il ne s'agirait pas de réveiller le reste de la famille, un incident diplomatique pourrait éclater. L'arrivée de la 723 CB est prévu pour aujourd'hui. Le doute m'envahit.
Mon frère me dit. On va rééquilibrer ton système ! Ah bon dis-je ? A coup de tact, d'équalizer et résonateur acoustique que sais-je ? Non avec du contreplaqué me répondit-il ? Ah bon... On devrait équilibrer le grave, accroître la lisibilité sur tous le spectre et rééquilibrer l'équilibre légèrement descendant. Au bord de la déprime sévère me voilà parti à Bricomarché de bonne heure légèrement sceptique sur l'issue en particulier pour le rendu de l'aigu et le médium aigu. Les découpes faites, me voici de retour : quelques écoutes du système en l'état puis on glisse du contre paqué en 22mm sous les enceintes (sol carrelage et chauffage par le sol). Ouah ! Un petit tour d'Oscar Peterson et déjà la contre basse est métamorphosée : exploration lisibilité avec ce caractère évanescent sur certaines fréquences de résonance plus d'opulence exagérée. Le piano et les cymbales se réapproprie leur timbre. Ne nous arrêtons pas en route. 40mm sous l'ampli et le lecteur mais cela implique de revoir toute la disposition faute de hauteur suffisante. On s'assoit, on écoute on se regarde le constat est édifiant. Mon frère avoue ne pas imaginé un tel effet. Un petit coup de fil à Pierre pour le réinviter à l'écoute du contreplaqué. Je pense que c'est plus l'écoute de ce qu'il y avait dessus qu'il l'a motivé et l'espoir de constater un amélior(dégrad)ation de l'équilibre du système.
L'après midi après quelques tergiversation de phase électrique (j'avais rebranché la platine hors phase), l'écoute de la marche au supplice, du songe d'une nuit de Sabbat de la complainte de Violetta (Anna Moffo dans La Traviata LS Previtali1960) ou dans une moindre mesure celle de The Jocker de Bojan Z dans Transpacific et Ni forte ni fragile (EnzoEnzo Paroli) finissait par mettre tout le monde d'accord.
Pour ma part je n'ai jamais entendu mes D700 chanter de la sorte. L'évidence est maintenant indiscutable : le Lavardin IT est un amplificateur absolument fabuleux divin et magique ma référence d'écoute, le seul et l'unique l'ultime instrument de reproduction en matière d'amplification qu'il m'ait été permis d'écouter à ce jour.
Aujourd'hui, l'ampli est sur la route et le système est muet. La musique résonne dans ma tête et le souvenir vaut mieux que tout le reste.
La suite pour la 723CB prochainement...