» 19 Aoû 2003 23:19
Aujourd’hui, j’ai eu la chance de rencontrer Maxwell Sheffield et Winchestermann, deux piliers du forum Homecinema-fr.com, dans leur jolie région, et de goûter aux plaisirs des enceintes Energy Veritas, raison de l’invitation dont ils m’ont honoré.
L’installation de Max est posée dans une pièce très haut de plafond aux poutres aussi imposantes que belles, qui ressemble à une pièce de grange. D’ailleurs la maison de Max est un magnifique ancien corps de ferme constitué de plusieurs bâtiments aux escaliers usés par le temps, aux pierres massives, qui respirent bon le terroir et représente le fantasme de plus d’un parisien dans sa grisaille quotidienne.
Max est chef d’orchestre. Ca le place dans une des meilleures positions qui soit pour juger de la qualité d’un ensemble de reproduction sonore, et ce qui va suivre montre …qu’il connaît la musique !
L’install elle-même m’a tout d’abord surpris, car j’imaginais, pour ces enceintes, une salle Home Cinéma avec projecteur et écran. J’ai visité la future salle dédiée de Max, et j’ai compris que cette étape, naturelle pour moi, est à venir… prochainement. L’installation, donc, est constituée d’un ampli intégré Denon AVCA1SR, d’une source Denon DVD2900 branchée sur une grosse télé Panasonic Quintrix (probablement la meilleure image télé qu’on puisse trouver), d’un caisson Magnat Omega 380 et d’un ensemble Energy Veritas constitué de deux grosses colonnes V2.4, de deux colonnes V2.3 en surround, et d’une centrale V2.0C, posée un peu haut à mon goût, mais j’y reviendrai.
Nous avons passé plusieurs heures à écouter des tas de trucs, et comme je n’ai pas pris de notes, et que ma mémoire n’est pas très fiable, vous me ferez l’honneur de ne pas me demander ce que nous avons écouté. Ce que je peux vous dire, c’est que ça valait le déplacement, et que je n’ai pas été déçu du voyage !
J’avais entrevu les Veritas dans les locaux de Denon, l’importateur, mais les conditions acoustiques n’étaient pas à leur avantage. Là, c’est une autre affaire.
La scène sonore est étroite, car Max a choisi d’installer un fauteuil unique, bien centré par rapport à l’écran de sa télé, et des deux rails blancs qui servent à protéger ses gros câbles d’enceintes.
J’ai beaucoup aimé l’image sonore, autant vous le dire tout de suite, et j’ai beaucoup aimé les Veritas. Je leur ai fait passer quelques supplices auxquels aucune enceinte ou presque ne résiste, comme le « short dick man » du groupe 20 Fingers, qui descend dans le grave au point de faire mourir les boomers, qui les fait se tordre de distorsion, et me donne généralement envie de changer de morceau. J’en suis resté baba. Comment une enceinte aux HP si petits ont réussi à tenir la puissance sans la moindre distorsion, comment le grave a-t-il été capable de sortir avec autant de fermeté et de présence, même si le bas du bas n’était pas présent comme avec des enceintes équipées de gros HP de 38 cm, ça a été une surprise totale. Toujours est il que je suis resté soufflé. Je ne connais pas d’enceintes qui résistent à ce morceau, et si les V2.4 ont tenu le choc, c’est une prouesse en soit qui les classe illico dans le club très fermé des grandes belles enceintes. Pour exemple, je ne connais pas de B&W qui tiennent ça, ni de JMLab, ni de Kef, ni de Cabasse, ni de Triangle, ni de Tannoy, bref, je n’en connais presque aucune.
Il faut dire que les V2.4 sont des enceintes imposantes, que vous aurez du mal à faire accepter par votre femme, à moins qu’elle soit folle de vous et prête à vous faire plaisir à n’importe quel prix. Elles sont lourdes, denses, pleines, sérieuses, bien finies, mais elles sont en même temps fines d’aspect car très étroites. Elles semblent bourrées de technologie et d’astuces, ce qui les éloignent de ces boîtes à savon constituées de 4 planches et vendues à prix d’or en s’auto proclamant audiophile (et en se payant, au passage, la tête d’innocentes victimes consentantes)
En DVD, j’ai trouvé le message d’une précision étonnante, elles sont claires, précises, bien étagées, et elles ne projettent pas les sons. Le grave est très sec, le médium et l’aigu raccordent bien, l’image verticale, l’aération, la spatialisation, l’étagement des informations de l’ensemble donnent une impression de linéarité plus que respectable. Elles ne sont pas ternes cependant. Et si je cherche à trouver la raison de cette vivacité, je pense que c’est dans un mélange entre leur rapidité exceptionnelle, et peut être une petite brillance dans le médium qu’il faut trouver l’explication.
J’ai trouvé que l’ampli Denon AVCA1SR faisait un travail époustouflant sur ces enceintes, car Denon, comme on le sait, est roi lorsqu’il s’agit de décodage. Ces enceintes étant particulièrement rapides, vives et précises, c’est tout un monde de détails, de micros informations en fines dentelles qui s’est offert à moi. Un régal pour le Home Cinéma ! Du grand spectacle ? Affirmatif !
Nous avons fait des écoutes en SACD, et le Pink Floyd m’a transporté vers des sommets ou je ne suis jamais allé avant, je dois l’avouer humblement. La cohabitation du lecteur, fameux en SACD, de l’ampli, terriblement sauvage en amplification, et des enceintes, si vivaces et précises, m’a fait découvrir une scène sonore qui interdit définitivement à toute installation deux canaux l’appellation stéréo ou Hi fi.
Je crois que le premier morceau était Money. L’enregistrement, vous le connaissez, est bourré de jeux sonores, de bruits de fond, de trucs rajoutés, qui en font un chef d’œuvre intemporel. Là, je l’ai redécouvert comme jamais je ne l’avais entendu. Je dois vous dire que si un pro comme moi, qui a plus de 30 d’expérience, probablement des milliers d’écoutes différentes, vous dise qu’il a redécouvert quelque chose, croyez moi, c’est qu’il en faut, et ça n’arrive pas tous les jours. Ni tous les ans. J’ai fermé les yeux, la scène sonore se développait au dessus de ma tête, le son remplissait l’espace autour et au dessus de moi, montait, passait de l’enceinte avant droite à l’arrière gauche en passant par le plafond, c’était de la pure et vraie magie. Je me suis aussi passé un SACD de Miles Davis, dont la philosophie sonore est toute différente, car le mixage, là, n’utilise les surround que pour reproduire l’atmosphère de la pièce, sa réverbération, son écho. C’était très beau. Très juste, même si là, j’ai souffert un peu de la disposition de l’enceinte centrale, posée un peu haut à mon goût, et dirigée parallèlement au sol. L’image sonore frontale en souffrait un peu, car deux trous sonores sont apparus de par et d’autre de la télé. Max a passé beaucoup de temps à « rôder » ses enceintes, et il ne s’est pas encore occupé sérieusement de placer toutes ses enceintes, ce qui devrait améliorer la scène frontale et arrière. Les enceintes faisaient un travail remarquablement précis et le spectacle était superbe.
Nous avons regardé plusieurs extraits de Gladiator, dont les scènes de bataille et de luttes de gladiateurs étaient absolument magistrales. J’ai cependant une petite critique à formuler à l’endroit de la centrale. Je l’ai trouvée précise, juste et analytique, mais il lui manque ce petit fond de grave qui lui donnerait l’ouverture que méritent les colonnes V2.4. Une V2.2C mériterait d’exister, et je pense que Energy n’a pas osé construire une centrale plus imposante, par crainte d’être impossible à placer dans un intérieur normal. Il faut dire que je suis TRES exigeant sur les qualités requises par une centrale, car celle-ci doit, à mon avis, offrir une image sonore aussi large que celle d’un écran de projection de 2m. Ce n’est pas le cas de cette centrale, qui, par rapport à la magie des colonnes, me semble un poil décalée. Il faut cependant nuancer mes propos en se rappelant que j’écoute en ce moment une CC901 de chez JMLab dans mon install personnelle, et sa taille est très imposante. Elle n’a pas beaucoup de rivales, tant en taille, qu’en prix, qu’en qualité.
Peut être aussi que le déplacement vers le bas de la V2.0C, ou une petite rotation vers la position d’écoute lui redonnerait un peu de dimension.
Tous les films que nous avons passés étaient des moments de beau spectacle. Le mariage Denon/ Veritas est parfait, le mariage Veritas/ Omega 380 un peu moins, car les Veritas sont un peu trop rapides pour lui. Je ne pense pas, mais je ferai des essais, que les Veritas soient à leur aise avec des Rotel, et encore moins avec un ampli de milieu de gamme. Il leur faut du muscle, et la rapidité de leurs haut parleurs demande qu’on s’occupe bien d’elles. Je pense que des amplis numériques aboutis devraient leur convenir à merveille, ou des blocs dans la philosophie et le style Mc Intosh. Coté caisson, je pense qu’il leur faut un modèle plus sec et plus haut de gamme que le Magnat. Probablement un Jamo D7SUB.
Lorsque j’ai repassé mes CDs audio de test, je suis passé de plaisirs en plaisirs. Certes le DVD2900 a montré ses limites en terme de lecture CD, mais que ce soit la voix de Zucchero, celle de Randy Crawford ou de Rebecca Pidgeon, que ce soit en audio, en DVD-Audio ou avec des DVD Chesky, à chaque fois j’ai eu du mal à mettre en défaut les enceintes, quelque soit le genre musical. Enfin… à une exception près. En effet, nous avons passé un CD audio, une interprétation de Also Spracht Zaratoustra par Von Karajan, et là toute la magie s’est envolée. Le son était plat, fouillis, presque sans vie et sans relief, la scène sonore était étroite et triste. J’ai pensé attribuer cette déception à la source, et je ne démords pas de cette idée, mais ce n’est pas tout. Le placement des colonnes, la relative froideur des enceintes, celle de l’ampli, je crois que c’est un peu tout à la fois. J’ai coupé court assez rapidement, ce n’était tout simplement pas bon. Il n’y a qu’en réécoutant ces enceintes sur un autre ampli, avec une autre source, que je pourrais savoir si elles ne sont pas à l’aise avec de la musique classique, ou si le lecteur ou l’ampli ou les deux sont en cause. Pour l’heure, je suis repassé à d’autres morceaux, d’autres DVD-A (celui de Freddy Mercury a confirmé ma préférence pour le SACD, pour sa maturité et sa finesse de gravure, sa dynamique et sa spatialité), et tout a toujours été propre, précis, ouvert, ferme, profond, et rapide, très rapide.
En conclusion, j’ai trouvé que ces Veritas sont de vraies aubaines pour leur prix, que je trouve étonnement raisonnable quand on les a sous les yeux. J’ai trouvé leur image sonore précise, vivace, ouverte, ferme dans le grave, et d’une rapidité qui convient à merveille à une écoute Home Cinéma haut de gamme. Les colonnes V2.3 sont un must en surround pour une grande pièce, et pour une petite pièce, je pense que les V2.2 seront parfaites. Les V2.0R réglées en dipolaires doivent procurer un effet surround arrière impressionnant, et je suis impatient de les écouter aussi. Si je devais faire une critique ou deux, je dirais que la centrale est un poil creuse, et qu’un brin de volume sonore pour lui donner de l’ouverture et du grave ne lui ferait pas de mal.
Je remercie encore une fois Max pour l’excellent moment que j’ai passé en sa présence, et pour m’avoir si gentiment invité à découvrir son installation. Je remercie aussi Winch pour son accueil, toujours sympathique. J’ai passé une excellente journée à Dijon, j’ai passé un excellent moment d’écoute, et j’ai apprécie la maîtrise de Max pour son install. Il sait de quoi il parle, il connaît la musique, il connaît son matériel, et il sait avancer à pas mesurer vers l’excellence. Tout le monde peut en prendre de la graine, c’est un exemple à suivre !
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JPG le 20 Aoû 2003 8:13, édité 1 fois.