» 01 Avr 2003 20:41
Un copier-coller de mon CR du w-e posté sur le forum d'à coté.
Alors c'est à mon tour de donner mes petites impressions très personnelles de cette journée fort mémorable.
Tout d'abord un grand merci à tous ceux qui se sont démenés pour la réussite de cette journée, trop courte (malgré le changement d'heure) : Raoul, kifs, Dan, Jean-Marie, et tous les travailleurs de l'ombre qui se reconnaitront.
Une journée à peine assez longue pour pouvoir rediscuter avec les anciennes connaissances, et trop courte pour en faire de nouvelles (Pierre Lacombe, où vous cachiez-vous ?). Une journée trop courte aussi pour toutes les écoutes que l'on aurait voulu faire, et dans les conditions que le système HR présenté méritait.
Pour ma part, j'aurais bien voulu essayer le convertisseur DIY de JPBorde en face des lecteurs de CD comparés, avec l'Audiofolia en préamp. J'aurais bien voulu comparer les câbles quarts d'onde, pour en avoir le coeur net sur leur effet (Toan, si tu me lis ? ;~) ). J'aurais aussi voulu que l'on mette le Sham préamp (Audiofolia, très musical) bien plus tôt dans la journée, les différences entre les sources auraient été amha bien plus flagrantes qu'avec le Kanéda. Au passage, mon tiercé gagnant est Sony à tubes et 723 Blerald ex aequo, loin devant le Vecteur.
Et puis j'ai quand même réussi à rater l'écoute des Goto, ainsi que du Tascam+converto+clock distribuée.
Mais comme on dit, avec des si... Bref, des regrets, mais de bons moments aussi, je ne vais pas bouder mon plaisir. Le plaisir des discussions rigolardes autour de la table. Le plaisir de voir tant de gens animés de la même passion, qui assis, qui debout, faisant abstraction d'un relatif inconfort, se taire et ouvrir leurs oreilles. Le plaisir d'écouter le système HR de Raoul drivé par le petit Joker de Xav et le préamp de Sham.
Maintenant, pour le plaisir de tous ceux qui ont raté le spectacle (il n'y aura pas de deuxième) : ma rencontre pour le moins mouvementée avec l'ayatollah Cochetny.
Il faut dire que dès le début, c'était assez mal parti.
Le monsieur et moi ne sommes pas vraiment faits pour nous entendre : comme Pierre Lacombe, je ne supporte pas les gens qui s'écoutent parler.
C'était d'ailleurs bien dommage pour la musique, car le petit système, ne présentant pas de qualités ni de défauts particuliers, était homogène et ne se débrouillait pas mal du tout dans l'ensemble (mais il faut rappeler qu'un système comme celui qui était présenté est autrement plus facile à mettre en oeuvre qu'un gros système). Ce qui m'avait attiré dans la pièce Cochet, ce n'était pas tant le son que la musique qu'on était censé y écouter. Car il faut bien reconnaître qu'à coté, musicalement parlant, à part les rafraichissantes "Folia" espagnoles du matin (en vinyle), ce qui passait n'était pas vraiment ma tasse de thé, et parfois digne des pires démonstrations de salon. De plus, jusqu'à l'insertion du préamp Audiofolia, il était bien difficile d'obtenir 3 minutes de silence d'affilée.
Donc, pour se reposer du brouhaha sympathique mais empêchant le plus souvent une écoute sérieuse, un petit tour à coté s'imposait.
Mais à mon grand dam, il s'avéra bientôt qu'il était tout aussi impossible d'y écouter de la musique, car celle-ci était constamment ponctuée de commentaires entendus du style "vous voyez là, la supériorité incontestable du CD sur cette merde" ou "écoutez-moi cette flute, quelle aération ! malgré le lecteur assez modeste, pas comme sur cette merde de... ", et patati et patata (je dois avouer qu'il m'est tout-à-fait impossible de reproduire fidèlement le style inimitable du grand bonimenteur qu'est Y. Cochet). Bref, ce qui est insupportable à mes oreilles dans n'importe quel magasin de hi-fi, l'était encore plus lors de "l'écoute" Cochet. Malgré tout, ne connaissant pas le monsieur, je pensais pouvoir discuter avec lui. Hélas, trois fois hélas, je n'étais pas "au courant" (comme dit Jean Besançon) !! Car pour rencontrer monsieur Cochet, il convient d'être "au courant" (sous peine d'électrocution ? Jugez vous-même).
Persuadé de la supériorité du SACD sur le CD, je proposais d'écouter le "Chant de la Terre" par Boulez que Cochet possédait en CD et en SACD multicouches. Celui-ci, tout en alignant les banalités sur l'interprétation boulézienne et sur la direction d'orchestre, s'exécuta volontiers, voulant en profiter par là pour démontrer à l'assistance que non seulement la couche CD était à l'évidence très inférieure à la couche SACD, mais que de plus, le CD était supérieur au SACD. Le problème avec Cochet, c'est qu'au lieu de se taire et de laisser les gens juger, il commence par énoncer les Dix Commandements, et ensuite seulement, il lance "l'écoute", qui est immédiatement hachée menu, puis littéralement broyée par le moulin à paroles.
Donc, on passe le CD. Ok. Puis vient la couche CD du SACD. "Vous allez voir comme c'est bouché". Immédiatement, le couperet tombe, la cause est entendue, "c'est nul, bouché, pas naturel". Bon. Vient le SACD. Cochet entend une scène sonore réduite, des timbres pathétiques, des cuivres inexistants, et que sais-je encore. Le problème, c'est que je préfère le SACD, je suis apparemment le seul à préférer le SACD (parmi ceux qui se sont exprimés, la majorité n'ayant pas donné son avis). Incontestablement, ça sonne différemment, même si la différence est moins flagrante que chez moi (sans doute à cause de l'acoustique de la pièce, et je soupçonne une moindre transparence du système). Pour moi, comme à chaque fois, le SACD est supérieur, une fluidité vinylique que reconnait Cochet (mais le vinyle "c'est de la merde"), des timbres de cordes très largement plus fouillés, une aération supérieure. Par contre, une impression de suivre plus difficilement l'ensemble, que les instruments sont plus espacés, voire plus détachés, en fait, l'impression d'être plus près des instruments au détriment de la cohérence d'ensemble. Une écoute "déconcertante", pour ainsi dire. Ce que j'exprime par le fait qu'"en CD, on est comme au 5e rang, et on entend quelque chose de plus proche du concert, en SACD, on est plutôt à la place du chef d'orchestre".
Réponse Cochet, apparemment typique :
"vous avez souvent été la place du chef d'orchestre ? Vous n'y connaissez rien.C'est typique des gens qui ne connaissent pas la réalité. Moi, monsieur, je connais cette partition par coeur (à la note près ?), j'ai écouté plusieurs fois le Philharmonique de Vienne (moi aussi, mais étant sourd et inculte, à quoi bon avoir gaspillé mon argent au concert ? ;~) ), alors les gens qui ne connaissent rien à la musique... et puis je connais au moins cent musiciens du même avis (mais je pourrais sans difficulté en trouver cent autres d'un avis différent)..."
Et voilà, pauvre ignare que je suis, je n'ai plus qu'à retourner à mon rap de banlieue !
Ne me laissant pas démonter, je redemande à écouter pour comparer les points de vue. Mais au point où en sont les choses, ça devient totalement impossible, car le mixer à paroles est passé à la vitesse supérieure. Malgré tout, sans doute plus par défi que par conviction, je corrobore mon sentiment initial. Malgré la tentative désespérée d'intervention de Jean Besançon qui voit le désastre arriver, l'ayatollah entame l'un de ses prêches enflammés dont il a le secret. S'ensuit une espèce de logorrhée qui me rabat les oreilles, et qui se conclut par un monumental "Et puis de toute façon, si ça vous fait chier, vous pouvez sortir !"
Là, je me dis que la discussion étant visiblement terminée, il ne serait pas plus mal de retourner à la civilisation.
M'y rejoignent bientôt quelques auditeurs ébahis, comme Bernard Lanneluc et Jean Besançon (qui semble avoir mis son casque bleu pour essuyer la seconde salve), et on se met à en rire, car il faut bien l'avouer, sur le moment, c'est assez stupéfiant, mais a posteriori, c'est quand même un grand moment de rigolade.