Les compte-rendus de concerts sont plutôt rares, tout comme ceux d'écoute de disque, et c'est bien dommage. C'est certainement un exercice difficile, mais très intéressant et instructif. Comme ce mois-çi je me fais une overdose de musique live (au moins 8 concerts) je me lance dans cet exercice perilleux à l'occasion du festival de jazz Banlieus Bleues. J'ai prévu 5 concerts dont j'essaierai de vous rendre compte au fur et à mesure.
Pour aujourd'hui voici les 2 premiers concerts auxquels j'ai assisté :
6 mars, à St Ouen
première partie : trio Bernard Lubat (piano, batterie), Bruno Chevillon
(contrebasse), François Corneloup (sax)
C'est l'ouverture du festival, et ça commence fort. Un trio extraordinaire,
1 heure de musique non-stop. Au début, du bruitage : Chevillon fait
tournoyer le micro de sa basse, Lubat martéle les cordes du piano. C'est
libre, ludique. Puis peu à peu la musique s'installe, et ça swingue. Les
trois musiciens se défoncent. Lubat d'abord au piano, puis il passe à la
batterie. Il mouille ses vétements (et c'est peu de le dire). Mais c'est
Chevillon qui m'a le plus impressionné. Incroyable ce qu'il fait avec son
instrument. Il le frotte, le frappe, le malméne, avec un archet, des balais. Avec ces trois là, la
musique est aussi un spectacle visuel; c'est une musique du corps,
impossible de rester impassible. J'arrête pas de me remuer sur mon
fauteuil. Je n'arrive pas à comprendre ceux qui écoute cette musique sans
bouger. Pour finir, un rappel; et ils nous préviennent 'Attention, soyez vigilent'. En effet, le morceau dure une à deux minutes, en clin d'oeil. Excellent concert.



Pour découvrir Bernard Lubat sur disque, un cd génial : Compagnie Lubat
"scatrap jazzcogne" ; et il a accompagné plusieurs grands du jazz,
notamment Stan Getz (double cd "Dynasty"). Je ne connais pas de disque sous
le nom des 2 autres musiciens. Mais je crois que Chevillon a beaucoup enregistré en temps que sideman.
deuzième partie : Art Ensemble of Chicago. Groupe emblématique du free
parait-il, depuis les années 70. Je ne connais pas du tout, mais à lire
l'article de Francis Marmande dans Le Monde, il faut vraiment y aller... et
c'est la cata !!!


plutôt sympathique : 4 musiciens avec des tenues extravagantes, l'un
maquillé en chat, un autre avec des clochettes aux pieds. Des instruments
insolites : une batterie de cloches par exemple. Ca va être festif. Et paf,
la baudruche s'est dégonflée et moi leur zique ma franchement gonflé

ont l'air d'avoir oublié ce qu'est la fête; musique gratuite, sans fond,
sans but, sans joie; un solo au sax interminable et particuliérement
énervant où on boucle sur la même séquence, comme sur un vinyl rayé. Un ami
qui connait personnelement 2 des musiciens en a été tout retourné, il ne
comprend pas, ce n'est plus eux.
10 mars, à Pantin
première partie : duo Jason Moran (piano) et Greg Osby (sax alto). Deux
très très bons musiciens noirs américains de la nouvelle génération.
Musique moderne mais remplie de tradition. Jason Moran au piano m'a
particuliérement intéressé. Jeu vif et puissant; remontant très loin dans
l'histoire du jazz, on y trouve des réminiscences de plusieurs styles et
pianistes tout en étant personnel. Il faudra que je me penche sur son
oeuvre enregistrée.
deuzième partie : The Cosmosamatics. 4 musiciens : basse électrique,
batterie, 2 soufleurs (sax alto, baryton, soprano; clarinettes) dont Sonny
Simmons, ex-avant gardiste du jazz dans les années 50/60 (il a joué avec
Ornette Coleman, Eric Dolphy). Je trouve que sa musique sonne plutôt
(maintenant) arrière-garde : elle est en prise direct avec le hard-bop et
le free d'il y a 40/50 ans, sans rien apporter de plus, sans beaucoup
d'originalité à mon avis. Concert sympa sans plus.
Voila c'est tout pour aujourd'hui. prochain concert vendredi. Et un CR si vous étes sage et que vous en redemandez.
Olivier