TODD-AO a écrit:J'ai lu avec intérêt les commentaires de haskil et de polonski.
Sans être d'accord sur tout, je vous remercie tous deux d'élever ainsi le débat.
IL va sans dire que je suis d'accord sur le fond avec Polonsky. Ce que j'exprimais, c'était la descritption de ce que je lis, et vis de l'intérieur.
Ce que Polonsky écrit ici :
Il n'y a pas d'opposition entre "art" et "divertissement", mais simplement une différence entre la "visée" et la "fonction" de l'oeuvre cinématographique.
Est assez juste sur le fond. Cependant, Polonsky qui connaît la musique, sait que Schumann, en tant que critique (d'une certaine façon il l'a inventée comme système de pensée et idéologie, à mon sens néfaste) a opéré une opposition entre art et divertissement... (pour aller vite, mais pas tant que cela).
Cependant, la critique de cinéma que je lis refuse, dans l'immense majorité des cas, de prendre cela en compte.
Ou plutôt, elle l'applique avec une rigueur qui se nourrit du présupposé et de l'idéologie.
Et non de l'intelligence de ce qu'ils regardent.
Elle porte avant tout des jugements de valeur fondés sur des choses qui sont parfois étrangères à l'oeuvre elle-même : il leur faut défendre une éthique (Schumann) et des lobbys de pensée (survalorisation de ce qui est pauvre, étrange et entre dans leurs cases).
Ce qui est intéressant si l'on rapporte cela à la critique de musique, serait que "les apprentis aristocrates" critique des musiques populaires ont recréé dans l'univers des musiques qu'ils ont à traiter des sous catégories fondées sur des jugements de valeurs, des échelles qualitatives, qui sont intéressants à observer. Et ils ont bati un discours historique qui est la caricature de celui développé par la critique musicale classique (qui n'est pas fameuse non plus !), alors que souvent leur culture musicale est d'une pauvreté sidérante dès qu'on sort de leur domaine. Quelques-uns y échappent, rares...
Et c'est ainsi qu'il faut parfois que ce soit un spécialiste de musique classique ou de jazz qui n'a pas besoin de jouer les "apprentis aristocrates" car il n'a pas à prouver que la musique dont il parle est importante (et ce à tort ou à raison) qui se charge de publier un papier sur tel ou tel artiste de variété apprécié du public auxquels ses collègues des musiques populaires ne veulent pas consacrer d'articles
Car il y a l'identitication du critique aux oeuvres et artistes dont il parle (il ne saurait être question que le critique de variétés parle de tel ou tel) et interaction du milieu sur son travail ("comment as-tu pu publier un article "sur ça"? lui diront ses confrères travaillant dans d'autres publications).
C'est ainsi que j'ai vu l'un des critiques de musique classique les plus raffinés en terme de goût, les plus savants que j'ai pu fréquenter au boulot, se lever dans une réunion de rédaction, et dire, vu que personne, parmi les critiques de musique populaire ne voulait en parler ("elle est c.onne Celine Dion et en plus elle chante mal"), "je vais y aller, moi, faire la critique du récital de Celine Dion. Je trouve qu'elle chante très bien...". Il y est allé, le papier a été publié... excellent !
On voit cela sur le forum HCFR dans le dédain affiché de façon ostentatoire par certains forumeurs pour les chanteurs de la star académy...
Et c'est ainsi que j'ai vu un journaliste ouvertement homosexuel se lever en conférence de rédaction et dire, vu qu'aucun critique de cinéma ne voulait parler d'un festival de cinéma gay et lesbien de peur d'être identifié au sujet dont il allait parler : "Bon, ben, le PD de service va faire le papier, tant mieux pour les lecteurs, j'ai une aussi grande culture cinématographique que la votre et pourtant je ne sais pas ce qu'est un film lesbien ou gay..."
Le premier tort des critiques de cinéma a donc été de penser qu'il fallait entrer dans le jeu des promoteurs du festival et sans doute des réalisateurs des films : à savoir qu'en réalité ces films ne sont pas gays et pas lesbiens...ce sont des films...
Pour Eastwood : Polonsky, Colette Godard n'a simplement pas usé d'arguments extérieurs aux films qu'elle critiquait, comme l'ont fait trop de ces confrères. Et en ceci, elle ne peut pas être passée à côté du réalisateur Clint Eastwood... Idem de Robocop...
Le préformatage idéologique de la critique de cinéma est parfois terrifiant de naïveté et de prétention.