Mieux vaux tard que jamais... Vu à l'instant....
Que dire... je suis vachement partagé en fait....
Ce n'est pas un mauvais film, c'est peut être pas tout à fait ce que j'attends d'un Bond...
Si tant est que j'attende quelque chose d'un Bond depuis la remise au gout du jour du film d'espionnage avec le premier film de la saga Bourne.
A l'époque justement plus personne n'aurait osé sortir un film d'agent secret sans friser le ridicule qui était déjà totalement dépassé depuis quelques films de Bond (les diamants dans le visage du "bad guy" de Demain ne meurt jamais avait placé la barre tellement haut faut dire...).
Du coup Jason Bourne est passé par là et les "décideurs" qui financent la saga Bond ont enfin compris qu'il fallait faire quelque chose pour ne pas définitivement finir relégué au rang de produit kitsch et immédiatement daté...
Et le miracle s'est produit !!!
Casino Royale est un véritable coup de maitre, il dépoussière le héros caricatural pour nous en livrer une version mise au gout du jour, exit l'Irlandais Pierce Brosnan (un comble
), le réalisateur a pour l'occasion de sa refonte casté le "so typically british guy" en la personne de Daniel Craig.
Une vrai renaissance du patronyme avec sans doute le plus anglais des anglais. Un flegme et une classe hallucinante pour cet acteur rescapé d'un paquet de film ou il avait effacé jusqu'à ses signes distinctifs... James Bond l'a sauvé de son "anglitude"...
Brutal, musclé, mature, le Bond nouveau était une réécriture de la saga et du mythe vers quelque chose de plus transposable dans notre époque et dans nos codes contemporains (le coup de la voiture qui disparait dans Demain ne meurt jamais, c'était juste pas possible...
)
Le problème c'est qu'à trop pousser dans cette voie l'exercice d'équilibriste s'avère extrêmement périlleux, à trop "déshabiller" Bond de ce qui fait un Bond on se retrouve, après le très mauvais Quantum Of Solace, avec un film qui n'assume plus le côté dandy du héros qui évolue dans un univers luxueux un peu décalé et donc romanesque....
Du coup on se retrouve avec un produit bancal qui hésite sans cesse entre ce qu'a dessiné la saga Bourne => ...et le côté théatral et excessif d'un Bond. Le coup de la brêche ouverte par une bombe placée par un type qui était au mitard depuis 3 plombes, pile poil au bon endroit pour faire tomber un métro.... come on.... !!!!
C'est du Bond quoi.....
Et on est sans cesse balloté au sein d'une échelle de référence à géométrie variable qui oscille entre :
"C'est énorme mais c'est pas grave c'est du Bond" => à du "C'est hyper sérieux là attention on déconne pas...."
Sans rire, un gars qui court 1000m avec un costume 3 pièces Tom Ford et des chaussures Church au pied, ça tient pas la route 1 seconde... Quand je suis à la bourre au mariage de ma soeur, faut pas compter sur moi pour courir 10 mètres dans la même tenue...
Heureusement qu'il y a marqué Bond sur l'affiche en somme !!!
Et du coup ce côté schyzophrène du scénario et du parti pris du réalisateur laisse un peu perplexe... On sait plus trop ce qu'on est en train de regarder.
Cela culmine d'ailleurs dans une scène finale qui rappelle furieusement le côté analytique et sans emphase du "siège de la ferme" dans la Mémoire dans la peau avec la citerne de gaz qui explosait alors sous les balles du fusil de chasse de Matt Damon... c'était il y a 10 ans et on découvrait que le genre de l'espionnage entrait dans notre époque... étrange coïncidence.
Je veux bien croire que Sam Mendès soit allé piocher là dedans tant il semble plus soucieux de soigner ses images que de construire quelque chose qui a une identité propre et qui assume son passé sans le renier pour avancer vers quelque chose de nouveau.
Je me suis notamment fait cette réflexion sur le plan avec le reflet dans le rétroviseur de l'Aston Martin des mercenaires qui débarquent à la vieille masure pour tout faire péter.... Attends c'est quoi là, un tuto de phototech ?....
Daniel Craig est impeccable... Je pense même qu'il porte un peu le film.
En gros sans lui je décrochais à plusieurs reprises.... Dommage.
Le réalisateur a surtout la chance de pouvoir capitaliser sur une partition au thème qui nous transporte immédiatement dans l'action, cette variation musicale qui instaure immédiatement une ambiance, la VRAIE grande idée de Bond, celle qui dure depuis 50 ans et qui contribue à nous faire "gober" cet univers un peu farfelue mais un peu magique aussi.
Petit apparté Daniel Craig, c'est vrai que pour l'avoir vu dans sa version française doublée il fait un peu "officier nazi dans les Aigles Attaquent" sur le retour et je comprends la levée de bouclier qu'il y a eu à l'époque.
Ceux qui n'ont pas vu "Layer Cake" ou qui le découvrent privé de ce qui fait son identité impossible à contester quand on l'entend s'exprimer dans sa langue natale, sont tout à fait inspiré de continuer à critiquer ce passage de relais tant Pierce Brosnan était de surcroit doublé par un type assis dans un canapé en train de siroter un whisky et de lécher chaque consonne qu'il prononçait avec une voix de biche....
Bref moi personnellement je préfère ce choix là, c'est bien je pense la seule et unique raison qui me poussera à aller voir la suite puisque comme ils disent à la fin, Bond will return....