Réalisation : François Truffaut
Scénario : Jean Gruault , d'après la nouvelle "The Altar of the Dead" de Henry James
Genre : Drame
Durée : 94 min
Date de sortie : France : 5 avril 1978
Distribution : François Truffaut (Julien Davenne), Nathalie Baye (Cecilia Mandel), Jean Dasté (Bernard Humbert), Patrick Maléon (Georges), Jeanne Lobre (Mme Rambaud), Antoine Vitez (secrétaire de l'évêque), Jean-Pierre Moulin (Gerard Mazet)
Synopsis : "Julien Davenne vit dans le culte de sa femme décédée, à qui il a consacré une chambre de sa maison. Après la destruction de la "chambre verte" par un orage, il rénove une chapelle en ruines pour y célébrer la religion des morts." (source Le Monde)
Julien Davenne, interprété de manière très émouvante par François Truffaut, ne peut oublier la disparition de son épouse Julie. Il continue à lui vouer, 7ans plus tard, un amour sans limite et sans faille.
Peiné de la rapidité avec laquelle on oublie les défunts, il décide de leur consacrer un lieu, afin d'y laisser brûler la flamme de leur souvenir toujours vivant.
Lorsqu'il rencontre Cécilia, elle-même touchée par la mort de proches, il croit trouver en elle la justification de son projet et la force de le mener à terme.
Mais Cécilia croit en la vie et pleure l'amour qu'il refuse de lui offrir...
La Chambre verte, de par son thème poignant autant que par la puissance de sa mise en scène est peut-être le film de Truffaut qui m'a le plus émue et imprégnée de son atmosphère, oppressante et tragique.
Le duo Baye-Truffaut, incarnant le mythe d'Eros et Thanatos (comme il est de bon ton de l'exprimer dans les milieux cinéphiles "pointus"
), est un duo qui exprime avec beaucoup de subtilité mais de force la lutte entre pulsions de vie et de mort.Leurs échanges ont une puissance mélancolique vertigineuse.
Cette fois encore, je n'ai eu de cesse de savourer le stylisme du réalisateur, d'une grande cohérence avec le récit. Le travail de la couleur (pour citer mon péché mignon, une fois de plus), cher à Truffaut, est ici encore finement approfondi pour soutenir le propos : "monochromatisme, ambiances nocturnes, usage de cadrages serrés et refus de plans d'ensemble qui introduiraient la diversité colorée du monde" (source Cahiers du Cinéma)
On m'opposera que ses images et ses valeurs ont vieilli.
A ceux-là, je dirai que c'est un film qui m'a laissée profondément songeuse, parce qu'il va effectivement de manière certaine à l'encontre de notre société de consommation rapide et d'oubli instantané.
La Chambre Verte est un film de valeurs essentielles, un film d'amour, de fidélité et de respect.
"Ce n'est ni déprimant ni morbide, ni triste. C'est l'idée que la force du souvenir, de la fidélité et des idées fixes est plus forte que l'actualité. Ne pas se détacher des choses et des gens dont on ne parle plus : continuer à vivre avec, si on les aime. Je refuse d'oublier" (François Truffaut)
J'aimais bien. C'était au temps où j'aillais au cinéma... 
