» 12 Aoû 2014 16:03
Comme, hélas, beaucoup de comiques, Robin Williams souffrait de dépression ou de trouble bipolaire. C'était quelqu'un bourré de doutes et de hantises qui trouvait surtout le réconfort en obtenant du public la chose difficile à simuler : le rire. D'où ses efforts constants, au delà du raisonnable, pour arracher un sourire aussi bien dans un resto devant quelques personnes qu'en mondovision aux Oscars ou sur un plateau de cinéma.
Ses rôles dramatiques mettaient d'ailleurs en valeur cette facette sombre, en représentant un homme pas drôle du tout qui restait dominé par ses obsessions.
La cocaïne avait failli couler une première fois sa carrière au début des années 80 (au moment de Popeye), d'autant plus que la drogue ne réglait pas ses problèmes de dépression, mais finissait par les accentuer. Il avait arrêté la drogue, puis il était revenu lentement au sommet, au début des années 90, mais à ce moment-là, il avait enchaîné les rôles phares, avec Peter Weir, Barry Levinson ou Disney. Puis, le cinéma l'avait transformé en tête d'affiche à la Eddie Murphy (ou à la Jim Carrey), lui réservant des rôles grimaçants où il finissait par taper sur les nerfs.
C'est plutôt du côté du cinéma d'auteur ou indépendant qu'il avait eu des rôles à sa mesure depuis 15 ans, avec des comédies noires ou des drames mélancoliques.
Il avait cependant conservé cette capacité à surprendre. On pouvait être blasé par son numéro quand il était invité quelque part, mais il y avait toujours un moment où il arrivait à exprimer une pointe de vulnérabilité ou de délire, et à faire partir la scène ou l'interview dans une direction totalement imprévisible. Il était par exemple encore très bon dans Louie, il y a deux ans, dans l'épisode "Barney / Never". Au début, on se dit : "Tiens, le figurant ressemble à Robin Williams". Puis c'est : "Bon Dieu, mais c'est Robin Williams !"
Il avait cette année joué dans une sitcom, "The Crazy Ones", qui avait été arrêtée faute d'audience. Il avait eu à nouveau des problèmes de dépendance ces dernières années, et il était notamment parti en cure de désintox le mois dernier à titre préventif : il craignait de retomber dans ses vieux démons.
C'est extrêmement triste pour lui et sa famille, mais c'est un homme qui était parvenu à nous faire rire énormément parce que c'était son moyen de lutter contre l'inquiétude et le désespoir.