Bonjour,
Voici donc l'histoire d'un piano. D'un piano pas comme les autres. D'un piano qui a été fabriqué en 1835 par le célèbre facteur parisien Erard (chez qui un feu oncle parisien avait appris son métier avant d'être accordeur).
C'est ainsi que débute l'article paru dans Nice-Matin hier. A part bien sûr l'allusion personnelle. Que La Fontaine aurait pu intituler : La fable du piano et du jardinier.
Daté du 23 octobre 1835, on sait qu'il fut entre les mains d'un des amis de F. Liszt, le chef d'orchestre Julius Benedict qui à l'époque fréquentait la Malibran.
Un aristocrate russe fut ensuite propriétaire de ce piano qu'on retrouve dans une maison de Levens (près de Nice) où habitèrent deux personnes assez connues de la région que furent Jean Spada, entreprise de BTP, et, Francis Cresci fondateur de plusieurs Pizzerias à Nice et Cannes.
En septembre 2008, la villa est mise en vente. Des hommes d'affaires en deviennent propriétaires et ordonnent au jardinier de se défaire au plus vite du mobilier et de - détruire à la hache le piano - qui encombrait et devait - se trouver à la décharge le soir même -
Bien que n'étant pas musicien, le jardinier avoue avoir ressenti qu'on le poussait à commettre une sorte de crime. Que cet instrument lui parlait (à quelle personne ?
). Qu'il avait une âme. Qu'il devait continuer à vivre.
Il se refusa donc à l'abattre et appela le maire.
Ce dernier envoya des employés municipaux dans l'après-midi et le piano Erard disparut clandestinement de la vue des hommes qui s'occupaient de la vente de la villa.
Le piano Erard était sauvé.
Ensuite, poursuit Nice-Matin, deux mélomanes levensois, Gérard Saint Guirons, musicien et musicologue et P. Baillet ex-directeur régional de l'EDF eurent l'idée de créer autour de lui un festival consacré à Liszt.
La municipalité alloua une somme de 13000€ afin que le piano soit restauré dans des ateliers de restauration à Etobon en Haute-Saône.
La caisse en acajou flambé a repris ses couleurs d'origine. L'ivoire des touche retrouvé son éclat. Les marteaux ont été recouverts de peau, comme à l'origine. Les cordes se sont remises à chanter.
Si cet article est signé André Peyregne (bien connu dans le milieu musical). Quelle morale en aurait tiré notre grand fabuliste ?
En tout cas, en cette occurence, il se pourrait bien que le "petit" jardinier se soit bien mieux comporté et ait été plus avisé que ne l'ont fait ou que l'ont été ces "grands" hommes d'affaires.
Et que lui, le jardinier, mérite dorénavant de tutoyer les muses de la musique.
Bonne journée.