LeBob a écrit:A nouveau, j'adresse un grand merci à DTSman.
LE BLANC DIFFUS : CLEF DE VOUTE DU CALIBRAGE HDR ?
Dans le chapitre 13 (EOTF HDR) du tutoriel de DTSman, il est question du paramètre Diffuse white, soit blanc diffus en français.
En complément du travail considérable accompli par DTSman, je vais vous décrire comment j'aborde la notion de blanc diffus et comment je l'ai mise en œuvre de façon très concrète.
Il y aura donc 2 parties : une 1ère partie plutôt théorique se finissant par une conclusion introduisant la 2ème partie, consistant dans la mise en pratique sur mon installation.
1ère partie : approche théorique du blanc diffus.
La notion de blanc diffus apparaît dans la recommandation BT.2408 de l'IUT - ceux-là même qui ont établi les recommandations BT.709 et BT.2020 - sous le nom de HDR reference white.
Cette recommandation BT.2408 est à utiliser en complément des recommandations BT.2100 et BT.2390.
Je pense que c'est la raison pour laquelle les concepteurs de ColorHCFR ont introduit ce paramètre de blanc diffus dans le logiciel.
Homecinéphilement,
LeBob
Qu'est-ce que le blanc diffus ,
En optique, on distingue deux réflexions de la lumière : la réflexion diffuse et la réflexion spéculaire.
Pour faire simple, la réflexion diffuse signifie que les rayons lumineux qui frappent un objet, une matière sont réfléchis dans toutes les directions. C'est très exactement ce qui se passe, et ce qu'on en attend, avec nos écrans (standard) de projection.
La réflexion est qualifiée de spéculaire lorsque les rayons sont réfléchis dans une seule direction. Le parfait exemple est un miroir. Un autre exemple, plus intéressant, est le reflet du soleil ou d'une lampe sur un élément réfléchissant d'un objet du quotidien.
Prenons un exemple. Il s'agit d'une scéne dans laquelle apparaît une rutilante voiture décapotable genre MERCEDES 250 SL de 1963 de couleur blanche.
Comme dit (et ce n'est pas pour rien !) elle est rutilante : sa carrosserie blanche est immaculée et elle scintille de milles feux, ses chromes sont brillent de tout leur éclat.
Le blanc de sa carrosserie (hors reflet du soleil) est le blanc diffus de la scène.
Les reflets éclatants du soleil sur les chromes et les éléments de carrosserie sont dues aux réflexions spéculaires et seraient même presque éblouissants si on s'approche trop près.
Voilà, vous savez ce qu'est le blanc diffus et à quoi servent les hautes lumières du HDR. Le blanc diffus, c'est pour fixer le niveau de luminosité des grandes surfaces lumineuses d'une image, SANS ETRE EBLOUI !
Le surplus de lumière, c'est pour les toutes petites zones d'image. En SDR, ces toutes petites zones seront un peu plus lumineuses; en HDR, ces zones seront beaucoup plus lumineuses.
Luminance du blanc diffus = luminance d'une grande surface à l'image.
Luminance maxi = luminance d'une toute petite surface.
Je me suis dit : la MERCEDES n'a aucune raison d'être plus blanche en HDR qu'en SDR.
D'où ma conclusion : le niveau lumineux du blanc diffus se doit d'être identique en SDR et en HDR.
- Luminance du blanc diffus SDR = luminance du blanc diffus HDR - .
A l'attention toute particulière de TV UHD Premium:
Lors du tournage d'une scène en HDR, la recommandation BT.2408 indique un niveau de luminance capté pour le HDR reference white de 200* nits assortis d'un pic de luminance de 1000 nits.
Pour calibrer vos TV UHD premium, vous avez ici les éléments de paramétrage du ColorHCFR.
Vous noterez au passage que le paramètre Blanc diffus de ColorHCFR ne peut être réglé à plus de 200 nits.
*: la valeur exacte est de 203 nits correspondant à un niveau de 58% de luminance (source BT.2408).
2ème partie : Mise en pratique du blanc diffus en calibration HDR.
Matériel mis en œuvre :
- un PC pour faire tourner le ColorHCFR (version 3.5.2 pour ma part)
- une sonde reconnue par ColorHCFR
- un film en HD et le même film en UHD HDR.
- le Blu-ray UHD HDR benchmark de Spears & Munsil
Le film que j'ai choisi est Jurassic World 3 : le monde d'après.
Illustration du blanc diffus et des réflexions spéculaires.
Dans le plan ci-dessous, la neige au sol représente le blanc diffus et le reflet du soleil sur quelques cristaux de neige représente les réflexions spéculaires. A gauche de l'image à mi-hauteur, on voit quelques points blancs. En live, sur écran de projection, c'est plus flagrant que çà !
Ca se passe en 4 étapes assez simples :
- 2 étapes avec le ColorHCFR
- et 2 étapes sans, donc strictement un peu hors sujet, mais très liées dans les faits.
Dans le film Jurassic World 3, j'ai trouvé un plan en travelling lent avec un ciel gris/blanc (minutage 7'22") que je vais utiliser comme référence.
Etape 1 : Avec mon VP en mode lampe Bas et parfaitement calibré (selon mes goûts) sur ce mode (soit mon mode usuel pour les films en HD), j'ai projeté le film en HD SDR, j'ai mesuré la luminance du ciel (image en pause à 7'22"). A noter qu'elle se situe dans la plage des 80/85 % d'IRE.
Etape 2 : Ensuite, avec mon VP en mode lampe haut, HDR et rec.2020 (soit mon mode usuel pour les films UHD), j'ai projeté le même film, j'ai mis en pause à 7'22" et j'ai augmenté la luminance jusqu'à atteindre la même valeur qu'en HD SDR.
Quelle est le réglage pour augmenter la luminance ? En fait, ça dépend de votre appareil. Sur mon VP JVC, c'est la commande "Teinte des Images" du gamma blanc. Voir l'image "Mes réglages de gamma" plus bas.
Etapes 3 et 4 : enfin, il faut utiliser les mires du Blu-ray Spears & Munsil. Pour ma part, j'ai utilisé les mires à 1 000 nits car au-delà le Tone mapping (non dynamique sur mon modèle) ne sait pas faire.
On utilise les réglages du gamma blanc "Niveau lum." et "Niveau sombre" avec leur mire respective : Dynamic Range High et Dynamic Range Low. Là, on augmente ou on baisse les valeurs de réglage pour faire apparaître toutes les nuances de gris.
Pour finir, j'ai utilisé les commandes de luminosité et de contraste pour peaufiner le résultat.
Ainsi fait, j'exploite mon installation au mieux de ses possibilités qui va restituer une image affichant :
- un niveau de luminance équivalent en SDR et en HDR.
- 100% des nuances possibles en HDR 1000 nits.
Au travers de ce post, j'ai souhaité partager avec les lecteurs de ce forum, amateur de calibration, mon expérience sur la calibration.
J'ajouterai prochainement la courbe de luminance obtenue pour faire la comparaison avec les préconisatons de DTSman.
Surtout n'hésitez pas à réagir à ce post car je pense vraiment, suite à mes nombreuses recherches sur le net portant sur le Diffuse white, que c'est bien là la clef de voûte du calibrage HDR.
Merci pour ton feedback. Ça fait plaisir de voir que d'autres ce sont penchés sur ce fameux paramètre au combien essentiel. J'ai lu quelques documents théoriques aussi sur le White Diffuse avec preco à 203nits pour maxL 1000Nits. Mais après faut le concrétiser dans nos domaines d'application et à plus forte raison en vidéoprojection limité en puissance.
Clairement j'en suis arrivé à la même conclusion sur le fait que le niveau de White Diffuse (que je rapproche de la mesure de la mire 50IRE par expérimentation) est bien la clé de voute de l'étalonnage HDR.
Extrait SMPTE:
Diffuse white is an important concept in all color appearance models. However, there is a lack of research directly about the perceived diffuse white in HDR images. Three experiments were conducted to explore the perceptual estimation of diffuse white in real HDR images when presented on displays. The first experiment showed that the perceptual estimation of diffuse white relied more on the image content than the clipped peak luminance levels. Experiment II used images with different neutral density filters rather than clipping. The normalized luminance levels of the perceptual estimation were similar, depending on image content but not on image absolute luminance levels. Moreover, in both experiments, no significant difference can be found between expert and naive observers. The variance across images agreed with each other between experiment I and II. However, both results demonstrated that the absolute luminance level of observers' estimation is higher than the calibrated diffuse white level. Experiment III focused on exploring the impact of measurement methodologies on the absolute luminance level of the estimated diffuse white. Results of experiment III verified that the absolute luminance level of the perceptual estimation can be manipulated by the measurement methodology but the variance across image content is stable.
C'est bien souvent la raison d'un rendu mauvais en HDR en vidéoprojection justement car impossible d'atteindre le même niveau de luminosité intermédiaire qu'en SDR. D'ailleurs le travail d'un DTM a ressortir en SDR permet d'avoir de nouveau une luminance L* linéaire sur l'échelle de gris avec un blanc intermédiaire à mi chemin du blanc max.
Par ailleurs, je n'en ai volontairement pas parlé dans le tuto, mais de la valeur du White Diffuse va dépendre aussi des cibles de saturation dans l'espace BT2020. Raison pour laquelle j'ai préconisé avant tout de régler les saturations sur REC709 SDR. Toutefois sur mes premiers retours de mesures une fois le blanc diffus calé dans les target puis atteint à la mesure on retrouve des target de saturation qui collent aux mesures. Donc j'évite de trop y retoucher et aussi parceque le résultat visuel me convient. Bien évidemment si on arrive pas à avoir un blanc diffus équivalent au SDR on l'a dans l'os.
Pour les JVC je n'ai pas assez expérimenté les réglages manuels particulièrement depuis l'arrivée du FrameAdapt qui agit comme une boîte noire. Mais je me souviens que sur mes ex JVC X le réglage de teinte avait une importance considérable sur la luminosité globale. Nul doute que c'est le levier principale sur lequel jouer pour ajuster la partie intermédiaire de la courbe de Luminance comme tu viens de le décrire.
A voir par la suite mais je ferai sûrement vivre et évoluer le chapitre consacré à la luminance HDR. C'est certain.