syber a écrit:Désolé du faux bond Igor. Je tape cela demain.
Et j'en profite pour signaler le très bon Western "Convoi de femmes" de William A. Wellman sur Arte. Objet de mon défaut
NB : toujours aussi émouvant. Un bien beau film. Un scénario talentueux qui explore les ressorts humains avec crédibilité et une mise en scène avec du souffle.
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Hello,
Je ne vais pas vous faire un CR très technique, ce n’est pas mon rôle, et je vais me cantonner à décrire mes impressions d’écoutes et peut-être alimenter un débat sur ce qu’est la reproduction en Haute-Fidélité.
Commençons donc par rappeler brièvement et grosso modo le principe de la configuration écoutée. A une paire d’enceintes 3 voies reproduisant de 20000 Hz à 40 Hz environ, est associée une paire de caissons reproduisant la première octave, soit de 40 Hz à 20 Hz. Chaque enceinte possède son propre caisson. Chaque couple enceinte + caisson constitue donc un ensemble de 4 voies. Chaque couple enceinte + caisson est filtré, aligné et égalisé.
La particularité de la configuration proposée par Griesinger, c’est que le caisson n’est pas disposé sous son enceinte ou à proximité de celle-ci. Si les deux enceintes principales sont situées comme d’habitude en face de l’auditeur, chacune à 30° de part et d’autre de l’axe d’écoute, en revanche, les deux caissons sont situés chacun à 90° de cet axe de part et d’autre de l’auditeur. En d’autres termes, le caisson gauche, l’auditeur puis le caisson droit sont disposés sur une même ligne.
Attention toutefois car selon l’exposé de Griesinger, chaque caisson doit être disposé de manière à exciter des modes différents. Le local dissymétrique de Briare se prête opportunément à cette disposition. Qu’en serait-il dans un local strictement parallélépipédique ? Cela à l’air tout de même un peu délicat à régler.
Quel est mon ressenti d’écoute ? Et bien pour prendre une image chère à Philippe Muller, la stéréo (et ses limitations : NDR) c’est être comme dans une loge au concert. En branchant ces deux caissons dans cette disposition particulière, la scène sonore se prolonge en arc de cercle. Il ne faut pas se méprendre et bien comprendre que la scène sonore ne se déforme pas. Elle reste identique dans ses dimensions et sa précision par rapport à l’écoute des enceintes seules. Simplement, avec les deux caissons, ça « vibre » de part et d’autre de la scène sonore initialement reproduite par la seule paire d’enceinte. L’apport de ces deux caissons en position Griesinger est d’un effet différent de celui de l’utilisation d’un seul caisson qui reproduirait la première octave et serait placé frontalement ou sur un côté. Cet unique caisson amène une extension dans le grave qui permet de ressentir la pulsation des salles où ont été enregistrés les musiciens mais la scène sonore frontale reste identique avec ou sans ce caisson. Avec les deux caissons « Griesinger, on ressent toujours cette pulsation de salle, mais en plus ça « vibre » de part et d’autre de la scène sonore, comme si celle-ci se prolongeait sans rupture jusqu’aux murs latéraux pour venir ensuite esquisser un enroulement autour de l’auditeur. La sensation d’enveloppement, le « spaciouness » selon le terme utilisé dans la littérature anglaise et repris parfois par chez nous, est accru.
Cet effet est variable selon les enregistrements. Il ne s’agit pas d’un effet univoque. C’est plutôt rassurant et semble confirmer que les caissons reproduisent bien ce qui est dans l’enregistrement, mais d’une manière inédite.
On a parfois l’impression, de manière fugace, que les graves sont localisables et l’on perçoit alors un instrument sur les côtés. Toutefois, cet effet est surtout manifeste lorsque l’on écoute les deux caissons seuls. Alors qu’en théorie ceux-ci ne devraient pas être localisables.
Lorsque l’on coupe les deux caissons, l’équilibre tonal est modifié vers plus de verdeur. Ça ne veut pas forcément dire que les deux caissons améliorent la balance tonal pour la faire tendre vers plus de vérité, car il aurait été possible, comme c’était le cas avant leur installation, de régler une courbe cible améliorant cet équilibre tonal sans caissons. Disons que je veux signifier par-là que ces deux caissons sont intimement réglés et liés aux frontales, pas uniquement pour reproduire la première octave.
Le bilan est globalement positif. Comme je le disais, l’expérience d’écoute est inédite et trouble nos habitudes. L’écoute n’est pas dénaturée. Le discours musical et les intentions des artistes ne sont pas du tout altérées. Les timbres sont respectés. La scène sonore est toujours la même, précise. Il y a cette ampleur en plus qui nous enveloppe. Ce n’est franchement pas désagréable.
Qu’en penser du point de vue Haute-Fidélité ? Comme le précisait Jean Luc, « La configuration d'Igor devrait rapprocher de la fidélité à la réalité mais pas vraiment de la fidélité à l'enregistrement. » Dans la voiture à l’aller, je me rappelais ses propos et je proposais à Jean Luc cette image du béotien qui tente de comprendre : « en quelque sorte, il s’agit d’un DSP mécanique ?! ». Jean Luc qui est quelqu’un de poli ne m’a pas contredit mais n’a pas acquiescé pour autant. Restons sur cette idée du DSP même si elle est un peu abusée car en définitive le signal n’est pas modifié lors de son traitement, il n’est que reproduit d’une manière particulière. Peut-on considérer que cette disposition entre dans le cadre de ce que l’on peut appeler une chaine Hifi stéréophonique ?
Non ! Une chaine Hifi stéréophonique est constitué de deux enceintes large bande capables de reproduire de 20 Hz à 20000 Hz. Les choses sont claires. Les choses sont simples. C’est le dogme.
Sauf qu’il faut également se montrer pragmatique et tenir compte des limitations du procédé stéréophonique à deux canaux, ainsi que des caractéristiques du local d’écoute. Une petite écoute (0.5m à 1 m) et une grande écoute (plus de 3 mètres) auront beau être fidèles à l’enregistrement, c’est bien la seconde qui me procure l’émotion ! La seconde, j’y crois plus.
Ces deux caissons « à la Griesinger » sont un arrangement vis-à-vis du dogme. Il y a des arrangements que je ne suis pas prêt à accepter comme par exemple les panneaux électrostatiques (j’en ai possédé). Cet arrangement-ci me convient car il apporte un bénéfice, celui d’agrandir la loge dans laquelle j’écoute, sans dénaturer ce que j’écoute.