jeandl a écrit:haskil a écrit:... les revues et certains constructeurs, ont soit carrément dénié aux mesures tout intérêt, soit utilisé les mesures d'une façon assez succinte pour laisser le champ libre à leur délire poétique du Compte rendu d'écoute tout en bourrant le crâne des lecteurs et en les conditionnant depuis 30 ans pour leur faire croire que les mesures ne renseignaient pas sur la qualité réelle d'un appareil...
C'est amha une conséquence d'une ancienne mode marketing datant, en gros, de l'arrivée des semiconducteurs en HiFi et largement répandue par une importante chaîne de magasins spécialisés dans l'audiovisuel qui distribuait (et distribue sans doute toujours) des catalogues en papier glacé vantant les mérites de tel ou tel appareil ayant une bande passante faramineuse capable d'amplifier jusqu'au courant continu, un taux de distorsions harmoniques calculé en 10000e de %, un facteur d'amortissement énorme, etc, etc, ... et tout ça pour arriver à une restitution sans âme et sans vie. Je connais, j'en ai été victime car j'avais au départ ces préjugés techniques de part ma profession d'électronicien.
Il y a eu chez moi et chez pas mal de mes congénères une perte de confiance quasi totale envers l'argumentation technique comme explication, à force de contre-exemples toujours plus nombreux. Comment expliquer avec des mesures que ce qui, au final et après pas mal de galère, me permet de pénétrer au mieux les subtilités musicales d'une oeuvre ce soit un ampli monotriode dont la technologie remonte aux années 1930 et dont les caractéristiques en laboratoire doivent être absolument minables ? C'est le résultat final qui importe, même si les solutions adoptées semblent irrationnelles à certains.
Pour le reste du post je suis assez d'accord.
Jean
Mais ce n'est pas parce QUELQUES UNES des mesures possibles ne sont pas corrélées avec l'écoute (ou pas suffisantes, disons), et que certains se sont fait avoir à une époque par l'utilisation marketing de soi-disant "bons" chiffres (bons au nom de quoi Jean?), qu'il fallait jeter le bébé de la mesure avec l'eau du bain !
Pour moi tout ou presque reste à faire en ce domaine, mais c'est très difficile, car cela demande la rigueur du scientifique et des connaissances pluridisciplinaires (à la fois en électronique de mesure - pour concevoir éventuellement des outils inédits - , en théorie du signal / simulation et en psycho-acoustique à la Zwicker, avec des pans entiers à défricher).
Tout cela dépasse les moyens matériels et intellectuels des gens comme Hiraga ou Atkinson, c'est clair.
Ce qui est désolant, c'est qu'on ait abandonné aussi vite le paradigme des mesures dans ce milieu, comme si décidément le poids de la réflexion et de la recherche par l'expérience était trop important pour valoir la peine d'être tenté sérieusement.
D'ailleurs à y réfléchir, pourquoi faire des efforts pour trouver des corrélations entre mesures et écoutes si même la grosse majorité de la clientèle visée s'est fait une raison?
Mettons-nous à la place d'un constructeur: pourquoi investirait-il maintenant en R&D couteuse et autre panels de tests sans biais si les audiophiles se contentent du pseudo-paradigme actuel martelé par Diapason, Haute Fidélité, la NRDS etc... ?
Qui a de l'argent à perdre pour l'amour de la science si tout le monde ou presque s'en moque et qu'il n'y a pas de perspectives supérieures au niveau du marché visé ?