TMS a écrit:Alain
je vais résumer mes propos pour éviter toute confusion ou mauvaise interprétation:
1) du point de vue objectif, factuel (mesures)
Le DSD a la même bande passante que du 24/192, et a donc la même réponse impulsionnelle (j'ai déjà vu un signal carré à 10kHz présentant de l'overshoot sur du DSD et pas sur du PCM, mais c'était certainement un problème de forme de filtre)
Je ne suis pas vraiment d'accord avec cette présentation simpliciste.
Je ne suis pas un spécialiste du numérique, loin de là, mais un lecteur attentif et opiniâtre, et ce que je lis m'incline à penser que les choses ne sont pas aussi simples que cette présentation le laisse supposer.
Il est de notoriété publique, assez en tout cas pour qu'il ne soit pas besoin de s'étendre sur un fait mainte fois déjà vulgarisé sur ce forum par des personnes beaucoup plus compétentes que moi, qu'en PCM, la bande de fréquences reproductibles est bornée à la moitié de la fréquence d'échantillonnage (appelons-la Fe). Tout signal de fréquence supérieure à Fe/2 serait "replié" dans la bande de fréquences située en-dessous de Fe/2. D'où la nécessité de filtrer drastiquement les signaux supérieurs à Fe/2 avant la numérisation.
Concrètement, avec une fréquence d'échantillonnage de 192 kHz, on peut donc obtenir une bande de fréquences reproductibles (terme peut-être préférable à celui de bande passante) de 0 à 96 Hz.
Pour ce qui est du DSD (qui n'est pas un mode de codage PCM pour
Pulse Code Modulation, modulation par impulsion codée, mais Sigma-Delta, bien différent, et pas du tout intuitif, malgré ton image de la baignoire qui ne m'explique pas grand-chose,
Cf. le lien donné
supra par haskil), Sony et Philips expliquaient qu'il était préférable, pour limiter la puissance dans le domaine ultrasonique, de filtrer à l'enregistrement à 100 kHz. Cependant, cette limite semble fixée de façon pragmatique ; elle n'est pas une limite absolue inhérente au principe du DSD (qui est un Sigma-Delta identifié par un nom commercial, dirions-nous, et assez bien identifié et normalisé pour être à la base d'une technique industrielle). Et ce filtrage est-il aussi raide que le filtre anti-repliement avant numérisation pour codage en PCM?
Tout cela pour dire que ton affirmation me semble devoir être nuancée, au moins en tenant compte des contraintes imposées non seulement par les formats numériques respectifs, mais aussi par les contraintes techniques d'application, et qu'il faut se garder sur ce point d'affirmations péremptoires.
Le 24/96 a un meilleur rapport S/B que le PCM et une meilleure résolution en amplitude du fait de son codage sur 24 bits contre 1 bit en DSD.
Là, je ne suis pas du tout d'accord avec cette présentation, pour la même raison fondamentale déjà exprimée dans la même filière retrouvée par haskil, et que je répète encore dans ma première objection ci-dessus : PCM n'est pas Sigma-Delta.
Ton affirmation semble basée sur le nombre de bits de quantification.
Si, en PCM, les choses sont relativement claires, puisque le nombre de bits représente le nombre de niveaux sur lesquels on peut coder la valeur d'un signal à un instant t, et qu'ainsi, plus on a de bits, plus on peut coder des signaux sur une grande échelle de niveaux, accroissant donc la résolution, il n'en va pas du tout de même en Sigma-Delta.
Et, tu vois, c'est là où ton image de la baignoire ne fonctionne déjà plus pour comprendre, car elle ne permet en rien de saisir comment le Sigma-Delta code l'amplitude d'un signal.
En tout état de cause, l'amplitude, non plus que le rapport signal/bruit, ne sont certainement pas donnés par le nombre de bits de quantification. Si c'était le cas, la question serait tranchée depuis belle lurette, parce qu'avec un seul bit de quantification (c'est-à-dire deux valeurs pour coder), on n'irait pas bien loin en amplitude... Démonstration par l'absurde que le nombre de bits de quantification en PCM et en DSD n'ont pas du tout des conséquences identiques sur les performances de ces formats numériques.
Donc, quand tu dis que : "Le 24/96 a un meilleur rapport S/B que le PCM et une meilleure résolution en amplitude
du fait de son codage sur 24 bits contre 1 bit", tu me semble déjà être dans l'approximation sur la cause. Alors quant aux effets... je me permets d'être dubitatif.
D'autant que, comme pour ce qui est de la bande de fréquences reproductibles, je pense que les choses doivent être nuancées, pour l'un comme pour l'autre format.
D'abord, un rapport signal/bruit exploitant la pleine dynamique nominale d'une numérisation sur 24 bits (couramment calculée à 144 dB) est-elle seulement atteignable, et si oui, et c'est cela le plus important, à quelles conditions?
Ensuite, une telle dynamique est-elle inatteignable en DSD? Je sais que le rapport signal/bruit dans la bande audio (20 Hz-20 kHz) pour le DSD est usuellement donné pour 120 dB dans les essais de vulgarisation publiés sur l'Internet. Mais à quelle réalité mathématique ce chiffre correspond-il? Dans quelles conditions matérielles est-il atteint?
Des réponses à ces questions découleront peut-être une réponse à une interrogation plus substancielle : ces 120 dB sont-ils une limite inhérente au procédé? Réponse d'autant plus intéressante en théorie ou en pratique que, à en croire John Atkinson, le testeur du magazine américain
Stereophile, le disque-test
Tentative livré par Sony pour mettre en valeur les capacités du DSD, et dont il se sert pour tester certains aspects des lecteurs SACD en essai dans sa revue, comporte une succession de signaux sinusoïdaux de 1 kHz enregistrés jusqu'à un niveau de -160 dB. La faisabilité du codage de tels signaux en DSD et les conditions dans lesquels ils sont observables (avant même d'être éventuellement reproductibles) est une question d'un intérêt technique certain, mais qui n'a peut-être rien a voir avec l'intérêt pragmatique du DSD, qui dépend pour partie de ce dont les pros peuvent avoir besoin.
2) du point de vue de subjectif (l'écoute)
Le DSD et le 24/96 (24/192) ont des spécification en bande passante et en bruit qui vont bien au-delà de la perception
Mais il est inexact de dire que le DSD est "supérieur" au PCM 24/96 en multicanal:
- kif kif à l'écoute (sur 99,999999999% des systèmes probablement, peut être une micro différence pour les autres systèmes)
- des plus (Bande Passante) pour le DSD, mais aussi des moins (bruits, résolution) d'un point de vue purement mesure...
jacques
Je note qu'à vouloir être subjectif, tu ne peux t'empêcher d'être objectif. Mais peut-être la subjectivité a-t-elle besoin du confort de mesures et de faits objectivables. C'est humain. Comme l'est la situation inverse. Tu vois, moi, je serais alors un peu comme toi : j'ai besoin d'un minimum de qualités objectives pour être subjectivement pleinement satisfait.