» 22 Juin 2020 8:32
Entre le propos de Gailuron et celui de Scytales mon coeur balance.
Sur le fond, petit soupçon de provocation compris, le propos du premier est stimulant qui met le doigt sur des choses un peu aberrantes.
Les réponses du second sont parfaitement recevables car fondées sur un usage ancré dans la réalité.
Quelques remarques :
- la FM est ce que les sociétés de radiodiffusion en font. Ce n'est plus, dans la pratique, une source haute-fidélité de qualité quand bien même elle serait en PCM linéaire jusqu'aux émetteurs (le cas de France Musique et de FIP), car en amont un traitement de couleur d'antenne et une compression excessive sont actuellement appliqués au signal.
(je ne sais pas ce que dis la loi à ce sujet, mais fut un temps ou pour des raisons stratégiques et de sécurité civile, la Radio publique devait maintenir un équipement de diffusion permettant de couvrir l'hexagone depuis un émetteur mobile en OM ou GO - j'ai oublié -, la radio internet ne répond pas à cet objectif ni en filaire ni en 3, 4 ou 5 G. Mais bon, on n'est pas en hifi, là, mais dans des vieilles technologies par dépassées sur certains points, comme le morse par exemple pourtant abandonné).
- le CDA a montré sa supériorité écrasante sur le LP dès les premiers exemplaires mis dans le commerce bien que le numérique ait fait des progrès par la suite en acquisition comme en conversion-filtrage.
(Nombre de LP avaient et ont toujours un son dur, détimbré, métallique dans l'aigu... Faire du 33 tours un parangon de beauté sonore montre juste une méconnaissance de la réalité chez ses sectateurs... et ceci indépendamment des moyens mis en oeuvre pour le lire.)
Il y a quelques milliards de CDA en circulation et l'on continue à en presser à tour de bras - ça fait des années et des années qu'on annonce sa mort, mais il en sort des nouveaux chaque jour.
Il faut encore une platine de salon pour les lire et son utilisation est toujours et encore incontestablement plus simple que celle qui consiste à utiliser un ordinateur pour les ripper, les classer, renseigner les métadonnées, puis les lire depuis l'ordinateur ou les lire depuis un lecteur réseau capable d'aller les chercher dans un NAS, un disque dur en réseau voire un appareil tout en un...
Ecouter un CD, c'est comme lire un livre, ça repose sur un ensemble de gestes très simples. Ecouter un fichier informatique de sa propre discothèque repose sur des connaissances et un ensemble de gestes qui exigent une formation : sur le tas ou que quelqu'un vous montre... D'ailleurs, sur HCFR on voit beaucoup de sujets sur la dématérialisation - beaucoup n'y tracent que pouic -, et jamais sur : comment je fais pour écouter un CD avec ma platine de salon...
Je suis un adepte de longue date de la dématérialisation à laquelle je ne fais aucun reproche qualitatif, bien évidemment, mais si elle a des avantages que j'ai maintes fois vantés ici, et ailleurs dans des articles, elle a aussi des défauts assez patents qui viennent d'une absence de normes universelles pour les métadonnées, et de l'absence de logiciels intégrant les livrets en PDF pour donner à accès en cours de lecture sur un écran. Or un enregistrement du commerce c'est aussi un travail d'éditeur qui comprend aussi des photos, des textes, une maquette...et ce travail d'éditeur est essentiel pour une partie non négligeable des publications. De ce point de vue, le CD a été une révolution... Du temps du microsillon, les livrets des 33 tours simple étaient souvent pas grand chose, et seuls les coffrets bénéficiaient de textes et illustrations intéressantes qui sont aujourd'hui quasi la règle avec le CD même simple...
De ce point de vue la dématérialisation est un recul net. Et je ne parle pas du streaming qui est une hybride déficient entre la radio et la discothèque : on écoute ce que l'on veut (discothèque) sans rien savoir des détails de ce que l'on écoute (radio).
Au bout du bout, je pencherais donc, en tant que citoyen et mélomane du côté de Scytales bien que le fond du propos de gailuron soit empreint de gros gros morceaux de vérités.