» 23 Nov 2018 14:40
Nous n’en pouvions plus de piaffer d’impatience et le voilà, devant nous :
le carton d’emballage du Projeteur Athome de Dingleton !
Première d’une longue série de bonnes surprises : il est entièrement conforme aux spécifications de l’annonce du téléscripteur.
De couleur brun, scotché transparent « ton sur ton », mention « Fragile » en rouge légèrement de biais sur les flancs agrémenté d’un logo de « verre tulipe » très stylisé, taille raisonnable, poids conséquent, tout correspond. Confiants, nous le renversons pour vérifier une rumeur parvenue à nos oreilles, aucun bruit suspect sinon un léger cliquetis. Ou plus exactement, pas vraiment un cliquetis, mais plutôt un son assez proche de celui d’un tambourin sur lequel rebondiraient de multiples clés de voitures. C’est d’excellente augure, nous reconnaissons là, cette musicalité caractéristique qu’on se plaît à retrouver sur l’ensemble des cartons de la gamme depuis le MD 70.
Cette constance et cette rigueur font que l’on apprécie et plébiscite la marque bien au-delà de la frontière de l’Irlande. Même pas encore déballé, il chante déjà.
Nous décidons de nous réjouir et de le jeter sur le fenouic pour le transporter dans l’atelier de projection loué pour l’occasion et situé à environ trente kilomètres, par la départementale. Sur le chemin, nous croisons de multiples fans de la marque qui klaxonnent de joie avec nombre d’appels de phares. Nous leur répondons par des signes joyeux. Derrière nous se forme un cortège braillard manière de rendre hommage à la haute technicité. Dingleton, c’est aussi une grande famille, un peu à l’instar de celle des motards en colère.
Deux heures plus tard, nous sommes déjà arrivés. Nous garons le fenwicq dans la cour de la propriété cossue et décidons de déballer le Projeteur Athome dans la dépendance qui va nous servir de salle de projection. Pour parer à toute éventualité nous disposons d’un espace conséquent de 40m X 15m qui devrait répondre à toutes les contraintes de distances de projection.
Banc d'essai exclusif du Projeteur Athome de Dingleton
Le déballage :
Il est incroyablement facile. Nous sommes agréablement surpris. L’emballage à peine soulevé, il s’est déjà ouvert. Mais par le dessous, solution certes peu orthodoxe mais à y réfléchir, plutôt ingénieuse. Inutile de l’agripper pour l’extirper de son carton. Il s’autopose au sol. Dingleton réfléchit en amont à chaque composant qui pourrait engendrer de la récalcitrance.
Nous voici en présence pour la première fois du Projeteur Athome, premier du nom et probablement déjà digne de ses probables successeurs. Sobre, de couleur noire, sa forme est harmonieuse, très proche de celle d’une tour PC surmontée d’un ancien projecteur Lidl. Le poids est vaguement identique. On distingue un renfoncement rectangulaire qui évoque quasiment un lecteur de disquette, mais aussi une entrée mic, une entrée casque, une entrée ronde vert d’eau, une autre violette ainsi qu’un autocollant avec la mention DOS 3,1.
Nous découvrons également une rallonge bifilaire de 120m. Nous savons que la distance de projection peut parfois influer sur la distance des prises électriques et peu de constructeurs ne semblent s’en soucier. La solution ici est simple mais élégante et limpide. Nous sommes rassurés, ils ont pensé à tout.
Un manuel rédigé dans plusieurs langues ! Dont le patois irlandais. Mais aussi le patois irlandais dit imbibé, une variante assez proche du breton imbibé. A l’ère de la mondialisation tous les Celtes apprécieront ce petit clin d’oeil à leur culture commune.
Nous nous familiarisons avec l’appareil en compulsant le mode d’emploi. On y apprend que le Projeteur est un modèle à focale ultra-moyenne et qu’ils nous remercient de l’avoir beaucoup acheté tout en nous souhaitant de nombreuses années de pleine et entière satisfaction. Plus loin, nous apprenons qu’ils ont déprogrammé l'obsolescence, facteur, à l’usage selon eux, de pannes incompréhensibles pour un résultat visible quasi-nul. Une démarche avant-gardiste dont nombre de concurrents pourraient s’inspirer. La durée de vie de la lampe n’est pas précisée et remplacée par la mention : vous verrez bien. Une affirmation qui laisse présager de bonnes surprises.
Un gadget fort utile ! Une roue circulaire avec une encoche. Il suffit de mesurer la largeur de l’écran, de faire coïncider le chiffre obtenu en tournant le cercle et on obtient immédiatement un autre chiffre qui correspond à la distance à respecter entre le Projeteur et l’écran. Nous inscrivons 30 mètres de base écran et obtenons la valeur de 110,05 mètres. Une rapide estimation de notre local nous oblige à réduire nos prétentions et nous décidons d’opter pour une surface d’écran plus raisonnable : 4 mètres. Nous plaçons donc le projeteur à 12,36 m.
Le manuel nous indique qu’au delà d’une base écran de 0,80m il convient de faire le noir total dans la pièce pour permettre au 50 lumens de s’exprimer complètement. Nous fermons les volets, éteignons la lumière, nos portables, et éloignons tous les objets clairs qui pourraient perturber le signal. Puis nous cherchons le Projeteur pour peaufiner les réglages. Cette phase effraye le néophyte car il faut faire très attention à ne pas trébucher dans l’obscurité. (Astuce, tenez-vous par la main et essayez de mémoriser l’espace avant le noir total, ne courez pas)
Retenez bien la procédure indiquée dans le manuel car vous n’y aurez plus accès. Nous allumons le Projeteur et attendons les six minutes nécessaires pour que l’intelligence soit chargée dans les composants électroniques. (Nous avons lu page 32 qu’une lumière bleue indiquera si l’opération a échoué correctement, dans quel cas il suffit très souvent de redémarrer)
Bruit de fonctionnement :
Le bruit a toujours été un point fort de Dingleton, mais ici il dépasse tous les superlatifs : 0 décibel mesuré à un mètre. Nous n’en croyons pas nos oreilles. Un tel silence arrive aux limites de notre appareil de mesure rétro-éclairé. Un véritable tour de force que nous imputons tout d’abord aux ingénieurs Dingleton avant de nous apercevoir que nous avons simplement oublié de brancher la prise électrique. Nous sourions de notre légèreté.
Deuxième essai : nous en profitons pour suivre les conseils de l’ouvrage de référence en matière de Cinéma chez soi : Ultimate Picture by R. Charles. Nous utilisons donc une source d’alimentation filtrée indépendante couplée via un cable court 220v haut de gamme Freetek (80 cm, téflon blindé). Dingleton le mérite puis nous démarrons le groupe électrogène.
Mesure : Notre technicien relève cette fois-ci 86 db. Nous hurlons que ça semble élevé. Mais nous savons depuis longtemps que certains chiffres sont subjectifs et ne veulent rien dire. Nous tendons l’oreille vers le Projeteur et, effectivement, nous ne l’entendons pas et pouvons assurer qu’il ne gênera en rien un spectateur, même proche. Il faut se méfier des idées reçues.
Netteté, fidélité, piqué de l’image, :
Comme conseillé, nous utilisons les réglages usines préconfigurés du P.A. (640X480 50 hz, en nuances de gris).
Cela peut sembler peu par rapport à la concurrence mais nous savons que Dingleton se joue des formules pour se concentrer sur le rendu final, l’effet d’immersion. Dingleton soutient que la résolution préconisée dépasse déjà largement la capacité de la majorité des cassettes VHS qui constituent le patrimoine cinématographique mondial. On peut s’émoustiller des chiffres mais ces batailles d’experts ne doivent pas occulter une règle simple : C’est la source qui est la source et il est inutile d’utiliser une loupe en pensant qu’elle remplace des lunettes, car elle ne fera qu’augmenter les défauts au détriment de la fluidité.
Armé de notre outil cercle en papier qui nous a déjà été fort utile pour calculer la distance du Projeteur en fonction de la base écran, nous découvrons qu’elle indique également, dans une autre encoche la distance préconisée pour placer le canapé. Sans rentrer dans les détails elle tient compte de la puissance de la lampe, exprimée en lumens. Ici, une base écran de 4m, projeteur à 12,36m et le troisième chiffre (0,80m) nous renseigne sur le positionnement exact où le spectateur devra se placer pour obtenir l’effet d’immersion souhaité. Nous pouvons commencer.
Notre film-référence : l’arrivée du train en gare de Ciotat des Frères Lumières. N° 653
Nos lecteurs savent que ce film possède toutes les qualités pour juger des performances d’un matériel qui nourrit l’ambition d’accéder aux plus hautes marches du podium. Il a déjà mis à genoux des mécaniques d’exception incapables de retransmettre le flou général, les saccades originales voulues par le cinéaste. Il est court (1 minute avec le générique) mais cumule à lui seul toutes les difficultés imaginables que doit résoudre l’électronique embarquée pour respecter le choix artistique des frères Lumière.
Première bonne surprise : le flou est bien présent. On a du mal à discerner les rails. Puis, en tournant la tête, on croit effectivement reconnaître ce qui semble être la locomotive. Les saccades, elles aussi sont impeccablement respectées. Plus intéressant, et le test est redoutable, la représentation à l’écran de l’absence de contraste. A 0:21 tout doit être fondu dans le noir, le flanc de l’attelage ferroviaire, mais aussi les personnages, les arbres. Il y a aussi du gris très peu nuancé pour le quai et les collines de l’arrière fond. Les choix des ingénieurs sont apparemment les bons car jamais de mémoire de testeur nous n’avons approché un tel réalisme dans la reproduction d’une intention. L’immense majorité des matériels autres sont incapables de nous plonger avec une telle acuité dans l’univers si particulier du réalisateur. Le P.A. respecte l’oeuvre et c’est bien le moins que l’on puisse attendre d’un constructeur qui doit rester le faire valoir de l’auteur. Ni plus, ni moins.
Deuxième bonne surprise : Nous tâtons l’écran après la projection et il n’est absolument pas brûlant.
La touche hippie :
Les concepteurs ont une fois de plus provoqué notre curiosité. Ils nous avaient prévenu qu’ils avaient fait l’impasse sur la couleur stable qui, selon eux, à l’usage, n’apportaient pas grand-chose lors de la projection des plus grands chefs d’oeuvre du Cinéma. Buster Keaton, Citizen Kane, The Artist, 10 nuances de Grey, etc. Ils ont préféré offrir à ceux qui sacrifient parfois la vérité à la fantaisie une touche nommée Hippie. Les dyslexiques français ne manqueront pas de s’amuser de cette dénomination qui provoquera leur hilarité mais dont le ressort comique échappera complètement à un anglophile.
Explication technique : Appuyer sur ce bouton met à 100 % tous les réglages et valide automatiquement toutes les options possibles dans le soft qui gère le module de la carte graphique du P.A. Comme il s’agit bien évidemment d’une carte NOS (New Old Stock) les effets sont spectaculaires. Nous nous sommes extasiés d’une bande horizontale très mince qui clignote de mille feux, mais aussi d’un effet plein écran avec des codes Ascii qui, eux-mêmes, changent de couleurs à rythme irréguliers. En Irlande de nombreux groupes psychédéliques ont déjà adopté le P.A. lors de leurs spectacles et il est probable que d’ici peu il envahira toutes les scènes. Dans la confidence, vous sourirez probablement lorsque vous reconnaîtrez l’emploi de cette touche lors des concerts de vos groupes de rock préférés.
C’est très amusant d’imaginer que cette innovation festive est née de la recherche fondamentale : reproduire des couleurs à l’écran. C’est un clin d’oeil philosophique à tous ceux qui ont retrouvé le porte-clé avec l’animation de la voiture qui rentre dans le garage avec de l’eau et une bulle alors qu’ils cherchaient leurs gants d’hiver.
Les entrées et sorties multiples !
Elles sont situées à l’arrière de l’appareil. (mic, casque en 3,65, en heureux doublon avec l’avant ce qui est bien pratique).
Les esprits chagrins regretteront l’absence d’une entrée vidéo au format composite mais Dingleton a préféré une solution intégrée. Sur notre exemplaire c’était L’arrivée du train en gare de la Ciotat mais les ingénieurs réfléchissent à d’autres chefs d’oeuvre. L’offre s’épaissira au fil du temps sous forme de disquettes NOS.
Le site minitel du constructeur regorge déjà d’astuces pour étendre les possibilités du rêve. Les uns échangent des dessins animés, mais aussi des jeux dont le célèbre Ping pong !!! d’autres ont réussi à faire tourner visicalc 1 et expliquent comment procéder !!! Il y a même un forumeur qui annonce qu’il a réussi à brancher très simplement un magnétoscope directement sur l’entrée composite du Lidl en court-circuitant l’étage de couplage !!! Bref, l’évolution est garantie par tous les fans anonymes et passionnés de la marque.
Last but not Least : La télécommande. Combien de fois l’avons nous cherché sous les coussins alors qu’elle était sur le haut-parleur ? Dingleton a réfléchi. Sa solution est simple encore fallait-il y penser. Elle est intégrée dans le boitier, en façade. De l’avis unanime des trois testeurs c’était LA solution idéale et on s’interroge encore aujourd’hui de savoir pourquoi personne n’y avait pensé avant. L’ergonomie a été entièrement repensée et les réfractaires à la complication seront heureux d’apprendre qu’elle se limite à UN seul bouton. Le bouton On. L’apprentissage en sera grandement facilité. Tout juste faudra-t-il retenir qu’il faut maintenir une poussée prolongée pour l’éteindre. C’est une question d’habitude mais le système d’exploitation électronique retenu, le Dos 3.1, comporte de nombreuses erreurs dites didactielles qui facilitent l’apprentissage.
Conclusion :
Serions-nous face à l’élément parfait qui transformera nos salons en cinéma ? Oui, sans aucun doute à condition de pouvoir faire le noir total dans la pièce. De mémoire de testeurs nous n’avions jamais vu un tel réalisme dans les arc-en-ciel, y compris sur l’oeuvre des Frères Lumières. Le Projeteur Athome fouille les moindres détails de la matière picturale (nous n’avions jamais noté cet arc-en-ciel magnifique sur aucun autre appareil testé, quel que soit sa gamme de prix). Un bruit résiduel quasi inexistant et imperceptible lors de notre banc d’essai, un énorme brio dans la restitution du flou et des saccades. Tous les superlatifs ne suffiraient pas à retranscrire notre enthousiasme.
Mais la qualité a un tarif et avec un prix conseillé de 18,000 euros, le P.A. se place d’emblée dans la fourchette entre 17,000 et 19,000 et pourra faire reculer l’un ou l’autre qui préférera investir dans un modèle plus abordable avant de se tourner – dans quelques dizaines d’années – sur le marché de l’occasion pour acquérir cette perle. C’était déjà le cas du fabuleux MD70 mais rares sont les propriétaires prêts à s’en séparer.
Dernière édition par
peg-harty le 23 Nov 2018 15:31, édité 2 fois.
Ça m'étonnerait tout de même que Dingleton se lance dans cette pseudo technologie sous prétexte de soi-disant mesures objectives “prouvant” que la 3D serait plus fidèle à la réalité alors même qu'on peut à l'évidence constater le contraire 
Pas étonnant ensuite que les petits pains se transforment en saucisson!!! Si c'est ça le haut de gamme…… 
