Je pense que le moyen le plus sûr pour ne pas inhaler de matières nocives est d’arrêter de respirer.
Les particules fines sont dangereuses pour la santé. Elles sont responsables de tout un tas de joyeusetés parmi lesquelles l’asthme, la fibrose pulmonaire, la silicose, le mésothéliome de la plèvre et le cancer du larynx, la liste n'étant pas exhaustive. Mais avant de se boucher définitivement les narines, je vous invite à ouvrir les yeux pour regarder la vérité en face.
La dangerosité des particules est liée d’abord leurs dimensions puis et à leur nature. A cela s’ajoute la concentration dans l’air et le rythme respiratoire.
Les dimensions
Les particules suspendues dans l’air pénètrent par le nez qui filtre la majorité des plus grosses jusqu’à leur expulsion mécanique, en se mouchant ou en éternuant par exemple. Les voies aériennes sont tapissées de cellules. Le mucus sécrété par ces cellules emprisonne la plupart des particules résiduelles et des poussières. De minuscules cils vibratiles dirigent ensuite ce mucus jusqu’à la gorge, où il est éliminé soit par la toux, soit avalé. Seules, les particules les plus fines (moins de 3 microns de diamètre et de 100 microns de longueur) peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires.
Les produits de combustion (diesel), la fumée du tabac, les poussières de bois (notamment le chêne, le hêtre, certains bois exotiques) et les poussières textiles issues des vêtements, moquettes en font partie. Les particules d’amiante et les fibres de céramique ont un diamètre plus faible, compris entre 1 et 3 microns. Celui des laines de verre utilisées dans le bâtiment est plus gros (entre 3 et 25 microns). Seule une infime partie les poussières produites par ces laines peut atteindre les alvéoles pulmonaires.
La toxicité
Le verre est inerte mais le liant des fibres contient du phénol-formaldéhyde beaucoup moins sympa. On retrouve ce liant dans d’autres produits (panneaux de bois) et même dans certaines laines dites "biologiques".
Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a établi un classement de dangerosité des produits cancérogènes. L’indice 1 indique une forte dangerosité (radium, amiante), 2A indique un cancérogène probable, 2B possible, 3 une dangerosité non prouvée (donc inclassable comme tel). L’exposition aux poussières de bois, aux peintures et le tabagisme (actif ou passif) sont classés 1 (avec le radium et l’amiante).
Il est interessant de noter que le café est classé 2B à cause du furane et de l’acide caféique qu’il contient (cancer de la vessie), côtoyant ainsi les carburants, les gaz d’échappement, le Styrène, l’Ethylbenzène ou le Diisocyanate de toluène. Les laines de verre et de roche sont classées 3 avec le nylon, l’eau de boisson chlorée, le thé, les éclairages fluorescents, les implants dentaires.
L'exposition
On estime qu'un travailleur sur chantier respire 10m3 d’air en 8 heures. Les normes de sécurité du travail Allemandes, plus sévères que les nôtres, placent la limite de concentration à 6mg/m3 pour un travailleur manipulant de la laine de verre 40 heures par semaine (Maximale Arbeitsplatzkonzentration).
Le principe de précaution est un parapluie qu’on ouvre de plus en plus facilement pour se dédouaner des erreurs commises dans le passé. Pour l'amiante, on ne savait pas (soit-disant), donc, pour le reste on ne sait pas non plus donc il vaut mieux interdire. Mais aussi parce que les précautions nouvelles coûtent cher, ce qui est bon pour le PIB qui en a bien besoin. On arrive ainsi à des situations aberrantes comme celle-ci :
En avril 2013, j’ai été sollicité pour traiter l’acoustique des 18 studios de la chaîne Arte. Je me suis rendu sur le site à Strasbourg pour examiner les locaux, relever les cotes hors plan et évaluer la faisabilité. L’étude acoustique ne posait aucun problème particulier. Par contre, pour des questions écologiques et pour m’a-t-on dit, être 10 années en avance sur la législation à venir, je n’étais autorisé à utiliser ni laine, ni mousse, ni matière plastique, ni moquette, ni tissu, ni cuir, ni bois, ni peinture, ni vernis…
J’ai cherché durant plusieurs mois des produits de substitution. Je n’en n’ai pas trouvé. Je me suis résigné à décliner l’offre, à mon grand regret.
Certains diront : ben… pourquoi t’a pas mis de la laine de bois, de chanvre, de lin ou de mouton ?
Je me suis intéressé à ces produits très tôt, en pensant qu’il y avait là un réel progrès et un excellent argument commercial. Faute de caractéristiques acoustiques fiables, j’ai acheté chacune de ces laines chez plusieurs fournisseurs. J’ai mesuré les caractéristiques acoustiques et notamment l’absorption. Tous les échantillons avaient la même épaisseur 50mm et couvraient la même surface. Les mesures étaient purement comparatives.
Le résultat des mesures est sans appel : ces laines sont en moyenne 4 fois moins efficaces que les laines minérales. Je tiens les résultats des relevés à la disposition de ceux qui ne seraient pas convaincus.
A cela, il y a deux explications :
1- Les fibres sont espacées, la densité reste faible et par conséquent, la résistance à l’écoulement aussi, d’où une très basse impédance. Les fabricants m’ont expliqué qu’une densité supérieure serait inutile pour le thermique et nécessiterait un outillage de coupe trop onéreux. C'est surtout le produit qui deviendrait trop onéreux, donc invendable.
2- Les fibres sont grosses. Difficile de réduire le diamètre s'agissant de fibres naturelles (couper les cheveux en 4 n’est pas simple, chacun le sait). Mais surtout, on se retrouverait avec le même problème qu’avec les poussières et l’amiante (diamètre inférieur à 3 microns = danger).
Les laines biologiques conviennent peut-être pour l’isolation thermique (à condition d’ajouter suffisamment de pesticide pour préserver la laine de mouton et de fongicide dans les laines végétales – sauf le chanvre). Toutefois, elles peuvent convenir pour l’isolation entre 2 parois si on accepte de quadrupler l’épaisseur mais elles ne sont pas utilisables pour la correction acoustique. Quadrupler l’épaisseur de la laine rend le coût prohibitif, sans parler de l’impact environnemental à la production qui est de toute façon moins bon que pour les laines minérales.
Le liège n’a qu’une seule propriété acoustique : la résilience. Il amortit assez bien les bruits d’impact tel les chutes d’objets. En revanche, l’isolation aux bruits aériens est dérisoire de même que l’absorption directe. Toutes les publicités sur ce produit sont mensongères et ceux qui en sont à l'origine devraient être poursuivis. J’ai démoli suffisamment de constructions (parfois neuves) pour le savoir.
Bilan
Les laines minérales sont-elles dangereuses ? Dans l’absolu, la réponse est oui. Toutefois, l’exposition même continue, reste moins nocive que le tabac, les carburants, les poussières de bois, les peintures, les textiles, les parfums.
Sur le net, on trouve facilement des textes alarmants, notamment auprès de la sécurité au travail qui met en avant la dangerosité de nombreux produits de l'industrie (retombées financières intéressantes) et parle moins des produits de la vie quotidienne pour lesquels les solutions seraient trop compliquées, onéreuses ou impopulaires (carburants, textiles) ou encore des pollutions sonores qui touchent directement l'administration (transports ferroviaires, aériens).
On trouve aussi des sites qui tiennent et argumentent un discours contradictoire http://www.isover.fr/L-isolation-respon ... -infondees
et des données scientifiques plus neutres (CIRC). On peut supposer que la sécurité du travail pousse volontairement le bouchon un peu loin pour limiter les débordements ou les abus.
Si vous craignez vraiment pour votre santé, sachant que comme moi vous ne fumez pas, vous ne buvez jamais d’alcool, vous ne mangez que du bio (authentique), je vous conseille de ne pas vivre en ville, de ne plus aller chez le coiffeur, (ses produits sont classés dangereux - tant pis pour lui). Ne lisez plus, le papier et l’encre le sont aussi, ne buvez plus de café ni de thé, ni l’eau du robinet, ni celle en bouteilles plastique. Ne vous habillez plus et fuyez les personnes habillées, les poussières textiles (celles que vous trouvez dans votre ordinateur) et surtout les fibres synthétiques, sont également nocives. Tous ces produits sont classés au même titre que la laine de verre. Evitez de vous trouver dans un faisceau wifi et n'utilisez pas de téléphone portable, en plus dangereux (classés 2B).
Plus sérieusement, je conseille de mesurer les risques réels en surveillant la concentration de particules fines dans les locaux où vous vous trouvez et de la rapprocher à la durée de l’exposition. Je vais vous donner un truc pour savoir si vous vivez dans un milieu hostile. Vous ne disposez sans doute pas d’un « Dust Trak » (c’est un appareil qui mesure la concentration des poussières), mais vous avez peut-être un appareil photo équipé d’un flash. Baissez la lumière et prenez une photo au flash. Les particules de verre en suspension renvoient la lumière et forment des halos, comme ceci :
Image
Ne soyez pas alarmé par cet exemple! J'ai travaillé sans masque dans cette atmosphère pendant 40 ans et mes poumons vont très bien. Les particules en suspension sont majoritairement grosses et la plupart seront filtrés par le nez ou éliminées par le mucus. Malgré les apparences, la densité est faible. Il faut 40.000 poussières de ce type par mètre cube pour atteindre les 6mg fixés par la sécurité du travail en Allemagne pendant une exposition professionnelle continue.
Toutefois, rien d’interdit d’aérer les locaux pendant et après la manipulation, ni de porter un masque. Si vous avez encore des craintes, sachez que les nouvelles techniques d’ensimage des laines réduisent la volatilité et que Isover fabrique des laines couvertes d’un voile qui retient les poussières sans nuire aux performances acoustiques. Enfin, Akustar propose une laine de couleur noire, qui n’est ni de verre ni de roche, non irritante et quasiment sans émission de particules.
http://www.cinetips.com/viewtopic.php?f ... 3&start=20