Au fond de soi, on n'est jamais un grand professionnel. Je travaille de mon mieux, mais je ne suis pas à l'abri de faire des erreurs.
Je fais comme vous, je me documente sans cesse. Je consacre près de 50% de mon temps à apprendre. Après plus de 40 années consacrées à ce métier je me rends compte que j'ai encore beaucoup à découvrir.
Etant membre de la SMPTE, l'AES, l'ASA (Acoustical Society of America) et représentant THX en france (
cette semaine, THX vient de proroger mon contrat pour 5 ans), j'ai accès aux archives de ces organismes. Cela représente des dizaines de milliers de documents et bien sûr, une vie ne suffirait pas pour les étudier. Alors je trie pour aller à l'essentiel. Et là, je vais de découverte en étonnement et d'tonnement en stupéfaction. J'apprends des éléments qui remettent en question certaines de mes convictions ou qui remettent en question des technologies y compris toutes récentes.
Par exemple, le système Dolby Atmos dans sa version professionnelle, se justifie dans les salles supérieures à... disons 300m3.
Le système grand public du même nom, n'a rien à voir dans sa conception ni dans ses effets. En cause, la FIACC (Frequency dependent Inter Aural Cross Correlation), présente dans les grandes salles et quasi-inexistante dans les locaux d'habitation.
On s'éloigne du topic initial mais pour illustrer mon propos voici en avant-première quelques lignes du paragraphe que je viens d'écrire dans mon livre en cours. Il remet en cause les théories de Barron, Beranek et Marshall ainsi que les mesures de Ando applicables aux grandes salles et qui hélas servent de référence pour le calcul des petites. Cette prise de conscience permet de s'interroger sur la pertinence d'un Atmos dans un petits volume.
Une des raisons de la confusion sur le sens de la perception d'espace est que cette perception dépend fortement de la nature des signaux sonores. On reconnait trois impressions spatiales distinctes, dont deux seulement pourraient être enveloppantes. Ces perceptions sont :
- l’Impression Spatiale Continue CSI (Continuous Spatial Impression)
- l’Impression Spatiale Précoce ESI (Early Spatial Impression)
- l’Impression Spatiale d’arrière-plan BSI (Background Spatial Impression).
L’impression spatiale continue (CSI) intervient lorsque l’énergie latérale réfléchie interfère avec une source continue, tel le bruit du vent, un moteur, un bruit rose. Elle est très enveloppante - le son semble provenir de partout autour de l'auditeur. Le décalage temporel entre l’énergie latérale et la source qui donne lieu à la CSI peut avoir n'importe quel retard supérieur à 10 ms. La CSI dépend également du rapport entre le son médian et le son latéral. Elle est indépendante de l'intensité absolue de la source.
L’impression spatiale précoce (ESI) résulte de l'énergie latérale qui arrive dans les 50 ms qui suivent un bruit impulsif ou un son constitué de notes ponctuées. L’ESI n'est pas enveloppante - l'impression spatiale est celle d'une petite pièce dont le son global semble venir de la direction de la source sonore. Le son de la pièce parait donc lié à la source elle-même. Comme la CSI, l’ESI dépend du rapport entre le son médian et le son latéral. Elle ne dépend pas de l'intensité de la source. Dans une grande salle, un bruit ponctuel isolé paraitra plus réverbérant qu’un bruit continu même si ce dernier est plus fort.
L’impression spatiale d’arrière-plan (BSI) se produit lorsque la source est constituée d'une série de sons brefs détachés (notes ou syllabes). Le cerveau organise les sons en un flux perceptuel situé au premier plan de la scène sonore. Quand il y a plusieurs séries de sons simultanées - un duo musical ou deux personnes qui parlent en même temps - le cerveau attribue au premier plan un flux distinct pour chaque série. L'énergie qui arrive dans les intervalles entre les sons syncopés est affectée au fond sonore (flux unique). La force de la perception de la BSI dépend de la quantité d'énergie réverbérée (diffuse) et du niveau de pression de la source. Plus le niveau sonore est élevé, plus l’ISB est présente.
Qu'advient-il dans un petit volume, telle une pièce d’habitation?
Quand la constante de temps de la pièce comparée à la largeur de bande inverse du son écouté est faible, les fluctuations interaurales ne sont pas créées et l'enveloppement est inexistant. L’impression spatiale est du type précoce (ESI), typique des bureaux et des locaux d’habitation. Il est très rare d’y éprouver une sensation d’enveloppement naturel, même quand le taux de réflexions est élevé.Je fais encore le même genre de constat ou de découverte avec l'isolation des locaux. La mécanique vibratoire des parois anisotropes réserve encore bien des surprises. Tout avis ou conseil reposant sur les théories connues aujourd'hui n'est qu'un instantané d'une situation transitoire et sera peut-être contesté demain.
En ce qui me concerne, j'ai peut-être acquis un niveau mais l'humilité doit rester la règle