CR construction de ma salle HC

[Jose Hidalgo]

Emmanuel, as-tu pensé à un dispositif antistatique pour empêcher les poussières de se déposer sur l'écran ?

Je plaisante, mais pour ma part je nettoie de temps en temps mon écran avec un plumeau, il y a des poussières qui se déposent, et elles ne sont pas toujours blanches...

[Emmanuel Piat]

C'est pour bientôt apparemment le "Grand Opening" ?

Salut François

C'est clair que ça se tasse. En fait il ne reste plus grand chose à faire, c'est le manque de temps qui me ralenti fortement.

Le dernier "gros" morceau c'est le tissus sur la moitié arrière du plafond. C'est une journée de boulot pas plus mais il faut que je trouve le temps d'aller à IKEA dijon...

[Emmanuel Piat]

Bonjour.

Les posts qui suivent donnent quelques éléments qui expliquent les performances acoustiques de la salle.

J'ai représenté la salle à l'échelle avec inkscape (logiciel vectoriel gratuit et performant) :
http://www.inkscape.org/

La position d'écoute représentée correspond à celle du siège central de la rangée avant.

vert clair : LdR sur une faible hauteur (120cm)
vert foncé : LdR sur toute la hauteur
rose chair : LdR disposée en hauteur
marron : panneaux suspendus pour aborber de l'énergie ds les graves
noir : tablette pour écran et clavier
jaune : structure en bois diffusante : quadrillage & étagères (en pointillés si structure en hauteur)
points rouges : position des tweaters
point violet : position optique projo

Le vidéoproj est situé derrière une niche représentée par des traits pointillés.

[Emmanuel Piat]

Comme l'illustre le schéma ci-dessous, le centre de courbure de l'écran a été choisi de manière à ce que le flux lumineux soit reconcentré sur la zone des sièges.

L'écran à double courbure rabat le flux lumineux aussi bien verticalement qu'horizontalement.

Comme la réflexion d'un écran peint n'est pas spéculaire mais plutôt lambertienne, la reconcentration est progressive, mais néanmoins efficace : depuis la tablette du PC située à gauche et en hauteur par rapport aux sièges, la luminosité est réduite d'environ 1/3.

Mais ce qui est un avantage pour la vidéo, est un gros inconvénient pour l'audio : l'écran reconcentre vers le public l'énergie de toute source sonore (primaire ou secondaire) située dans la zone centrale arrière de la salle.

En zone arrière, il faut donc impérativement éviter les réflexions primaires et secondaires en direction de l'écran. Ces réflexions se traduisent par des pics énergétiques retardés importants dans l'échogramme et donc des phénomènes d'échos déplaisants et destructeurs car très audibles.

Par contre, on va voir que l'écran peut être utilisé pour disperser intelligemment l'onde arrière des enceintes avants.

Les posts suivants illustrent ces points pour l'enceinte FL. Le flux diffusé par FL sur 360° est découpé en domaines angulaires contigus puis analysé. Chaque analyse figure dans un calque différent du fichier Inkscape. Les calques peuvent être sélectionnés en bas à droite. Le petit oeil juste à côté permet de les afficher/cacher.

[Emmanuel Piat]

Calque FL1 :

Cette partie du flux arrière de FL est réfléchie en étant dispersée sur une grande zone vers la droite par l'écran. Elle est alors majoritairement absorbée par la paroi de droite et une petite partie est volontairement diffusée pour gagner en sensation d'espace.

Comme l'écran est en hauteur, le flux arrière qui passe sous l'écran est en grande partie absorbé sur l'avant (20 cm de LdR).

Il ne faut pas non plus oublier que l'écran à une double courbure (portion de sphère). La partie représentée sur le schéma correspond uniquement au bas de l'écran. Une onde sonore qui part de FL et qui monte va être réfléchie vers la droite *et* le haut par l'écran. Le plafond doit donc être traité exactement comme les murs pour éviter toute rupture de traitement acoustique : plafond flottant avec LdR suspendue par des longerons en bois pour la diffusion + polyane + tissus.

[Emmanuel Piat]

Calque FL2 :

Cette partie du flux arrière revient sur la tête de l'auditeur et se surperpose donc au champ direct avec un faible retard.

Mais ce phénomène néfaste ne concerne qu'une toute petit partie de l'onde arrière (secteur angulaire bleu petit). L'énergie réfléchie sera donc faible.

L'onde qui arrive à l'arrière de la salle est majoritairement absorbée pour éviter toutes réflexions secondaires en direction de l'écran (20cm de LdR).

[Emmanuel Piat]

Calque FL3 :

Cette partie du flux arrière évite l'auditeur mais arrive sur la niche du projo où elle doit impérativement être absorbée.

Au départ j'avais donc capitonné à mort la niche mais du coup l'acoustique obtenue n'était pas naturelle (pb de balance avant-arrière sur l'énergie réverbérée qui n'entourait pas naturellement l'auditeur). J'ai donc petit à petit enlevée des couches de capitonnage jusqu'à obtenir satisfaction. L'acoustique, c'est aussi parfois des essais-erreurs avec l'oreille pour seul juge final...

[Emmanuel Piat]

Calque FL4 :

Le flux latéral gauche est majoritairement absorbé et légèrement diffusé pour gagner en sensation d'espace.

[Emmanuel Piat]

Calque FL5 :

Ce flux avant part en direction de l'arrière de la salle ou il est majoritairement absorbé pour éviter les retours vers l'écran et la reconcentration de ces réflexions primaires sur l'auditeur.

[Emmanuel Piat]

Calque FL6 :

C'est le champ direct qui est ensuite majoritairement absorbé à l'arrière. Comme on est sur les côtés, un peu de diffusion commence à être présente.

[Emmanuel Piat]

Calque FL7 :

Le flux latéral droit est majoritairement aborbé et légèrement diffusé pour gagner en sensation d'espace.

Voilà les 360° sont bouclés

[Emmanuel Piat]

Calque contrôle :

La variable d'ajustement de l'acoustique de la salle est constitué de trois panneaux derrières les frontales. En interceptant une partie du flux arrière, ces panneaux me permettent de contrôler le ratio champ direct/champ diffus. Si le champ diffus est trop important, on perd en localisation et précision de la scène sonore. Si le champ direct est trop important, on perd en sensation d'espace. Ce réglage est donc un compromis qui doit construire une image sonore en "adéquation" avec le lieu d'écoute (par exemple, une image riquiqui dans une grande salle n'est pas souhaitable). J'effectue ce réglage avec un enregistrement stéréo qui balade des sources sonore de droite à gauche et d'avant en arrière. En réglant le recul des panneaux, j'ai été agréablement surpris de constater que malgré la proximité des enceintes (2m54 sur le schéma), on pouvait avoir une localisation précise tout en concervant une belle sensation d'espace.

Ces panneaux ne sont pas très grands (cf. photos dans les pages précédentes) mais leur impact est énorme en pratique. Sans eux l'écoute manque vraiment de précision (trop de champ diffus).

Le trait pointillé correspond à une petite structure diffusante dont je m'interroge sur l'utilité. Il faut bien garder un os à ronger

[Emmanuel Piat]

Conclusion :

On peut faire évidemment le même raisonnement pour la centrale et les surrounds : l'analyse est identique : si on envoie des bruits roses décorrélés sur tous les canaux simultanément, l'image sonore est homogène et sans variation de timbre selon la direction.

L'acoustique de cette salle qu'on pourrait baptiser FTS (Front Toward Sides) s'approche donc d'un idéal qui consiste à être :

- en champ quasi-libre sur la zone avant (en réfléchissant l'énergie avant vers les bords où elle est un peu diffusée et bcp absorbée)

- en champ quasi-libre sur la zone centrale arrière (en absorbant l'énergie arrière centrale)

- en champ légèrement diffusant sur les côtés (comme dans un petit bois peu dense).

En terme d'écoute cela se traduit par une réelle sensation d'espace malgré la proximité des enceintes. Dès que les lumières sont éteintes, ont a bien du mal à croire qu'on est dans une pièce avec des murs tant l'acoustique du lieu se fond dans celle de l'enregistrement.

C'est pour cette raison que je commence tjrs mes démos stéréo par le requiem de Preisner enregistré dans une cathédrale. On ne peut être qu'impressionné par ce lieu immense qui se matérialise sur l'avant. Cette illusion sonore superbemment enregistrée avec des plans sonores multiples et une grande profondeur est alors suffisamment convaincante pour qu'on se laisse transporter...

Comme l'écran est très grand et réfléchissant, s'il n'avait pas été courbe, il aurait constitué une immense surface réfléchissante en direction de l'auditeur, ce qui aurait déséquilibré la salle qui est absorbante sur les autres murs : l'écran aurait imposé sa présence avec un echo frontal très présent qui aurait démoli l'écoustique présente sur les enregistrements... Donc correctement géré, un écran courbe est un atout si on doit mettre les enceintes proches de la zone d'écoute.

@+
Emmanuel

[digital]

Salut Emmanuel,

Merci pour ces posts qui donnent matière à réfléchir

Plusieurs choses m'échappent cependant

vert clair : LdR sur une faible hauteur (120cm)
vert foncé : LdR sur toute la hauteur

1) Le mur avant ou est situé l'écran a ces deux couleurs par exemple, que cela signifie-t-il ?

2) Les légères diffusions représentées à intervalles réguliers correspondent elles aux linteaux ?

Finalement, je suis assez étonné de voir autant de surfaces traitées avec de la LDR.
Il est souvent conseillé de ne pas en abuser pour ne pas transformer sa pièce en chambre sourde mais là ça n'est pas un problème visiblement. As tu beaucoup joué sur les epaisseurs ?

Merci d'avance

Nicolas

[Emmanuel Piat]

>1) Le mur avant ou est situé l'écran a ces deux couleurs par exemple, que cela signifie-t-il ?

==================== <- mur (agglo)
################# <- LdR sur une largeur de 10cm et une hauteur de 1m20 : vert clair
|########|########| <- ossature bois remplie de LdR (10 cm de largeur) : vert foncé
~~~~~~~~~~~~~~~~~~ <- tissus
------------------------------------ <- quadrillage en bois


L'ossature bois n'est pas représentée sur mes schémas. Elle n'est fixée qu'à la chappe flottante : elle ne touche ni le mur, ni le plafond => cf. photos du début du post

>2) Les légères diffusions représentées à intervalles réguliers correspondent elles aux linteaux ?

c'est le quadrillage en bois par devant l'ossature qu'on voit sur les photos :

- les montants horizontaux ont une section 50x70mm et sont vissés sur l'ossature bois
- les montants verticaux ont une section 25x25 et sont cloutés sur les montants horizontaux

Les deux sont représentés en jaune. On voit à peine ceux de 25x25 (tout petits carrés espacés de 60 cm). Pour bien voir, il faut charger le fichier vectoriel que j'ai fourni sous Inkscape et zoomer.

>Il est souvent conseillé de ne pas en abuser pour ne pas transformer sa pièce en chambre sourde mais là ça n'est pas un problème visiblement.

La pièce est évidemment bien amortie mais n'a rien à voir avec une chambre sourde. Vu que l'écran rebalance tout sur les bords, il y a qd même de l'énergie rediffusée par le quadrillage.

Cette salle pourrait donner lieu à plein de TP d'acoustique, car le comportement change du tout au tout selon les endroits. Le pire est sans doute quand tu parles face à l'écran là où ça se reconcentre : tu te prends un écho super fort de qq centaines de ms qui filtre en peigne ta voix et qui fait que tu t'entends avec une voie de canard . C'est franchement comique, on se croirait dans un DA. Mais évidemment les sources sonores des enceintes ont, elles, un rendu exceptionnel depuis la zone d'écoute.

@+
Emmanuel