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Musique enregistrée : BLURAY, CD & DVD musicaux, interprètes...

Dutilleux: une discographie?

Message » 09 Oct 2004 11:35

haskil a écrit: y-a-t-il ne serait-ce qu'une once de musique dans les partitions de Brian Ferneyhough... :-?
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C'est peut-être un peu lapidaire, non ? Ferneyhough est peut-être irrégulier, tout n'est peut-être pas toujours du même niveau… Mais le quatuor 2 est… Pour ma part, je me méfie des jugements trop tranchés en la matière. Je préfère Crumb et Reich, ou Gervasoni et Brancquart — mais ce n'est qu'un préférence personnelle.
Idem. J'admets totalement qu'on peut ne pas aimer les interprétations très rudes des Arditti (je n'ai pas dit non plus que j'appréciais tout et toujours: je suis assez d'accord sur ce que tu dis à propos de leur Webern, mais pas à propos de Dutilleux — ni d'ailleurs sur leur interprétation de Xénakis). Il est sans doute vrai que je ne les ai entendu qu'une fois en concert, à la Cité de la Musique, jouant, je crois, du Carter). Mais ce sont des gens qui ont commandé un grand nombre de quatuors aux contemporains (à commencer par Dussapin), un peu comme les Kronos. Et qui les ont créés et enregistrés. Certains de leurs enregistrements demeurent à mon sens non pas des perfections, mais des interprétations possibles et intéressantes. Ce qui n'est déjà pas si mal…
Mais bon. Je ne me battrai pas sur ces points pour savoir qui a raison, qui a tort.

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dub
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Message » 09 Oct 2004 12:20

Dub, je ne parlais pas des Arditti. Mais de Brian Ferneyhough... qui, sincèrement, est le compositeur contemporain pour lequel j'ai fait le plus grand nombre d'efforts possibles et imaginables.
Et sans être, le moins du monde affidé aux tenants du néotonal à la mode, je partage le point de vue de Jean-François Zygel et de quelques compositeurs de ce groupe, sur ce compositeur.

Et les Arditti, puisque tu en causes, pas plus qu'un autre quatuor, ne réussissent à réaliser ce qu'il écrit dans ses quatuors qui sont écrits pour être injouables, selon quasi les mots mêmes du compositeur.

Et qu'on ne vienne pas dire que dans le passé des oeuvres, aujourd'hui célèbres furent injouables de leur temps, car ce n'est pas vrai : ni la Sonate "Hammerklavier", ni les Transcendantes de Liszt n'étaient injouables en leur temps. Ni le concerto pour la main gauche de Ravel, ni Islamey, ni Iberia plus tard, ni Gaspard. Ni, pire encore dans le genre, les oeuvres de Godowsky.

Par ailleurs, le fait de commander de nombreuses oeuvres est bien en soi, de les jouer aussi.

Sauf que Paul Sacher, le plus grand mécenne éclairé du XXe siècle, était un chef médiocre.

Sauf qu'Elisabeth Chojnacka, claveciniste de son état, joue mal, très mal, les oeuvres composées pour elles, comme celles des compositeurs morts ce dont on se rend plus facilement compte. Evidemment !

Le pianiste Wittgenstein a eu beau commander des concertos pour la main gauche à Ravel, Prokofiev, Korngold (et j'en oublie), il a eu beau en jouer certains, il n'en était pas moins manchot, au deux sens du terme, devant son piano.

Son enregistrement du Concerto pour la main gauche de Ravel, avec Bruno Walter au pupitre est si mauvais que c'en est une rigolade. Du reste, Ravel lui même a voué ce pianiste aux gémonies.

Mais bon, on lui doit l'une des très grandes oeuvres du XXe siècle !

Les Arditti sont mille coudées au dessus et de Sacher comme chef, et de Wittgenstein comme pianiste et de Chojnacka comme claveciniste... Cela va sans dire, mais ça va mieux en le disant.

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Message » 09 Oct 2004 16:00

haskil a écrit:Dub, je ne parlais pas des Arditti. Mais de Brian Ferneyhough...


J'avais bien compris — et je suggérais seulement que, dans les deux cas, on pouvait adopter une opinion plus modérée… J'ai réécouté ce matin le quatuor n°2 de Ferneyhough (par les Diotima, le 17 février 2001 à Radio France, précédé du n°2 de Scelsi et du n°4 de Bancquart). Et j'ai trouvé ça — le final très nocturne et mystérieux en particulier — plutôt bien…

Quant à Paul Wittgenstein, que veux-tu, avec un frère pareil, plus le fait d'avoir perdu un bras pendant la première guerre, mais dans un accident de tramway…


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Message » 09 Oct 2004 17:00

haskil a écrit:Gilles, y-a-t-il ne serait-ce qu'une once de musique dans les partitions de Brian Ferneyhough... :-?


Alain, je dois t'avouer que j'ai hésité beaucoup avant de répondre à cette question… car ne rien dire c'est consentir absolument. Et en parler, c'est prendre le risque d'être long.

Par respect pour tout travail d'artiste, même si je suis très circonspect comme toi, au sujet des compositions de celui-ci, je me dois d'être assez précis… et argumenter ma position vis à vis de ce courant musical. Courant musical, oui, parce que Brian Ferneyhough est chef de file, un des compositeurs qui a derrière lui un nombre effarant d'élèves et d'épigones. C'est d'ailleurs cela qui me pousse à répondre. Sans oublier que lui-même a la dent dure sur ses confrères (peut-être un peu moins maintenant).

Tout d'abord, je n'ai pas écouté toutes les œuvres de Brian Ferneyhough, mais dans celles que j'ai écouté il y en a quelques une qui m'ont intéressé :
- d'abord "Funérailles I et II", que je connais par la version dirigée par Pierre Boulez (ceci explique peut-être cela) CD Erato.
- les "Carceri d'invenzione I et II" pour ensemble, et ensemble avec flûte
- et "Superscriptio"pour piccolo.

Pour moi, je dois te dire, Alain, que les musiques de Brian ferneyhough en général sonnent plutôt comme de la musique "pépére". Du "contemporain" bon teint, malgré la réputation de haute complexité qu'ont ces œuvres.
À l'écoute, il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Mais, il y avait dans ces œuvres là, un propos musical évident. Le registre du piccolo dans "Superscriptio" apportait une couleur peu entendue…

Par contre, et là je te rejoins et rejoins Zygel, c'est que cette relative complexité, est sur la partition notée de façon complètement illisible. Et pour les pièces pour solistes c'est encore pire. C'est là que se trouve le problème…
La notation rythmique n'est que valeurs irrationnelles dans valeurs irrationnelles, dans variation de tempo… Les modes de jeux s'articulant sans cesse, des nuances impraticables ou insignifiantes pppp<ppp dans un registre où le simple p est déjà très difficile…

Bref, l'exemple de la composition qui ne tient pas compte du son, mais n'est que la simple satisfaction des jeux abstraits de manipulations de séries. De nouvelles manipulations (ce n'est plus celles de Boulez et de Stockhausen) inventée par Brian Ferneyhough.

Dans ses présentations d'œuvres, toutes ses pièces sont "conçues" par ces spéculations abstraites (rythmes, accords, modes de jeux, nuances…) par couches… sans jamais la sanction de l'efficacité et ni la justification sonore.
Cela donne une écriture "injouable", tous les paramètres solfiables sont disjoints. Il faut que le musicien qui prépare l'œuvre, travaille couche après couche. Tout signe devient bloquant musicalement. La sortie ! Faire quelque chose d'approchant …

Pierre-yves Artaud, qui a enregistré ses œuvres pour flûte, a fait sur le même disque deux versions d'interprétations, comme tout n'est pas réalisable en même temps il a fixé ses solutions. Pierre-Yves Artaud dit que cette situation en concert met le musicien dans un état particulier… une bagarre ou rien n'est prévisible…

F. B. a repris cette vision pour sa défense… et tous ses élèves aussi… Cela donne des pièces où l'interprète devient un calculateur, et une centrale de commande de gare de marchandises. Des problèmes techniques… plus de musique.

Frédéric Stochl (Ctbasse de l'intercontemporain) me disait sa fureur devant les réponses de ces suiveurs de Ferneyhough.
Lorsque les musiciens demandent : "comment je fais là, c'est impossible…" le compositeur répond : " si vous ne pouvez pas… alors, faites à peu près". Alors que les musiciens se sont cassé les doigts ou les lèvres pour trouver la solution.
Où commence le travail musical pour l'interprète devant le vide de projet sonore du compositeur ?

Le pire c'est que cela fait des musiques non "entendues" intérieurement (ou physiquement) par leur auteur. Rien ne vient de l'imagination… tout vient du spéculatif abstrait.

J'ai rencontré certains jeunes compositeurs élèves de Ferneyhough à l'IRCAM. Discuter avec eux de la musique est étonnant… tout se ramène à l'algorithme utilisé… et à la combinaison des niveaux de complexités.
Les idées musicales, l'expression, le son… discussion impossible. À l'écoute de leurs œuvres en concert… du Ferneyhough… en moins bien (!). Un fleuve d'ennui…

Ferneyhough se moque même des compositeurs qui entendent leurs œuvres intérieurement au moment de la préparation ou de l'écriture… qui notent des détails… pour lui c'est totalement hors de question… c'est du passé. Alors que justement l'ére de la "série intégrale" est bien passée… C'était une période aussi ou peu de compositeurs entendaient leurs compositions… Si bien que Boulez s'en apercevant a décidé de faire des dictées musicales aux candidats élèves pour ses cours à Darmstadt.

Voilà pourquoi, je répond sur ce passage de Brian Ferneyhough.
Je précise… mais tout le monde s'en doute, que nous nous trouvons devant une approche de la musique vraiment à l'opposé d'un Henri Dutilleux… (puisque c'est le sujet du post).

C'est une vision artistique qui peut par ses détours faire des objets d'art musical écoutables et pourquoi pas… appréciables, mais qui est par cette démarche abstraite à l'extrême une voie sans issue… D'autres avant Ferneyhough s'y sont déjà cassé les dents… Dommage pour ces jeunes compositeurs, qu'ils y aient vu une perspective à long terme.

Il faut savoir choisir ses professeurs… et si on n'a pas de professeurs, choisir ses influences…

Salut Alain, salut dub. :wink:

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Message » 11 Oct 2004 12:39

Gilles, je partage totalement ton analyse... Tu sais que tu devrais postuler dans quelques revues musicales pour faire de la critique. Tu ne ferais que réactualiser la vieille tradition des compositeurs-critiques et comme tu n'es pas sectaire, j'ai l'impression que ça ouvrirait les fenêtres...

Tiens, j'ai reçu un coffret Erato de tous leurs enregistrements consacrés à... maurice Ohana. ça vient de sortir et c'est pas cher je crois ! Il y a aussi un coffret Jolivet.

Alain :wink:
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Message » 13 Oct 2004 18:21

haskil a écrit:C'était un homme difficile, rugueux, un peu misanthrope, colérique qui se fachait parfois pour un rien et violemment avec ses amis.


J'ai entendu sur France-Musiques, une jeune compositrice, Edith Canat de Chizy, qui parlait de Maurice Ohana en termes très chaleureux. D'après ce qu'elle disait de lui, cela ne ressemble pas à ce portrait très sombre.

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Message » 15 Oct 2004 1:45

orpheo a écrit:J'ai entendu sur France-Musiques, une jeune compositrice, Edith Canat de Chizy, qui parlait de Maurice Ohana en termes très chaleureux. D'après ce qu'elle disait de lui, cela ne ressemble pas à ce portrait très sombre.


Salut orpheo (joli pseudo)

C'est vrai que Maurice Ohana aimait bien être en contact avec les jeunes compositeurs… Lors de son passage à la classe il était passionné de nous faire partager ses reflexions sur les micro-intervalles (quelques unes écrites en 1/3 de ton…) et sur les rapport entre la musique andalouse et l'afrique et son influence dans ses œuvres.
Il guettait attentivement nos réactions…
C'était un homme remarquablement cultivé. Son expérimentation des modes utilisant les micro-intervalles n'a pas non plus arrangé les choses par rapport au courant dominant des années 50-60. Et ses œuvres ont des styles polymorphes… alors que Dutilleux a une œuvre beaucoup plus homogène. Entre les premières œuvres de Dutilleux et les dernières, il y a une unité de style. C'est signé, il y a un "son" Dutilleux.

Comme le dit Haskil, il était révolté… surtout par l'école sérielle (elle était tout de même extrêmement sectaire)… Et son rejet de la musique allemande était lié à cette filiation. Il était intellectuellement, par sensibilité et poétiquement à l'opposé de cette démarche.
Par contre je me souviens avoir eu comme voisin proche, Henri Dutilleux, dans des forums où avaient lieux des présentations d'œuvres sérielles… dans la fin des années 60.

Henri Dutilleux comme tout vénérable et vénéré artiste, aime lui aussi, le contact avec des jeunes confrères… Il y a dans tout grand artiste une forme de doute léger sur la manière dont est perçu son "travail" par les plus jeunes confrères. Ce petit doute est d'ailleurs salutaire… Il aiguillonne l'imagination.
C'est vrai aussi que Henri Dutilleux entend quelque chose aux mondes sonores de l'électroacoustique… Il dit apprécier les musiques de François Bayle et les musiques spectrales de Tristan Murail et de Gérard Grisey…

Je ne sais pas quelle était l'opinion de Maurice Ohana sur ces nouvelles techniques d'écriture… Mais je sais que l'électroacoustique l'intéressait, sans que lui non plus n'y mette d'ailleurs les mains… (il faut que je vérifie tout de même).

Salut orpheo…

Gilles :wink:
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Message » 15 Oct 2004 18:28

Gilles R a écrit:Mais je sais que l'électroacoustique l'intéressait, sans que lui non plus n'y mette d'ailleurs les mains… (il faut que je vérifie tout de même).

Vérifications faites, il a mis les mains dans le son… en mixité pour des ouvrages lyriques : "Syllabaire pour Phèdre", "Autodafé" et "Sibylle".
Vaut mieux toujours vérifier… la preuve. :mdr:

Bonsoir… :wink:
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Message » 03 Nov 2004 11:15

Sinon, le disque de Yan Pascal Tortelier chez Chandos est splendide. Sur le meme disque on trouve Tout un monde lointain et le Mystère de l'instant pour cordes et cymbalum et percussion ;


Je viens de mettre la main sur ce CD: et je sors du Mystère de l'instant: c'est une pure merveille! Je n'ai pas encore comparé "tout un monde lointain" à la version que je possède deja (Chung/ Mork), et je ne manquerai pas de donner mon avis la dessus!!

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Message » 03 Nov 2004 11:50

oso a écrit:
Sinon, le disque de Yan Pascal Tortelier chez Chandos est splendide. Sur le meme disque on trouve Tout un monde lointain et le Mystère de l'instant pour cordes et cymbalum et percussion ;

Je viens de mettre la main sur ce CD: et je sors du Mystère de l'instant: c'est une pure merveille!


+ 1 :D

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Message » 04 Nov 2004 19:41

haskil a écrit:Pour les avoir subis si souvent en live... les Arditti, je n'exagère en rien... puisqu'il m'est arrivé de quitter des concerts à l'entracte avec des amis "cordistes" un peu stupéfaits par ce que nous venions d'entendre. Sec, petit, sans lyrisme et instrumentalement faible :o

Rarement entendu quatuor au son si dur et acide et dont la justesse, en plus, est largement éprouvante...


Bon. Je viens de les entendre dans concert sur France Musiques, jouant Bartok et Janacek…
Effectivement Image ils ne jouent pas juste du tout…

Bon. Ils jouaient aussi un quatuor de J. Orbon — que je ne connaissais absolument pas.

Quelqu'un aurait une version correcte de cette oeuvre ?



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