A l'occasion de la venue de mon frère en Bretagne, nous avons décidé de rendre visite à Eric.
J'ai décidé de prendre mon amplificateur Lavardin IT sous le bras afin d'expérimenter la manière avec laquelle il pouvait alimenter les
JBL Array 1400. Lors de ma précédente visite (salon Esoteric), j'avais particulièrement apprécié ce modèle et j'étais curieux de voir si cette seconde écoute allait confirmer mes premières impressions. En outre, cela nous permettait d'apprécier de manière plus immédiate les qualités à la fois des enceintes et de la source
Esoteric X-05.
La session a donc débuté dans le premier auditorium par l'écoute du trio X-05,
Pass Lab INT-150 et Array 1400.
Pour résumer, l'écoute est vivante, matérialisée mais les timbres semblent perfectibles et manquent de raffinement. L'amplificateur est certes puissant mais peine à rendre une dynamique fine crédible. Les nuances, les inflexions l'articulation générale sont en retrait par rapport à nos normes d'écoute. La contre basse de Furio Di Castri est très atténuée sur
Chatango de l'album Morph de PAF Trio.
Il est tout de même possible d'appréhender que la source est probablement très résolvante et fluide.
Nous décidons de mettre à l'épreuve l'IT tant l'écoute nous laisse quelque peu dubitatifs et interrogatifs.
Immédiatement, nous retrouvons la transparence dont nous sommes coutumiers. La musique reprend vie et module dans l'auditorium. Le vibrato de la voix d'Amel Bent retrouve
sa pleine expression.
Di Castri reprend sa place dans le trio.
Les 2.2 Volt RMS en sortie de l'X-05 ne limite pas les niveaux d'écoute et l'ensemble remplit l'espace sans insuffisance de puissance. La sensibilité de 89 dB 2.83/1m des Array 1400 nous paraît plus élevé que les données constructeurs.
Nous prenons conscience que la sonorité d'ensemble est très conforme à ce que nous connaissons de l'amplificateur. Les JBL ne semblent pas imposer une sonorité propre marquée. Je retrouve ce que j'aime dans ce modèle : elles sont plutôt faciles et peu rétives à alimenter ; elles sont extrêmement vivantes et communicatives ; elles minimisent à mon goût au mieux les inconvénients inhérents aux enceintes à compression/pavillon avec grosse surface émissive dans le grave. La fusion des registres est plutôt réussie sur ce modèle. La massivité qu'entraîne la reproduction d'un instrument (ou voix) par la HP de grave (14" et non 15") sous la coupure (800 Hz) est limitée et me semble moins perceptible que sur les 9800 SE. Le grave est rapide, contrôlée et contrôlable (force contre- électromotrice probablement moins exigeante pour l'amplificateur que le Hp de la 9800 SE).
En outre, la stabilité des plans sonores en profondeur me paraît moins critique que sur la plus part des enceintes à compression/pavillon (l'acoustique de la pièce d'écoute). Malgré une orientation verticale du pavillon, les 1400 présente une directivité peu marquée.
On retrouve ce qui fait l'attrait d'un médium à compression : absence d'inertie du fait d'un équipage mobile très léger par rapport à celui d'un HP de médium à cône, spider et suspension classiques ; la projection du son ; absence de coloration de coffret ; la dynamique en particulier dans les registres reproduit par les compressions (médium et aigu). Cependant, mon frère dénote sur les cordes frottées une restitution moins boisée que d'accoutumée. Est-elle imputable à une infime "coloration" liée à la nature des pavillons ? Pour ma part, je n'ai pas ressenti cela.
La présence d'une compression d'aigu évite l'écueil du son typé "sonorisation" dans lequel l'atténuation sensible dès 10-15 KHz uniformise la sonorité. Cette compression contribue aux qualités de fluidité des Array qui dans cette configuration donne une restitution sans duretés, d'une grande richesse et une grande variété de timbres. Les composants du filtre doivent être soignés. Les Array présentent en plus un débafflage du pavillon qui contribue probablement à l'ouverture de la scène sonore et à une directivité très faible.
Le lecteur X-05 est très convaincant : je le trouve neutre, fluide, dynamique et très informatif.
La sensation de richesse et d'absence de monochromie, la sensation de tempo ralenti, le sens du détail sans allégement de la patte sonore sont patents. Sans une source de cette qualité, le plaisir d'écoute n'aurait pas été au rendez-vous. De plus au plaisir d'écoute s'ajoute la satisfaction d'une écoute que je trouve très "moniteur" dont globalement très transparente. Les caractéristiques d'enregistrements ou de reproduction instrumentale sont évidentes et la sonorité sur les cd écoutés ne souffrent pas de constantes d'écoute immédiatement décelables.
Puis nous passons dans le 2ème auditorium pour écouter le système composé d'une source en deux éléments
Esoteric UX-03/D-03, d'un préampli Esoteric C-03 des blocs mono Halcro DM68 et des
JBL K2 9800 SE.
Pour avoir écouté les JBL alimentées par le les blocs Halcro, je constate que l'écoute est plus conforme à mes goûts. En ce qui me concerne, je trouvais que la rosita Pi (drive et conversion) souffrait de monochromie dans le haut médium/aigu, d'un rendu globalement assez "numérique" et d'une dynamique un peu timide. Là, la source et le préampli Esoteric libère la restitution, donne une écoute souple, dynamique, fluide et d'une très grande richesse. Mon frère qui a écouté le trio PAF sur scène, retrouve une restitution très crédible avec des qualités d'aération et de séparation entre les jeux instrumentaux patentes. Les JBL 9800 SE présente en l'état de mise en oeuvre (Eric vient d'ouvrir cet audit) une directivité marquée. La restitution du grave des 9800 est plus convaincante dans l'attaque que dans l'extinction de la note et je persiste à penser que la maîtrise de ce HP et de l'intégration de l'enceinte dans une acoustique resteront critiques et devront être soigneusement réfléchis pour que l'enceinte puisse exprimer son potentiel dans un environnement domestique.
Eric s'est lancé dans la distribution en France des platines tourne-disque
Hanss Acoustic. Il nous propose d'écouter la platine vinyle
T-30. Le bras est un
SME V. Une cellule Shelter 301 est montée sur le bras.
Un préampli Nagra (à tubes) fait office de préampli phono. Ses sorties moniteurs sont branchées en entrée du C-03.
Eric nous met un disque de flamenco. On apprécie immédiatement ce que possède l'écoute de disque vinyl : le naturel, l'évidence d'écoute le plaisir immédiat. En ce qui me concerne, j'apprécie aussi tout particulièrement les qualités d'attaque et d'établissement des sons. Enfin, l'incarnation et la façon de remplir l'espace font, je trouve, partie des points forts de la lecture analogique.
Nous mesurons la performance de la platine : l'exploration de la bande passante aux deux extrémités est impressionnante. La dynamique est tonitruante sur les coups de talon de la danseuse sur l'estrade. Peu ou pas de craquements, un rapport signal bruit sans défaut (à l'oreille), un son rendu sans typage particulier. Seul les reflets de lumière changeant sur la plateau trahissent la rotation du disque.
Néanmoins nous pensons que le préampli Nagra induit une petite coloration notamment sur les bruits percusifs (pieds de la danseuses, applaudissements...).
Puis nous écoutons THE BASSFACE SWING TRIO plays Gershwin en Direct-to-Disc-LP (180g) par StockFish. Le rendu du piano est superbe, l'écoute est très entraînante, le naturel s'impose comme une évidence.
Nous décidons de faire une comparaison SACD/vinyl. Seul diffère la source (auquel il faut ajouter le préampli Nagra la source analogique).
Et bien c'est cruel pour le sacd. Mon frère me fait remarquer qu'il faut faire un effort d'intellectualisation pour recréer ce que la lecture analogique imposait par son caractère évident (en particulier pour le piano). De même le charley et les cymbales féraillent sensiblement plus qu'auparavant. Seul le grave soutient la comparaison et est parfois un peu mieux contrôlé. Faut-il rappeler qu'il serait imprudent de tirer une quelconque généralisation d'une telle comparaison.
Nous décidons de revenir dans le premier audit pour effectuer la même comparaison sur X-05/IT/Array 1400.
Et bien surprise, en toute franchise, cela rivalise et s'approche plus de l'écoute vinyl précédente. Le rendu sur les notes de piano soutiennent la comparaison. Elles sont riches tonalement et crédibles dans l'attaque et la persistance. Les cymbales regagnent des harmoniques... L'écoute est regagne en fluidité. Le plaisir est tel que nous finirons nos auditions sur ce système.
Que le Lavardin IT soit un ampli qui en remontre à bien d'autres, n'est pas une surprise pour moi. Par contre l'excellence de la source X-05 et des Array 1400 et le mariage de ces éléments fut une révélation.
Je serai bien curieux de faire une écoute du X-05 in situ pour voir de quelle manière il pourrait prendre en défaut mon intérêt pour les sources NOS (non oversampling).
Je remercie tout particulièrement Eric pour cet accueil chaleureux et ses qualités de compréhension et d'ouverture.
C'est la raison pour laquelle j'ai pris le parti de relater sans détour qu'elles avait été les conclusions de ces 4H00 d'écoute. Mes (nos) goûts et mes (nos) appréciations sont éminemment subjectives !