» 06 Juil 2009 13:13
Bonjour Grand X,
Afin de réconcilier les deux constatations, on peut soit rapprocher le protocole ABX de l'écoute non aveugle, soit rapprocher l'écoute non aveugle de l'écoute ABX, le but étant d'arriver au final à un protocole strictement identique, à la différence près de la connaissance ou non des appareils écoutés.
Pour cela, il faut identifier ce qui est présent dans l'écoute ordinaire et qui manque à l'ABX. Il faut donc se repasser le film de la façon dont l'écoute ordinaire s'est déroulée. Qu'est-ce qui a été écouté ? Est-ce que le choix musical a été important ?
Combien de temps chaque appareil a-t-il été écouté ? Les différences ont-elles été perçues dès le début, au bout d'un certain temps qu'il est possible de définir, progressivement au cours de l'écoute de chaque appareil, ou progressivement après plusieurs va et vient entre plusieurs appareils ?
Il s'agira ensuite de respecter ces données dans un ABX, afin de reproduire les conditions d'écoute à l'identique.
La première différence sera l'introduction du X en plus du A et du B. Comme il semble possible d'analyser en non aveugle jusqu'à quatre amplis, il devrait suffire de faire comme si A, B et X étaient trois amplis différents, et de les caractériser comme tels. On verra bien si de ces "trois" amplis, l'un se distingue des deux autres (si c'est A ou B, c'est très bien, si c'est X qui paraît différent, c'est encore plus intéressant !).
Le premier problème sera certainement la répétition du test. Rien ne prouve qu'une analyse en non aveugle puisse être répétée avec autant de discrimination dans la même journée, par les mêmes auditeurs. C'est un peu comme si on leur demandait d'analyser six amplis (A1, B1, X1, A2, B2, X2) à la suite. Ce qui peut commencer à se révéler difficile, même en non aveugle. Quand à faire 15 essais, c'est un peu comme demander de comparer 45 amplis entre eux.
On peut parallèlement se poser la question de savoir ce qui manque à l'écoute ordinaire et qui est présent en ABX. Cela peut se révéler matériellement plus contraignant et peut jouer sur la durée des écoute, ce qui perturberait notre démarche, car on veut partir de l'écoute ordinaire, en respectant sa durée et ses conditions, et n'y ajouter que des éléments propres à la comparaison ABX.
Ces éléments seront d'une part l'alignement des niveaux, malheureusement très difficile, sans compter qu'il faut aligner simultanément volume et balance, comme nous l'avons constaté dans l'ABX d'amplis casque, où la balance n'était pas systématiquement bien au centre par défaut.
D'autre part la mise en double aveugle, et pas seulement simple. L'idée est d'éliminer ce qu'on appelle l'effet "clever Hans", du nom du cheval qui savait compter. On a découvert que ce cheval était capable de déceler le moindre changement d'attitude, de tension dans les muscles du visage ou d'intensité dans le regard de son maître, et de s'arrêter de frapper du sabot au moment où son maître s'y attendait, sans que celui-ci ne lui fasse le moindre signe. Le psy qui a étudié ce cas a appris lui-même à reconnaître ces signes. Puis il a tenté sans succès de les cacher à autrui. Il n'a jamais pu contrôler l'ensemble de son attitude à tel point que plus aucun signe n'était décelable.
Or, ce qu'un cheval peut faire, un auditeur peut le faire aussi.
Les solutions sont les suivantes : cacher l'opérateur à la vue de l'auditeur, ou utiliser un switch ABX. Rien de bien contraignant, donc. On conseille souvent que l'opérateur ne soit pas présent. C'est plus sûr, mais un peu excessif et peut nous gêner dans notre démarche. Tant qu'il est hors de vue, et qu'il contrôle chaque bruit qu'il fait, cela ne pose pas de problème.
Enfin, il serait utile de formaliser les commentaires subjectifs de façon stricte. Il n'est pas clair du tout par exemple que l'adjectif "chaud" soit équivalent à "mou", ou encore à "sombre", ni même qu'on puisse le corréler avec un "manque de dynamique" exprimé par un autre auditeur. Le risque d'inventer des corrélations qui n'existe pas est important.
Je n'ai pour l'instant pas trop d'idées pour avancer sur ce point. Imposer une grille de qualificatif à chaque auditeur risque de perturber l'écoute, ou même d'empècher les auditeurs d'exprimer ce qu'ils entendent en ne proposant aucun qualificatif qui leur convienne.
Je pense à un petit détail qu'il est utile de rappeler : il faut que ce soit l'auditeur qui ait la télécommande du lecteur de CD afin d'écarter le risque que suite à une préférence subjective, ou à une simple dissymétrie ne se basant sur aucune préférence, l'opérateur, s'il n'utilise pas de switch ABX, ne laisse tourner inconsciemment l'extrait plus longtemps sur un ampli que sur l'autre.